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Forum de haut niveau Rome-Med : La Méditerranée face la multiplication des scénarios de crises 

La 8e édition du Forum de haut niveau pour le dialogue en Méditerranée (Rome MED), dont les travaux se sont tenus vendredi dans la capitale italienne, a été l’occasion pour les pays riverains du bassin méditerranéen mais également pour des représentants de nations du Sahel et du Proche-Orient de partager leurs réflexions sur les défis et les risques qui se posent à la région au lendemain du déclenchement de la guerre en Ukraine. Et il ressort des débats que les défis et les risques sont nombreux.

Pour le président de la République italienne, Sergio Mattarella, il ne fait pas l’ombre d’un doute : La Méditerranée est « encore une fois à la croisée des chemins». La raison tient au fait que la guerre en Ukraine a pour conséquence de plonger toute la région dans l’incertitude. « Le retour de la guerre sur le continent européen a exacerbé, même dans la zone méditerranéenne, des problèmes déjà existants auxquels se sont ajoutés de nouveaux : une plus grande pauvreté, une insécurité alimentaire et une raréfaction des ressources énergétiques», a-t-il déclaré à la l’ouverture des travaux du Forum Rome-Med. M. Mattarella s’est également attardé sur la problématique des migrations qui a tendance à s’aggraver. Et la solution passe, selon lui, « par une gestion commune et prévoyante des flux migratoires qui épuisent les pays d’origine en énergie utile au développement de leurs communautés ». Il s’agit, a ajouté le chef de l’Etat italien, d’«un enjeu décisif et global (…) que nous devons, dans une logique d’intérêt commun, s’engager à gérer».

Le président italien a insisté également sur l’idée que le conflit en Europe «a généré une crise d’approvisionnement alimentaire » qui « afflige les pays de la rive sud de la Méditerranée et qui, tout en obligeant à trouver des solutions urgentes, nous pousse ensemble à poursuivre sur la voie de la promotion de systèmes agroalimentaires durables, capables de produire de la richesse pour les populations au profit des filières locales et de contribuer à la sauvegarde des écosystèmes». Pour Sergio Mattarella, « c’est un défi global qui, dans l’espace méditerranéen élargi, risque d’accentuer les problèmes existants et de propager l’instabilité et l’insécurité». «Aujourd’hui, dans le respect de nos différences culturelles et politiques, la multiplication des scénarios de crises doit en effet nous pousser à approfondir et étendre notre collaboration pour faire face, comme cela s’est produit par le passé, aux défis qui nous attendent», a-t-il ajouté. Pour affronter tous ces risques, Sergio Mattarella a plaidé en faveur de « la consolidation du système multilatéral et le rendre plus démocratique ». « Il faut se référer à l’égalité entre les Etats, en évitant la polarisation au niveau international et une exaspération de la diversité, qui existe certes, qu’un dialogue efficace peut contribuer à réduire », a-t-il insisté.

Un rôle central pour l’Algérie

Invité à la rencontre, le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a affirmé quant à lui que «l’Algérie joue un rôle central, un rôle de puissance médiane qui travaille au développement de la région méditerranéenne (…) et pour que cette Méditerranée (…) soit véritablement l’un des pôles de la construction et de la reconstruction du monde de demain ». L’Algérie travaille également, a poursuivi le chef de la diplomatie, « à faire en sorte qu’il y ait des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique et des solutions arabes aux problèmes du monde arabe » au moment où, a-t-il souligné, « le monde a atteint un certain niveau de développement et d’interconnexion, ce qui a produit une mondialisation imparfaite et incomplète».

Néanmoins, a ajouté M. Lamamra, « ce monde là indiquait la voie à suivre, celle du plein épanouissement des principes et buts de la charte des Nations unies qui demandent à être appliqués partout y compris lorsque nous parlons du phénomène de l’annexion d’un territoire par la force qui est dans l’actualité en veillant à ce que ce principe cardinal des Nations unies s’applique partout à travers le monde notamment au Moyen-Orient et en Afrique ». L’allusion est faite ici à la question palestinienne, au conflit du Sahara Occidental et à la politique des deux poids et deux mesures dans l’application des résolutions de l’ONU.

Le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale a souligné dans ce contexte, que « si on n’arrive pas à appliquer un tel principe cardinal à des situations qui perdurent depuis des dizaines d’années, il se pose alors le problème de la crédibilité de la revendication de ce principe pour les zones du monde où il se pose avec acuité accompagné notamment d’un conflit armé particulièrement dévastateur». «Nous souhaitons que cette Méditerranée qui est notre mère commune avec ses principes et ses idéaux, puisse nous amener ensemble à jouer un rôle (pour) la réorganisation du monde de demain», a-t-il soutenu.

Khider Larbi   

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