Un institut pour la formation des Imams : Contrer l’extrémisme religieux dans le Sahel
Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmehdi, a évoqué la disposition de certains pays du Sahel de nouer un partenariat, sur le plan religieux, pour lutter contre le discours radical et l’extrémisme. Il a mis l’accent, à cet effet, sur le Niger qui a répondu favorablement à une proposition algérienne de créer dans ce pays un institut pour former les imams.
La lutte contre l’extrémisme religieux, notamment dans la région du Sahel miné par la montée de la menace terroriste, est aujourd’hui un enjeu majeur.
L’Algérie dispose d’une expérience considérable dans la lutte contre l’extrémisme religieux, notamment à travers sa démarche de préservation de son référent religieux. C’est dans ce cadre-là que le pays veut mettre son expertise à la disposition des nations de la région du Sahel, confronté à des problèmes sécuritaires important en raison, entre autres, du discours religieux extrémiste. C’est dans cette optique-là que l’Algérie a soumis au gouvernement du Niger une proposition relative à la création d’un institut pour la formation des imams, afin de « lutter contre la violence et l’extrémisme dans la région du Sahel », comme l’a révélé hier le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Youcef Belmehdi, sur les ondes de la chaîne 1 de la Radio nationale. Une proposition à laquelle le Niger a accordé son approbation, a-t-il indiqué, puisqu’il a même affecté un terrain pour son implantation, dans la localité d’Agadez, près de la frontière algérienne. L’institut « recevra des étudiants de tous les pays du Sahel, et des autres pays africains, afin de bénéficier d’un référent religieux basé sur la modération », a déclaré le ministre, qui a ajouté, qu’il serait possible qu’une succursale de cet institut soit ouverte dans la capitale du Niger, Niamey, et dans d’autres pays africains. D’ailleurs, Belmehdi a signalé qu’en collaboration avec la Ligue des oulémas, prêcheurs et imams des pays du Sahel (LOPIS), un guide destiné à l’imam a été confectionné dans l’objectif de lutter justement contre la violence et l’extrémisme religieux. Des efforts consentis, avec les organisations et gouvernements des pays de cette région, afin de freiner un tant soit peu les effets de ce phénomène. C’est pourquoi les autorités algériennes, comme l’a rappelé le ministre, misent beaucoup, dans ce cadre-là, sur les zaouias, citant comme exemple « Al Qadriya » et « Tidjania », que l’Algérie partage avec les pays du Sahel. « Nous partageons avec les pays du Sahel la même croyance, le même comportement et la même jurisprudence, en particulier les zaouïas qui ont pour origine l’Algérie, comme Al Qadriya et Tidjania », a-t-il indiqué, tenant, pour l’occasion à « saluer » leur rôle dans « le renforcement du référent religieux modéré dans le continent africain ». Belmehdi a ajouté, à cet effet, que l’Algérie a déjà reçu 55 candidatures de personnes des pays d’Afrique « depuis que le président de la République a pris, en recevant des chefs de zaouias africaines, la décision d’octroyer des bourses d’études pour les étudiants du continent ». Il est aussi question de la création, en Algérie, d’un « institut de protection du patrimoine et du manuscrit religieux au Sahel et en Afrique ». Un projet dans ce sens sera soumis au gouvernement « très prochainement », a-t-il ajouté. Dans le même ordre, le ministre des Affaires religieuses a rappelé certaines démarches entreprises afin de consolider ce référent modéré au niveau national. Il a cité, entre autres, la plate-forme dédiée notamment pour les Algériens de l’étranger, mais pour d’autres citoyens du monde aussi, pour traiter les questions religieuses. Un outil sur lequel, a-t-il indiqué, travaillent près de 200 personnes et qui a reçu des milliers de requêtes depuis son lancement. Il a également cité le « guide de l’imam en terre d’émigration » qui est censé les aider « à mieux s’intégrer dans les sociétés occidentales ». Au-delà de la lutte contre l’extrémisme, « il existe une volonté de modifier le mode de vie des sociétés », d’où l’importance, selon le ministre, de préserver ce référent religieux national modéré. Il a en dernier lieu évoqué l’autre rôle de la mosquée, qui est plutôt « sociétal », puisque celle-ci contribue à la lutte contre certains fléaux ou encore régler des problèmes entre personnes. Belmehdi a cité ainsi le règlement de 8.000 différents, l’année passée, relatifs entre autres à l’héritage, leur évitant donc d’atterrir dans les tribunaux.
Elyas Nour