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Un Plan quinquennal de coopération stratégique globale à l’horizon 2026 / Alger-Pékin : l’entente stratégique

Alger et Pékin viennent de conclure un « Plan quinquennal de coopération stratégique globale 2022-2026 ». Une décision qui n’est pas du tout une surprise surtout lorsque l’on sait qu’Alger et Pékin ont pratiquement la même approche des relations internationales et de ce que doit être la gouvernance du monde.

Depuis leur établissement en 1958 au plus fort de la Guerre de libération nationale, les relations algéro-chinoises n’ont pratiquement jamais connu de nuages. Ce qui est un cas extrêmement rare dans l’histoire des relations internationales. D’un simple partenariat, la relation algéro-chinoise a même évolué au fil du temps en un partenariat stratégique. La tendance devrait se poursuivre pendant longtemps encore puisque Alger et Pékin viennent de conclure un « Plan quinquennal de coopération stratégique globale 2022-2026 ». L’annonce a été faite conjointement par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et le membre du Bureau politique du Parti communiste chinois, conseiller d’Etat et ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, Wang Yi.

Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger précise dans un communiqué rendu public, hier, que ce plan est « le deuxième du genre à être signé entre les deux pays dans le domaine de la coopération stratégique globale depuis l’établissement des relations de partenariat stratégique global entre l’Algérie et la Chine ». Selon la même source, celui-ci vise « la poursuite de l’intensification des contacts et de la coopération entre l’Algérie et la Chine dans tous les domaines, dont l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, les sciences et technologies, l’espace, la santé et la culture, outre le renforcement de l’harmonisation des stratégies de développement entre les deux pays ». Les deux pays, ajoute-t-on, comptent saisir l’opportunité de la mise en œuvre de ce plan quinquennal pour « approfondir leur coopération pratique dans tous les domaines, au service de la consolidation des relations de partenariat stratégique global entre les deux pays et au bénéfice des deux pays et peuple amis ».

La décision des deux pays de reconduire dans presque les mêmes termes leur plan de coopération stratégique globale n’est pas du tout une surprise surtout lorsque l’on sait qu’Alger et Pékin ont pratiquement la même approche des relations internationales et de ce que doit être la gouvernance du monde. Les deux pays militent depuis les années 1970 en faveur notamment d’un monde multipolaire débarrassé des hégémonies.

Dès lors, il n’a pas été surprenant de voir le président chinois Xi Jinping apporter récemment son plein soutien au président Abdelmadjid Tebboune lorsque celui-ci avait prôné, lors du sommet des BRICS abrité en juin dernier par Pékin auquel il avait été invité, la nécessité de mettre en place « un nouvel ordre économique mondial garantissant l’égalité et l’équité entre les Etats » eu égard à la conjoncture extrêmement difficile que traverse actuellement le monde. «Les tensions et les soubresauts qui secouent les relations internationales aujourd’hui nous interpellent tous. Cela non seulement au vu du volume de la gouvernance mondiale et des défis de l’heure, qui se posent aux efforts visant à instaurer la paix, mettre fin aux conflits et impulser la roue du développement, mais aussi pour les dangers de la polarisation qui augure d’un changement des rapports de force sur la scène internationale et présage les contours du nouvel ordre mondial», avait souligné le Président Tebboune.

Un nouvel ordre économique mondial plus juste

Les «expériences passées nous ont clairement montré que le déséquilibre enregistré sur la scène internationale et la marginalisation des pays émergents au sein des différentes instances mondiales de gouvernance constituaient une source d’instabilité, de manque d’équité et d’absence de développement», avait déploré M. Tebboune. «Ces tiraillements nous font rappeler et font remonter à la surface la thèse avancée par l’Algérie, il y a près de 50 ans, sur l’impératif de veiller à l’instauration d’un nouvel ordre économique où régneront parité et équité entre pays», avait-il insisté. L’Algérie, avait assuré le président Tebboune, «confirme la poursuite de sa lutte pour faire primer ces principes importants et atteindre ses nobles objectifs vers l’instauration d’un nouvel ordre mondial incluant notre sécurité collective partant de la stabilité et de la prospérité de tout un chacun».

La radiographie de l’état du monde faite par le président Abdelmadjid Tebboune est pour ainsi partagée par les tous les membres des BRICS, une organisation à laquelle l’Algérie veut officiellement adhérer. L’envoyée spéciale chargée des grands partenariats internationaux au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Leila Zerrouki, a d’ailleurs annoncé mardi que « l’Algérie a déposé une candidature officielle pour rejoindre le groupe BRICS ». « Nous avons eu l’opportunité de participer au dernier sommet des BRICS en Chine, auquel le président algérien était invité », a expliqué Zerrouki, ajoutant que l’événement «est sorti avec enthousiasme pour l’inclusion d’autres pays dans le groupe ».  Le premier pays à avoir soutenu l’adhésion de l’Algérie est la Chine. Ce soutien n’a pas du tout étonné ceux qui connaissent l’histoire des relations algéro-chinoises. Pourquoi ? La Chine est en quelque sorte redevable vis-à-vis de l’Algérie. A ce jour, les autorités chinoises n’oublient pas en effet que c’est en grande partie grâce à l’Algérie et à son intense lobbying que la Chine a pu accéder en 1971 au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre permanent. Reconnaissante, la chine n’a pratiquement posé aucune limite à sa coopération avec l’Algérie tant une grande confiance s’est instaurée entre les deux pays. De son côté, il faut dire aussi que l’Algérie n’a jamais cessé de défendre le principe de la Chine unique sacré pour Pékin. L’Algérie et la Chine, c’est aussi l’histoire de deux pays pauvres qui se sont libérés les armes à la main et qui ont consenti d’immenses sacrifices pour se faire une place dans un monde comparable à une jungle. Tout les rapproche. Ce sont tous ces éléments qui font qu’aujourd’hui la relation algéro-chinoise est si particulière.     

Khider Larbi

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