1,8 milliards de dollars de transferts financiers de migrants vers l’Algérie : Diaspora : un potentiel sous exploité !
Dominé par les canaux informels, les transferts financiers des migrants vers l’Algérie demeurent limités, du moins ceux qui sont comptabilisés par les organismes internationaux, et peinent à peser sur le compte courant et sur le Produit intérieur brut. Contrairement à d’autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, l’Égypte en tête où la diaspora contribue à plus de 37% du PIB grâce aux transferts financiers, les transferts des migrants algériens ne pèse que pour 1% du PIB. C’est ce qui ressort du dernier rapport de la Banque mondiale sur l’évolution des transferts des migrants en 2022. En effet, selon les estimations de la dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les transferts des migrants vers l’Algérie devrait atteindre 1,8 milliards de dollars à la fin de l’année en cours ne contribuant ainsi que pour 1% du PIB. L’Algérie se classe ainsi en bas du tableau en la matière loin dernière du champion des transferts financiers des migrants lesquels contribuent de manière significative au dynamisme économique. L’Égypte devrait ainsi recevoir plus de 32 milliards de dollars de transferts cette année et peser pour plus de 37% du PIB. Les transferts financiers représentent ainsi en Égypte le principal poste de flux de capitaux très loin devant les investissements directs étrangers (IDE) et contribuent à irriguer l’économie égyptienne dans ce contexte de crise. Cela démontre tout le potentiel des transferts des migrants qui reste largement sous-exploité chez nous. L’absence de canaux adaptés y sont pour beaucoup, de même que la prédominance de l’informel dans la nature des échanges. Un recours à l’informel souvent encouragé par le coût exorbitant des transferts dans les circuits officiels. Dans ce sens, si la Banque mondiale fait le constat d’une légère baisse des coûts des transferts dans la région MENA, les graphiques présentés démontrent clairement une nette augmentation de ces coûts en direction de l’Algérie. Ainsi et concernant le coût des transferts des migrants de France, pays où est établi l’essentiel de notre communauté, vers l’Algérie le graphique fait ressortir une hausse des coût d’environ 9% au 2e trimestre 2021 à plus de 12% une année plus tard. Ce qui souligne l’urgence de la création des canaux bancaires et financiers mieux adaptés pour répondre aux besoins de la diaspora en la matière afin de garantir des transferts sécurisés et peu coûteux, ainsi que de mieux les valoriser au bénéfice de l’économie nationale. C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics réfléchissent au projet de création d’une filiale de la Banque extérieure d’Algérie en France.
Sur une note plus globale, notons que le rapport de la Banque mondiale souligne que les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire ont résisté aux turbulences mondiales en 2022. Leur montant total « est estimé à 626 milliards de dollars, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année dernière. Il s’agit toutefois d’un net recul par rapport à la hausse de 10,2 % enregistrée en 2021, comme le souligne », ajoute-elle. En ce qui concerne les perspectives régionales, la Banque mondiale anticipe en 2023 une croissance modérée de 4,7 % des transferts compte tenu de perspectives économiques plus défavorables. Les pays en développement de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord devraient ainsi recevoir 63 milliards de dollars de remises migratoires en 2022, soit une progression de 2,5 % contre 10,5 % en 2021. « Ce ralentissement est en partie lié à l’érosion des salaires réels dans la zone euro, même si la demande d’envois de fonds dans les pays d’origine a augmenté dans un contexte de détérioration des conditions de vie, notamment la sécheresse au Maghreb et les prix élevés du blé importé », indique la note. En ce qui concerne le coût d’envoi de fonds, la BM indique que pour 200 dollarsenvoyés vers la région, le coût a été réduit à
moyenne de 6,4 % au quatrième trimestre 2021, contre 6,6 % un an plus tôt.
Hocine Fadheli