L’Algérie « ne soutient pas » le plafonnement des prix : Une menace pour les marchés gaziers
L’Algérie ne soutient pas le plafonnement des prix du gaz par l’Union européenne. Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a plaidé, hier, pour un « marché libre », et ce, pour garantir « la continuité des investissements à la source ».
« Nous voulons être dans un marché énergétique libre, pour ce qui est des prix et des approvisionnements », a déclaré, hier, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, lors d’une conférence de presse animée en marge de la quatrième édition de la Journée algéro-allemande de l’énergie qui s’est tenue à Alger. Des propos tenus en réaction à la décision prise par les pays de l’Union européenne, et actée lundi, de plafonner les prix du gaz sur le marché européen. Tout en rappelant qu’ « il y a une complète entente » entre l’Algérie, qui est « un fournisseur en produits énergétiques et surtout gaz sur et fiable pour les partenaires étrangers », a-t-il précisé, et ses partenaires européens par rapport aux prix sur le long terme, Arkab a affirmé que l’Algérie « ne soutient pas un plafonnement du prix du gaz ». « Le marché de l’énergie doit être libre pour la poursuite des investissements à la source », a-t-il encore ajouté, mettant en exergue le risque que le plafonnement puisse « impacter directement ces investissements », qui sont « nécessaires pour l’augmentation de la production ». Pour Arkab, le plafonnement va pousser les partenaires « à ne pas maintenir le même rythme pour ce qui est des investissements ». La décision prise par les pays de l’Union européenne inquiète donc les responsables algériens, tout comme l’ensemble des pays producteurs de gaz, pour le risque que cela peut engendrer par rapport à la stabilité du marché et des investissements même si, pour ce qui est des prix, cela ne va nullement pas affecter de manière notable, l’Algérie étant globalement lié avec ses partenaires européens par des contrats de livraison sur le long terme.
Pour rappel, les ministres de l’énergie des 27 pays de l’UE se sont entendus lundi sur un mécanisme de plafonnement des prix du gaz, appelé « mécanisme de correction du marché », établi à 180 euros le mégawattheure (MWh), et qui sera mis en application à partir du 15 février 2023. Ainsi, le mécanisme est enclenché si deux conditions sont réunies, à savoir « le prix TTF (Title Transfer Facility) à un mois dépasse 180 euros/MWh pendant trois jours ouvrables » et « le prix TTF à un mois est supérieur de 35 euros au prix de référence du GNL sur les marchés mondiaux pendant les trois mêmes jours ouvrables ». Un prix qui n’est atteint ou dépassé que rarement comme c’était le cas durant l’été dernier. Depuis le début du mois de novembre, le prix moyen TTF est de 110 euros/MWh. A cet effet, les ministres de l’énergie des 27 pays de l’UE ont prévu « un mécanisme de suspension si des risques pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la stabilité financière, les flux de gaz intra-UE ou des risques d’augmentation de la demande de gaz sont identifiés », comme indiqué sur le site internet du Conseil européen. « Les États membres sont convenus que le mécanisme s’appliquerait aux instruments dérivés à échéance d’un mois, trois mois et un an. Il s’agit de la période pendant laquelle l’instrument peut être acheté à un certain prix avant son expiration. Le plafond ne s’appliquera pas aux transactions de gré à gré (dans lesquelles les participants négocient directement entre deux parties, sans cotation en bourse), aux échanges à échéance d’un jour et aux échanges intrajournaliers », ajoute-t-on encore. Autrement dit c’est un mécanisme qui s’appliquera au marché spot. Cependant, ce mécanisme constitue une véritable menace pour les marchés. Même si l’UE a mis en place des « garde-fous », il y a le risque que le marché soit déstabilisé. Il envoie surtout un signal négatif en ce qui concerne la rentabilité des investissements dans l’amont gazier. Ce qui menace les investissements et les perspectives de production et d’approvisionnement du marché gazier à terme. La Russie a, quant à elle, qualifié ce plafonnement d’ « inacceptable ». « C’est une violation du processus de marché pour la formation des prix », a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, selon plusieurs agences de presse.
Elyas Nour