La Banque d’Algérie publie la note de conjoncture pour le premier semestre 2022 : Les secteurs hors-hydrocarbures boostent la croissance
La croissance de l’économie nationale a connu une progression de 1,6% au premier semestre de l’année 2022 par rapport à la même période de l’année précédente, marquant la poursuite de la reprise de l’activité économique. Et c’est les secteurs hors-hydrocarbures qui ont rebondi plus rapidement a indiqué la Banque d’Algérie dans sa note de conjoncture pour le premier semestre 2022, faisant passer la croissance du PIB hors-hydrocarbure en volume de 1,0 % au premier trimestre 2021 à 2,9 % au cours de la même période de 2022. Ce sont les secteurs des services marchands, industrie et agriculture qui ont enregistré les taux les plus importants.
La Banque d’Algérie a d’emblé rappelé, dans sa note de conjoncture « tendances monétaires et financières du premier semestre 2022 » que « l’activité économique mondiale a ralenti au cours du premier semestre de l’année 2022 sous l’effet du conflit en Ukraine et du renforcement des pressions inflationnistes » et que les prix des produits de base « ont poursuivi la tendance haussière entamée en mai 2020 ». Néanmoins, en Algérie, « le solde global de la balance des paiements a enregistré un excédent appréciable au cours du premier semestre de l’année 2022 comparativement à la même période de l’année précédente où le solde était déficitaire ». Une évolution « favorable » qui s’explique par « l’excédent affiché du compte courant suite à la forte augmentation des exportations (hydrocarbures et hors-hydrocarbures) par rapport au premier semestre de l’année 2021 ». C’est ainsi que « la masse monétaire a enregistré au cours de la même période une hausse par rapport à la fin de l’année 2021, et ce en contexte de faible croissance du crédit, de hausse du crédit à l’État et des avoirs extérieurs nets ». Dans le même ordre, « à fin juin 2022, le solde global du Trésor s’est nettement amélioré et enregistre pour la première fois depuis fin 2014 un excédent », essentiellement dû « à la hausse des recettes budgétaires, notamment celles des hydrocarbures, conjuguée à la baisse des dépenses budgétaires ».
Une évolution « favorable » qui se conjugue à la poursuite, durant la même période, de la reprise de l’activité économique puisque cette dernière a atteint une croissance de 1,6 % par rapport à la même période de l’année 2021. Ceci, sachant que « hors hydrocarbures, les secteurs ont rebondi plus rapidement, ramenant la croissance du PIB hors-hydrocarbure en volume de 1,0 % au premier trimestre 2021 à 2,9 % au cours de la même période de 2022 », note encore la Banque d’Algérie qui précise que cette croissance économique au premier trimestre 2022 « s’est caractérisée par une baisse de la valeur ajoutée réelle du secteur des hydrocarbures (-2,3 %) contre une hausse de 7,3 % durant la même période de l’année précédente ». L’autre secteur qui a connu un ralentissement c’est celui du BTPH (y compris les services et travaux publics pétroliers) qui « a accusé un léger recul pour atteindre 3,1 % au premier trimestre 2022 contre une croissance de 4,2 % à la même période de l’année précédente ». A contrario, certains secteurs ont connu une progression importante. « Le premier secteur ayant contribué à la progression de l’activité économique et qui a enregistré une évolution remarquable au premier trimestre 2022, est celui des services marchands de 4,8 % par rapport à 0,4 % au premier trimestre 2021 », indique la BA. Le deuxième secteur est celui de l’industrie « qui a connu une croissance appréciable de 4,3 % en volume contre 3,2 % durant le même trimestre 2021 ». Il y a aussi celui de l’Agriculture avec « une progression appréciable de l’ordre de 1,9% contre 0,2 % durant la même période de l’année 2021 ».
