Remaniement gouvernemental : Attaf de retour aux Affaires étrangères
Le président Abdelmadjid Tebboune a opéré jeudi 16 mars 2023 un remaniement ministériel qui a touché de nombreux départements. Important, le mouvement a concerné en tout une dizaine de responsables. La décision du premier magistrat du pays était quelque peu attendue depuis quelques semaines dans la mesure où il s’était montré agacé par la performance de certains ministres à l’exemple de Kamel Rezid en charge du département du Commerce qui a fait l’unanimité contre lui. Ce qui était par contre moins évident à prévoir est le départ de Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger. Du moins pas avant qu’il ait disparu des radars.
Pourquoi personne ne s’attendait à le voir partir? Diplomate professionnel, aguerri et doté d’un CV long comme le bras, il avait jusque-là effectué un sans faute. Son retour aux affaires a fait beaucoup de bien à la diplomatie algérienne qui était plongée dans une forme léthargie. Il a su en très peu de temps la remettre en ordre de bataille. L’une des plus grandes qualités de Ramtane Lamamra est sa capacité à travailler en H24 et à jongler avec plusieurs dossiers à la fois. Il a aussi ce don de transformer une défaite en victoire. L’ancien président Liamine Zeroual connaît bien son potentiel. Tout chef d’État ou tout Premier ministre reverrait d’avoir à leur côté un ministre de sa stature, surtout qu’il est très discipliné et à un grand sens de l’Etat. Sans conteste, il fait partie de la lignée des grands diplomates algériens. Pourquoi le président a-t-il décidé de se passer de lui ? Pour le moment, rien n’a filtré sur la question. Il n’est pas productif de se perdre en conjectures.
Si le départ d’une Ramtane Lamamra suscitera forcément des regrets, il n’empêche le président Tebboune a « déniché » aussi un profil intéressant pour le remplacer. Il s’agit de Ahmed Attaf, 69 ans, qui a déjà eu à occuper le poste pendant près de 4 années durant les années 90. Mais il faut quand même se l’avouer, se voir confier le ministère des Affaires étrangères par les temps qui courent n’est pas un cadeau. Surtout dans le contexte mondial et régional actuel qui est aussi délétère que complexe.
Ahmed Attaf sera extrêmement sollicité. Il devra vite se mettre dans le bain s’il ne veut pas se retrouver débordé. Heureusement pour lui, qu’il hérite d’un ministère en meilleure santé qu’il ne l’était auparavant et que Ramtane Lamamra a beaucoup mâché le travail. Et puis, il pourra compter sur son secrétaire général, Amar Belani, qui a une bonne maîtrise des dossiers. C’est le cas particulièrement du conflit du Sahara Occidental et du partenariat avec l’Union européenne. Au-delà, le nouveau ministre devra jongler avec beaucoup de questions extrêmement sensibles comme le Maroc, la Libye, le Sahel, l’Espagne, l’Union européenne. Bref, ce n’est pas le travail qui manquera. L’avantage c’est que comme Ramtane Lamamra, Ahmed Ahmed est un bourreau de travail et à l’habitude d’évoluer sous la pression et dans un contexte de crise. Comme il a eu à évoluer durant les années 90, il est déjà taillé pour la diplomatie de crise.
Pour qu’il soit opérationnel, il lui faudra juste un peu de temps pour potasser suffisamment ses dossiers. Cependant, il ne bénéficiera pas à proprement parler d’une longue période d’état de grâce. Il n‘aura pas fini de s’installer qu’il sera sollicité pour préparer la visite du président de la République en Russie. Il y a aussi la crise malienne qu’il faut surveiller comme on surveille une casserole de lait sur le feu. La situation y est tellement tendue qu’une simple petite étincelle peut conduire l’irréparable. Ahmed Attaf saura certainement faire face à toutes éventualités puisqu’il connaît bien l’Afrique aussi puisqu’il a été sous-secrétaire d’Etat aux affaires maghrébines et africaines. Au-delà, il est très outillé. Son parcours qui parle pour lui est même plus que respectable.
Khider Larbi