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Kenya : Les résultats de la présidentielle contestés 

Le candidat malheureux à la présidentielle Raila Odinga a qualifié hier de  « parodie » le résultat du scrutin annoncé la veille au Kenya par le chef de la Commission électorale et donnant son rival William Ruto vainqueur. « Ce à quoi nous avons assisté hier est une parodie et un mépris évident de la constitution », a affirmé M. Odinga, vétéran de la politique kényane soutenu par le pouvoir sortant, qui a perdu face à M. Ruto d’environ 230.000 voix lors de l’élection du 9 août. Il a affirmé qu’il poursuivrait « toutes les options légales » possibles pour contester les résultats qui ont donné son rival William Ruto vainqueur sur le fil. « Nous poursuivrons toutes les options légales et constitutionnelles à notre disposition. Nous le ferons au regard des nombreuses failles dans les élections », a-t-il déclaré, dans sa première allocution depuis l’annonce la veille des résultats.  Les Kenyans se demandaient déjà hier matin quelle tournure allaient prendre les évènements au lendemain de l’annonce de la victoire de William Ruto à la présidentielle, qui a déclenché lundi soir des manifestations violentes mais localisées. Six jours après l’élection du 9 août, marqués par le calme malgré une impatience grandissante, le vice-président sortant Ruto a été déclaré vainqueur avec 50,49% des voix contre 48,85% pour son principal rival, Raila Odinga, par une Commission électorale secouée de divisions internes. « C’est Ruto! », affirmait mardi matin le quotidien People Daily, tandis que le Standard titrait « Ruto le 5e », le leader kalenjin devenant le cinquième président depuis l’indépendance en 1963. Tous les yeux sont maintenant tournés vers Odinga, vétéran de l’opposition désormais soutenu par le pouvoir, qui, à 77 ans, concourait pour la cinquième fois. Ses partisans ont laissé éclater leur  déception après l’annonce. Des manifestations ont secoué lundi soir plusieurs quartiers populaires de   Nairobi, comme Mathare et Kibera, des bastions du vieux leader. Le calme y  était revenu hier matin, mais les rues restaient souvent vides et les boutiques fermées.      A Kisumu (ouest), autre bastion d’Odinga, la colère a pris la forme de barricades, des magasins ont été pillés et la police a usé de gaz lacrymogènes   pour disperser la foule. De même, le calme était revenu mardi, vendeurs de rue et motos-taxis reprenant leur activité malgré les décombres jonchant certaines artères. Ruto, 55 ans, qui tenait dans cette élection le rôle de challenger, a   assuré qu’il travaillerait avec « tous les leaders » politiques, promettant un pays « transparent, ouvert et démocratique ». La campagne a notamment été dominée par la flambée du coût de la vie, la   locomotive économique d’Afrique de l’Est étant durement touchée par les effets   de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Ruto avait fait du pouvoir d’achat son cheval de bataille, promettant des   emplois quand trois personnes sur dix vivent dans l’extrême pauvreté. Plusieurs pays voisins, dont l’Ethiopie et la Somalie, ont félicité le président élu de ce pays considéré comme un poids-lourd démocratique régional, bien que son histoire ait été plusieurs fois marquée par des contestations et   des violences post-électorales. « Nous sommes impatients de continuer à travailler aux côtés de nos frères   et soeurs au Kenya, pour renforcer nos liens historiquement forts », a déclaré   la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, en lançant : « Tuko Pamoja » – « Nous sommes ensemble » en swahili, la langue commune aux deux pays.  De son côté, l’ambassade des Etats-Unis au Kenya a félicité « le peuple kényan » pour le déroulé de ces élections où 22,1 millions d’électeurs devaient   également choisir leurs parlementaires et leurs élus locaux.

K.L. et agences 

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