Excédent de la balance commerciale
Tout cela a, bien évidemment, fait que le solde de la balance commerciale a enregistré, au premier semestre 2022, un excédent de 8,7 milliards de dollars, après avoir connu des déficits au cours des sept dernières années. Un excédent, rappelle encore la Banque d’Algérie, « imputable à la remontée des prix des hydrocarbures conjugués à la hausse des exportations de biens hors hydrocarbureset ce, en dépit de la hausse des importations », quoi que ces dernières ne sont pas si importantes avec un taux de 3,85 % par rapport au premier semestre de l’année précédente passant ainsi de 18,94 milliards de dollars US à 19,67 milliards de dollars. Ainsi, la hausse des prix du pétrole « a induit une hausse des recettes des exportations d’hydrocarbures, où celles-ci sont passées de 15,49 milliards de dollars au premier semestre 2021 à 25,29 milliards de dollars au premier semestre de l’année sous revue, soit une hausse de 9,79 milliards de dollars (63,22 %) ». La BA mentionne encore que « les exportations de biens hors hydrocarbures ont atteint un record de l’ordre de 3,08 milliards de dollars US au premier semestre 2022 contre 1,78 milliard de dollars au premier semestre 2021, en hausse de 1,30 milliard de dollars US (+72,94 %) ». « Ainsi, suite à ces évolutions favorables, le solde global de la balance des paiements a enregistré un excédent de 5,06 milliards de dollars au premier semestre 2022 contre un déficit de 4,38 milliards de dollars au premier semestre 2021 », indique en définitif la BA. Conséquemment, « les réserves officielles de change de l’Algérie (or monétaire non inclus) s’élèvent à 47,921 milliards de dollars US à fin juin 2022, dont 1,702 milliard de dollars US de swap or/devises, contre 45,296 milliards de dollars US à fin décembre 2021, soit en hausse de de 2,625 milliards de dollars US par rapport à fin 2021 ». Ceci, au moment où « l’encours de la dette extérieure, au premier semestre 2022, exprimé en équivalent dollars US, est estimé à 2,927 milliards de dollars contre 3,070 milliards de dollars à fin décembre 2021 », c’est-à-dire « en baisse de 143 millions de dollars ».
Une évolution positive de la balance des paiements qui a également induit une amélioration des agrégats monétaires. La Banque d’Algérie fait noter qu’ « au premier semestre 2022, la masse monétaire au sens M2 (monnaie fiduciaire, comptes courants et crédits à court terme NDLR) a connu un accroissement de 7,15 % par rapport à son niveau de décembre 2021, s’établissant ainsi à 21 488,2 milliards de dinars contre 20 053,5 milliards de dinars à fin 2021 ». Par ailleurs, « la liquidité globale des banques, à fin juin 2022, s’élève à 1 845,6 milliards de dinars contre 1 331,9 milliards de dinars à fin décembre 2021. La Banque d’Algérie a tenu, à rappeler, à cet effet, que « sous l’effet de la contraction de la liquidité bancaire amorcée au quatrième trimestre de 2019 », elle a pris des mesures « pour libérer une marge de liquidité supplémentaire dans le système bancaire ». De plus, « pour soutenir le plan de relance économique, la Banque d’Algérie a mis en place, le premier juillet 2021, un programme spécial de refinancement, d’une durée d’une année, renouvelable deux fois, au taux directeur et plafonné à 2 100 milliards de dinars ».
Un indice des prix à la consommation en forte hausse
En dernier lieu, la BA a indiqué que dans ce contexte d’embellie financière, l’indice des prix à la consommation national a connu néanmoins « une augmentation de 10,07 % ». Elle fait noter que « par groupes de produits, le niveau des prix du groupe Alimentation et boissons non alcoolisées a enregistré une accélération de 14,14 % au premier semestre 2022, la plus forte depuis le premier semestre 2012 (13,70 % au premier semestre 2012) ». « Également, une hausse est observée pour le groupe Divers qui a affiché une variation du niveau des prix de 13,57 % (la plus élevée après celle enregistrée au premier semestre 2011 à 13,89 %), de même que pour le groupe Éducation, culture et loisirs dont le niveau des prix a augmenté de 12,48 % au premier semestre 2022 (après 10,76 % au deuxième semestre 2019) », ajoute-t-on encore. La Banque d’Algérie précise qu’en glissement semestriel, « l’indice national global des prix a marqué une progression de 5,38 %, le plus haut niveau d’inflation après celui enregistré au premier semestre 2012 (5,84 %) ». Ainsi, l’amélioration des grands agrégats de l’économie nationale a fait face à une très forte inflation.
Elyas Nour