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Conflit du Sahara Occidental : L’ANC exige l’expulsion du Maroc de l’Union africaine

Le Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, ne veut plus du Maroc au sein de l’Union africaine (UA). Pour la formation dirigée par Cyril Ramaphosa, il n’est plus possible d’accepter que le Makhzen continue de violer impunément les textes de l’Union africaine.

Pour les membres de l’ANC, l’exclusion du Maroc de l’UA se justifie par les nombreuses basses manœuvres menées par le Maroc pour déstabiliser l’organisation panafricaine depuis son adhésion en 2017 et la poursuite de la colonisation du Sahara Occidental.Pour l’ANC, la goutte qui a fait déborder le vase est l’organisation par le Makhzen le 28 janvier dernier à Marrakech d’une réunion qui a rassemblé une petite poignée d’anciens responsables africains corrompus et à l’issue de laquelle un appel à l’exclusion de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de l’UA a été lancé.

Les signataires de cet appel dit de Tanger ont « réaffirmé leur engagement à travailler ensemble pour cette exclusion (…) ». « Les signataires ont également discuté et adopté à l’unanimité un projet de « Livre Blanc », qui est le résultat final de la campagne de réflexion panafricaine sur les enjeux de l’Union Africaine liés au Sahara et qui reflète fidèlement les débats tenus lors de différentes rencontres et séminaires ».

Bien sûr et comme toujours, le Makhzen a généreusement rétribué les participants à son simulacre de réunion. Rabat est un grand spécialiste en matière de corruption de dirigeants politiques. Le Marocgate est là pour le prouver. Selon des sources bien informées, chacun d’eux a reçu la somme de 25.000 dollars US. C’est le prix du reniement de la trahison des idéaux de l’UA. Parmi les présents, il y avait d’anciens ministres de la Gambie et de Madagascar, deux personnalités connues pour s’être enrichies sur le dos de leur population. Autrement dit, la réunion de Marrakech a réuni un club de corrompus. Sa composante suffit à la discréditer.

Il n’en fallait pas plus pour faire sortir l’ANC de ses gonds. Le parti fondé pour lutter contre l’apartheid et qui se fait un point d’honneur à mettre fin au colonialisme en Afrique a demandé sans plus attendre au président sud-africain, Cyril Ramaphosa, de tout mettre en œuvre pour éjecter définitivement le Makhzen de l’Union africaine.  Le comité exécutif de l’African National Congress a, lors d’une réunion tenue la fin de la semaine dernière, assuré que l’une des tâches du programme de l’ANC pour l’année 2023 sera d’isoler le Maroc de l’Union africaine. Ses membres vont désormais s’atteler à obtenir une révision de l’Acte constitutif de l’UA, comme l’autorise l’article 32, devant conduire à l’expulsion d’un membre de l’organisation continentale.

Poids lourds de l’UA

Avec l’aide de poids lourds du continent comme le Nigéria, il ne sera pas difficile de fermer la porte au nez au Maroc. Pratiquement toute l’Afrique anglophone soutient la cause sahraouie, comme le prouve par exemple la gifle historique reçue il y a quelques mois par le MAE marocain, Nasser Bourita, au Kenya. Une motion de l’Afrique du Sud, du Nigéria, de l’Algérie et du Kenya en faveur de l’exclusion du Maroc de l’UA passera sans aucun doute comme une lettre à la poste. 

La consigne ne devrait pas rencontrer d’oppositions d’autant que l’adhésion du Maroc est fondamentalement anti-statutaire.  Son entrée en 2017 au sein de l’UA n’avait d’ailleurs pas recueilli un large consensus. De nombreux pays importants s’y sont opposés, comme ce fut par exemple le cas de l’Afrique du Sud, de la Namibie, de l’Angola, du Zimbabwe ou de l’Ouganda. L’entrée du Makhzen dans l’UA s’était même faite contre l’avis des juristes de l’organisation continentale qui avaient souligné que l’occupation d’un territoire africain (ici le Sahara Occidental) par un autre état africain (le Maroc) était contraire en soi à la charte de l’UA (En ratifiant les textes de l’UA, le Maroc reconnaissait tout de même automatiquement l’existence de la RASD, membre fondateur de l’organisation panafricaine). Malgré cela, une chance de revenir dans le droit chemin lui avait été donnée.

Mais le Maroc est un mauvais élève. Il n’apprend pas de ses erreurs. Il continue de renier ses engagements. Le Makhzen ne s’est pas engagé dans un processus de décolonisation des territoires sahraouis occupés. Au lieu de cela, il a musclé sa stratégie de conquête. Il a toutes les caractéristiques d’un État voyou. Il est donc tout à fait logique aujourd’hui que des pays demandent son exclusion. Dès lors, il ne reste plus qu’à l’isoler sur le continent, comme ce fut déjà le cas en 1984 à Addis-Abeba lorsqu’il avait été humilié devant le monde entier. L’histoire va certainement se répéter.

Khider Larbi  

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