UGTA : Touahria, un « intérim » qui peut durer…
Hamou Touahria est parti pour diriger l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) au moins jusqu’à juin 2024, mois durant lequel devra se tenir le 14e congrès de la Centrale syndicale. Faisant apparemment l’unanimité, celui-ci pourrait même être maintenu à l’issue de ce prochain congrès.
L’annonce de la démission de Salim Labatcha de son poste de secrétaire général de l’UGTA, et sa confirmation samedi 4 mars par le secrétariat national de l’organisation syndicale, a surpris plus d’un dans la mesure où rien ne présageait un tel développement tant les choses donnaient l’air d’évoluer normalement. Aussitôt acté, le secrétariat national a confié la tâche d’assurer l’intérim à Hamou Touahria, membre du secrétariat, et secrétaire général de la toute puissante Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC) et vice-président de la Fédération arabe des travailleurs du pétrole, des mines et de la chimie (FATPMC). « C’est Hamou Touahria, membre du secrétariat, qui a été choisi en tant que secrétaire général par intérim, afin de diriger l’organisation durant la période à venir », a indiqué le communiqué, avant d’ajouter : « Il devra coordonner et suivre les activités du secrétariat national, en application des statuts, du règlement intérieur et des décisions du comité exécutif national ». Au-delà des motivations ayant amenées le désormais ex-secrétaire général à se retirer, la communiqué du secrétariat ayant évoqué des raisons « personnelles », le questionnement qui se posait également est lié à la durée de cet intérim qu’assurera Touahria. A ce titre, selon certaines sources proches de la Centrale, il serait peu probable que l’UGTA se dirige vers un congrès extraordinaire. Et ce, pour deux raisons. La première est en lien avec les statuts. L’article 45 stipule, à cet effet, que l’élection du secrétaire général et les membres du secrétariat national relèvent des attributions de la Commission exécutive nationale, qui est « l’instance suprême de l’UGTA dans l’intervalle de deux congrès » (article 41) et dont les 181 membres sont élus lors du congrès. En d’autres termes, la Commission exécutive nationale peut, en conformité avec ses attributions, nommer – ou confirmer – un SG sans passer par un congrès. Le calendrier ne sera pas, de ce fait, chamboulé. L’autre raison est en lien avec les délais. Labatcha avait été élu lors du 13e congrès de 2019 qui s’est tenu les 21 et 22 juin 2019. Celui-ci avait été avancé de quelques mois, Abdelmadjid Sidi Said, ayant décidé, dans la foulée du Hirak, à l’époque d’écourter son mandat qui devait prendre fin le 10 janvier 2020. Donc, le 14e congrès doit se tenir en juin 2024, c’est-à-dire dans près de 15 mois. Sachant que la Commission exécutive nationale devra informer les instances de l’UGTA de la date du congrès six mois à l’avance, la machine devra donc être lancée vers la fin de l’année en cours. Pourquoi alors convoquer un congrès extraordinaire – une deuxième fois après celui de 2019 – alors qu’il ne reste que quelques mois pour lancer la machine ? Ceci d’autant plus que Hamou Touahria, qui bénéficie déjà du soutien des sections affiliées à la fédération qu’il dirige depuis 2016, la plus importante, fait apparemment l’unanimité au sein des structures de l’UGTA. Touahria a eu également par le passé à occuper une fonction importante au sein du secrétariat de la Centrale, celle de l’organique, avant qu’il ne soit écarté en 2020 justement par Labatcha qui a décidé de prendre en charge lui-même cette tâche. Natif du sud du pays, Touahria, qui avait entamé son parcours de syndicaliste au début des années quatre-vingt-dix, avait intégré en 2007le secrétariat du syndicat de Sonatrach, entreprise dans laquelle il a commencé à travailler en 1983. Quelques années plus tard, il est élu membre du secrétariat de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC), appelée communément Fédération des pétroliers, dont il devient secrétaire général en 2016. Pour dire que celui-ci a, à chaque étape, bénéficié de la confiance des employés du secteur du pétrole, gaz et chimie. Si les membres du secrétariat national, après la démission de Labatcha, ont jeté leur dévolu sur un cadre syndical qui serait, à leurs yeux, capable de gérer cette période, marquée, faut-il le rappeler par une contestation grandissante par rapport aux deux projets de loi relatifs, à l’exercice syndical et au droit de grève, il n’est pas à écarter que Touahria puisse même être maintenu à ce poste à l’occasion du prochain congrès. A moins que d’autres développements n’interviennent en cours de route.
Elyas Nour