Fièvre italienne
Il aura fallu d’un post anonyme sur Facebook annonçant un prétendu prochain arrivage de 4.000 voitures de marque italienne pour que les gens s’emballent et accourent scruter l’horizon. Du coup, tout le monde s’est transformé en vigie. Les discussions ne tournent qu’autour de la date d’arrivée du bateau « fantôme », de la marque du véhicule, de son prix et des adresses des points de vente. Il aurait fallu juste d’un simple bobard posté sur la toile pour que les Algériens se mettent à rêver de conduire une Italienne. La fièvre de la voiture s’est emparée des citoyens au point de leur faire oublier le mois sacré qui pointe du nez avec ses tracas, ses pénuries et les promesses de quantités de viande et de thon rouge inondant le marché. Elle n’est pas belle la vie ? Trop belle, même ! Comme le peuple romain antique, l’Algérien ne demande que du jeu, des fruits, des légumes, de la viande, de l’huile et du lait. Il oublie jusqu’à ses chaussures qui, elles, seront interdites d’importation et chamboule la fameuse pyramide de Maslow. Mais qu’importe puisqu’il y aura des voitures neuves et moins neuves sur le marché et qu’importe le cours de la devise. Tant qu’il y aura de la viande brésilienne, argentine ou même indienne pour le Ramadhan, les autres choses n’ont aucune importance et puis demain est un autre jour.