Corruption au Parlement européen : Le Maroc au banc des accusés
Le Maroc est pointé du doigt dans le scandale de corruption qui secoue depuis quelques jours le Parlement Européen.
Voilà une affaire qui porte un coup à l’essence des résolutions du Parlement européen, notamment lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur certaines questions internationales. Le scandale de corruption qui a fait tomber la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, connaît un nouveau rebondissement. L’enquête qui commence à s’élargir mène aujourd’hui vers les réseaux de corruption établis par le Makhzen. La propension du régime marocain à ne reculer devant aucune méthode criminelle, que ce soit l’espionnage, le trafic de drogue ou la corruption, dans son projet expansionniste et ses visées belliqueuses vient donc d’être démontrée une nouvelle fois. Les médias belges néerlandophones, De Morgen et De Standaard, ont révélé ce scandale hier. Se basant sur un rapport des services de renseignement datant d’il y a plusieurs mois, selon le Standaard, ainsi que les récentes demandes de remise de suspects adressées à l’Italie par la justice belge, les deux quotidiens ont cité nommément l’implication de l’ambassadeur du Maroc actuellement en poste en Pologne, Abderrahim Atmoun, dans la corruption d’un eurodéputé. Selon les médias belges, l’enquête pour corruption qui vise cinq eurodéputés, dont le belge Tarabella mène aussi à un ex-eurodéputé italien au centre des soupçons.
Ces médias indiquent ainsi que des discussions téléphoniques avec l’épouse et la fille de l’ex-eurodéputé, lequel était d’ailleurs président de la commission Union européenne-Maroc, démontrent l’existence de « cadeaux » reçus de la part du diplomate marocain, actuellement ambassadeur en Pologne.
Selon les mêmes sources, la femme et la fille de cet ancien eurodéputé sont suspectées d’avoir bénéficié directement de l’argent touché par Pier Antonio Panzeri au vu des messages échangés entre eux et des écoutes téléphoniques opérées par la police. Sa femme emploie notamment le mot français « combine » pour parler des activités de son mari, rapporte pour sa part Politico. Plus de 500 000 euros ont été retrouvés au domicile bruxellois de Pier Antonio Panzeri. Ces cadeaux viendraient d’une personne surnommée « le géant », qui ne serait autre que l’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, selon les deux médias. Les deux hommes sont liés comme le montrent certains de leurs posts sur le réseau social Facebook et se sont rencontrés en 2013. Il est vrai que ce n’est pas la première fois que le Maroc est au cœur d’un scandale lié à la corruption de diplomates et de responsables politiques de différents pays. Un outil que le régime marocain a d’ailleurs utilisé pour essayer en vain d’inciter le Pérou à rompre ses relations avec le Sahara occidental. Un outil que le régime du Makhzen utilise massivement pour inciter certains pays africains à ouvrir des représentations diplomatiques dans la ville occupée de Dakhla.
Lobbying, influence politique et ingérences
Il est utile de rappeler dans ce contexte que le Secrétaire général de la Plate-forme internationale des juristes pour le Timor oriental (IPJET), Pedro Pinto Leite, avait dénoncé, il y a quelques mois, ces pratiques.
Il a d’ailleurs souligné que si le Sahara occidental n’est toujours pas un Etat souverain comme l’est aujourd’hui le Timor oriental, « c’est à cause de la corruption et du chantage que le Maroc pratique sur les politiques européens, comme en France ou en Espagne ».
Il est vrai que cette nouvelle affaire de corruption jette le discrédit et met en doute l’essence des résolutions prises par le Parlement européen, notamment en ce qui concerne les questions internationales. Elle met également aux devants de la scène le lobbying au sein du Parlement européen et ses objectifs. Il faut dire qu’il existe un millier de lobbies actifs au sein du Parlement européen. Cette affaire alimente des interrogations légitimes sur le lobbying, ses méthodes qu’elles soient légales ou illicites, et leur rôle pour influencer les résolutions et les débats du Parlement européen, d’autant que ce dernier a été plusieurs fois pris en défaut d’ingérence dans les affaires internes de pays non européens. L’Algérie a d’ailleurs été la cible de diverses campagnes de dénigrement menées par le PE. Cette affaire permet de comprendre le poids du lobbying et de la corruption dans ce genre de cas.
Chokri Hafed