Le Général d’Armée Saïd Chanegriha a reçu hier le directeur de la société serbe Jugoimport / ANP : Des partenariats diversifiés
Le général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a reçu hier à Alger le directeur de la société serbe Jugoimport, Jugoslav Petkovic.
Lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part des officiers généraux du ministère de la Défense nationale et de l’État-major de l’Armée nationale populaire, ainsi que les membres de la délégation serbe, les deux parties « ont tenu des discussions sur l’état d’avancement de la coopération militaire entre les deux pays et examiné les voies et les moyens de sa consolidation pour atteindre le niveau escompté», a indiqué le ministère de la Défense nationale dans un communiqué.
La société Jugoimport ou Yugoimport–SDPR dont le siège se trouve plus précisément à Belgrade est un fabricant d’armes appartenant à l’État serbe ainsi qu’une société intermédiaire pour l’importation et l’exportation d’équipements liés à la défense. La société travaille en coopération avec l’Institut technique militaire serbe pour développer une large gamme d’armes, allant des systèmes d’artillerie et des véhicules blindés aux avions d’entraînement.
La venue à Alger de Jugoslav Petkovic peut laisser penser que l’ANP est intéressée par l’acquisition de certains produits de Jugoimport dont le rapport qualité-performances-prix est l’un des plus intéressants au monde. Les produits phares récents de l’entreprise incluent l’obusier automoteur Nora B-52 de 155 mm, les véhicules blindés polyvalents Lazar et Miloš, l’avion d’entraînement léger Lasta 95, le drone Pegaz et le patrouilleur fluvial Premax 39. La fabrication est organisée à travers les filiales Borbeni složeni sistemi (Systèmes de combat complexes) qui fabrique des systèmes d’artillerie et des véhicules blindés, Utva Aviation Industry qui produit des avions d’entraînement militaires et des drones, Belom spécialisée dans les munitions de petit calibre et Jugoimport livnice qui se distingue par la production de composants métalliques pour les systèmes d’artillerie et les véhicules blindés.
Ce n’est pas la première fois que l’ANP s’équipe en matériels militaires de fabrication serbe. En 2011, l’Algérie a importé pour l’équivalent de 288 millions de dollars d’armes de ce pays. Au-delà des aspects financiers et techniques, le choix de la Serbie par les Algériens peut s’expliquer par le fait que les relations entre les deux pays sont très anciennes. Elles remontent à 1962 et même avant, du temps de la Yougoslavie. Il y a donc un facteur confiance qui entre en ligne de compte.
Une relation vieille de 60 ans
Le Général d’Armée Saïd Chanegriha s’est déjà d’ailleurs rendu à Belgrade en octobre 2021 pour y rencontrer des responsables du ministère serbe de la défense. Il s’était notamment entretenu avec Nenad Miloradovic, assistant du ministre de la Défense serbe pour les Ressources matérielles, où ils ont passé en revue les moyens de développement du partenariat entre les armées des deux pays, avant de visiter les stands de l’Exposition internationale de l’Armement «Partner-2021».Le Général de corps d’Armée s’était rendu également à un établissement de fabrication de véhicules blindés et d’artillerie relevant de Yugoimport, où il a visité ses différents ateliers et s’est enquis de l’ensemble des phases de production. Le Général d’Armée Saïd Chanegriha a mis à profit sa visite pour tenir une séance de travail avec le Président-directeur général du Groupe. Il avait souligné que « le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire accorde tout l’intérêt nécessaire à la coopération avec les Forces armées serbes, à l’effet de la porter, aussi bien sur le plan qualitatif que quantitatif, à un niveau d’excellence, basé sur la confiance et le respect mutuel».
Au-delà, l’intérêt pour les équipements militaires serbes confirme le choix de l’ANP de diversifier ses fournisseurs. La Russie n’est plus son fournisseur exclusif comme cela a pu être le cas par le passé. Ces dernières années, l’Algérie s’est équipée auprès de pays faisant partie autant de l’ancien bloc de l’est que de pays occidentaux. La remarque est valable pour les avions transporteurs de troupes, les frégates et les hélicoptères. Les pays asiatiques ont réussi également à grignoter des parts dans le marché algérien de la défense. Les acquisitions algériennes se font en fonction des besoins de l’ANP et pas sur des bases idéologiques.
A titre d’exemple, l’ANP a réceptionné au début de l’année son premier avion de transport des troupes C-130J « Super Hercules » américain sorti d’une usine en Caroline du Sud. L’appareil livré fait partie d’une commande algérienne faite en 2018 auprès de la compagnie américaine Lockheed Martin portant sur la livraison de quatre avions de ce type avec une option pour quatre autres. Pour rappel, le contrat de livraison des C-130J était en négociation depuis plus de six ans. Il a fait même l’objet d’examen au niveau du Congrès américain qui a validé ensuite la vente d’équipements sensibles inclus dans l’appareil. Cette livraison était très attendue par l’armée de l’air algérienne qui renouvelle actuellement sa flotte d’avions cargos. L’Armée algérienne qui dispose déjà de quelques avions de transport des troupes de type «Hercules», est devenue, avec cette acquisition, le troisième client africain du C-130J super Hercule après l’Egypte et la Tunisie.
Khider Larbi