Crise libyenne : Ce que États-Unis attendent de Tripoli et Tobrouk
Le fait est très perceptible. Washington s’implique plus que d’habitude dans le règlement de la crise libyenne.
Les Américains le font pour d’innombrables raisons. L’une d’elle est la présence des éléments du groupe militaire privé Wagner dans l’ex-Jamahiriya. Un règlement rapide de la crise pourrait hâter leur départ, ce qui arrangerait les affaires de Washington qui veut contenir les Russes en Afrique. Régulièrement, l’administration Biden fait passer des messages dans lesquels elle rappelle ce qu’elle attend des différents responsables libyens actuels. C’est ainsi que l’ex-envoyé des États-Unis en Libye, Jonathan Winer, estime que l’essence des efforts américains pour parvenir à la stabilité en Libye commence par l’instauration de la démocratie et la tenue d’élections. Ils comprennent également l’unification des institutions ainsi que l’utilisation des ressources naturelles et des richesses pour le profit du peuple libyen de manière globale. Jonathan Winer a ajouté dans une déclaration faite cette semaine à Al-Jazeera Net que cette essence se reflète dans les quatre principes dans lesquels les États-Unis ont défini leur stratégie pour prévenir les conflits.
L’ancien diplomate américain a expliqué que les principes des États-Unis se résument à permettre au peuple libyen de choisir ses dirigeants, ce qui nécessite la tenue d’élections, en plus de l’intégration entre l’Est, l’Ouest et le Sud, pour protéger la Libye elle-même de ses faiblesses sécuritaires et économiques. Il a ajouté que le gouvernement doit avoir le monopole de la force dans le cadre de l’État de droit, soulignant que l’armée unifiée, le système national de contrôle des frontières et les forces de police locales doivent être soumis à un régime civil. Il a également souligné la nécessité pour la Libye « de gérer ses revenus d’une manière caractérisée par une efficacité raisonnable et de résister à la corruption qui sape la légitimité de tout gouvernement qui l’adopte ». La corruption, a-t-il ajouté, sape également la confiance du public dans tout pays. Jonathan Winer a indiqué que Washington « exhorte les dirigeants libyens à coopérer avec les efforts des Nations Unies pour parvenir à un processus politique unifié menant à des élections d’ici la fin de l’année ».
La Secrétaire d’État adjointe américaine aux affaires du Proche-Orient, Barbara Leaf, a déclaré pour sa part jeudi, lors d’un briefing en ligne sur la Libye, que « les États-Unis soutiennent pleinement les efforts du représentant spécial de l’ONU, Bathily, pour parvenir à un consensus menant à des élections présidentielles et parlementaires au plus tard cette année en Libye, conformément aux aspirations du peuple libyen ». Barbara Leaf, qui vient de terminer une tournée de trois jours dans la région, a déclaré que les Libyens ont clairement indiqué à plusieurs reprises qu’ils voulaient des élections et voter pour un gouvernement unifié qui leur fournirait les services, la sécurité et la stabilité qui leur manquaient, ce qu’ils « méritent bien ».
Elle a en outre souligné « l’importance de maintenir la souveraineté de la Libye et de respecter l’accord de cessez-le-feu de la Libye en s’assurant que tous les combattants, forces et mercenaires étrangers quittent le pays, surtout les combattants de Wagner, ainsi que le soutien américain aux institutions économiques libyennes pour renforcer la transparence ». Répondant à une question sur la possibilité d’élections cette année en Libye, le responsable américain a déclaré que les perspectives d’élections étaient fermement entre les mains des dirigeants libyens.
Leaf a déclaré qu’elle avait fait savoir à tous les dirigeants qu’elle avait rencontrés que toutes les conditions étaient en place pour aller de l’avant avec le processus de vote. Cependant, elle a confirmé l’importance d’avoir une volonté politique et la capacité de faire des compromis. « Rien n’empêche la Libye d’organiser des élections cette année, sauf le manque de volonté politique ou la réticence à faire des compromis parmi les principaux dirigeants. La diplomate américaine a déclaré que techniquement, le pays est capable d’organiser de telles élections, mais qu’il est nécessaire d’amener les principaux dirigeants à faire preuve de compromis et à soutenir les efforts de l’ONU.
Khider Larbi