Réconciliation inter-palestinienne : Les Palestiniens placent leur confiance en L’Algérie
Le mouvement palestinien de résistance Hamas – qui administre la bande de Ghaza depuis 2007 – compte vraisemblablement beaucoup sur l’Algérie pour provoquer une dynamique de réconciliation entre les différentes factions palestiniennes.
Hamas attend beaucoup autant du président Abdelmadjid Tebboune que de la classe politique algérienne. Cette attente a été clairement exprimée hier par le représentant en Algérie du mouvement palestinien Mohamed Othman qui s’est tour à tour entretenu avec les responsables des partis Jil El Jadid et la Voix du Peuple. La formation dirigée par Djilali Sofiane a indiqué, dans un communiqué rendu public au terme de la rencontre, que les deux parties ont discuté de la situation politique et humanitaire à Ghaza après la récente agression israélienne et des moyens de soutenir la cause palestinienne et l’unité du peuple palestinien.
Le choix de Hamas de miser sur l’Algérie alors qu’habituellement il a tendance beaucoup plus à se tourner vers les monarchies du Golfe et particulièrement vers le Qatar n’est pas difficile à comprendre. L’Algérie a toujours affiché une constance à l’égard de la cause palestinienne et ne fait pas de distinction entre les différentes factions palestiniennes. Alger a toujours considéré ces dernières comme des mouvements de résistance ayant un même but. La création d’une Etat palestinien indépendant et souverain sur les frontières de la ligne verte. L’Algérie qui s’apprête par ailleurs à accueillir le Sommet arabe veut mettre à profit cet événement pour renforcer l’unité arabe et consolider le consensus dans le monde arabe autour de la cause palestinienne. Afin d’y parvenir, le président Tebboune a compris que le succès d’une telle entreprise dépend inévitablement de la capacité des Palestiniens à se réconcilier. Le camp palestinien ne parle plus d’une seule voix depuis des décennies. Il est marqué par de profondes et parfois de sanglantes rivalités qui ont fait le jeu de l’occupant sioniste et des autres ennemis de la cause palestinienne. Cette rivalité oppose surtout le mouvement Hamas au Fatah dirigé par Mahmoud Abbas.
En invitant le 5 juillet dernier Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh à assister à la cérémonie de la célébration du 60e anniversaire de l’Indépendance, le président Abdelmadjid Tebboune avait à l’idée justement de briser la glace entre les chefs des deux plus importantes factions palestiniennes afin de rendre possible une réconciliation dans les territoires palestiniens occupés à laquelle tous les Palestiniens appellent de leurs vœux. Il faut dire que le président Tebboune qui cherchait depuis plusieurs mois à rapprocher les deux factions palestiniennes rivales a réussi à marquer des points puisque le président palestinien et le leader du Hamas se sont entretenus. Une première depuis six ans.
Le Président Abdelmadjid Tebboune “a réussi à réunir” le président palestinien et leader du Fatah, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, avait d’ailleurs écrit le quotidien palestinien Al-Quds, qui a publié les photos de cette rencontre, qualifiée d’historique entre les deux hommes. Il s’agissait, en effet, de la première rencontre depuis plusieurs années entre les leaders des deux mouvements palestiniens rivaux. La dernière avait eu lieu en 2016 au Qatar. Les relations entre le Fatah et le Hamas se sont largement distendues depuis le conflit fratricide qui les a opposés en 2007 et qui avait conduit le Hamas à prendre le contrôle, en solo, de la bande de Ghaza.
L’initiative de l’Algérie a été accueillie favorablement un peu partout dans le monde, y compris dans les arcanes de l’ONU. C’est ainsi qu’au cours du débat du Conseil de sécurité de l’ONU, tenu le 27 juillet dernier et consacré à la situation au Moyen-Orient, particulièrement à la question palestinienne, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont ainsi largement souligné et hautement apprécié les efforts déployés par l’Algérie pour la réconciliation palestinienne. A cet égard, le président du Conseil de sécurité ainsi que plusieurs autres pays ont appelé la communauté internationale à soutenir tous les efforts déployés en vue de faire aboutir la réconciliation inter-palestinienne, relevant l’importance que représente la réconciliation pour la relance du processus politique visant à parvenir à une solution juste et durable à cette question.
Dans son intervention, l’Ambassadeur de l’Algérie à l’ONU, Nadir Larbaoui, avait estimé que l’option politique et pacifique est la seule voie pour résoudre la question palestinienne. Le diplomate algérien a souligné que l’Algérie s’est efforcée d’unifier les rangs palestiniens en accueillant le dialogue national palestinien pour discuter de tout ce qui renforcerait l’unité du front intérieur palestinien et l’adhésion à toutes les résolutions pertinentes et à la légalité internationale, permettant aux frères palestiniens d’être pleinement préparés à s’engager dans toute voie de négociation future de manière unifiée. Ce sont justement tous les efforts déployés par le président Tebboune en faveur de la cause palestinienne qui font que l’Algérie est perçue aujourd’hui comme un acteur crédible par tous les Palestiniens sans exception.
Khider Larbi