Stratégie de développement de céréaliculture : De nouveaux outils technologiques et statistiques à la rescousse
Le développement de la céréaliculture dispose encore d’une importante marge de progression a estimé hier le directeur de l’École nationale supérieure d’agronomie, lequel recommande le recours à l’innovation et aux nouveaux outils technologiques pour atteindre les objectifs en la matière.
Face à des conditions climatiques de plus en plus difficile, marquées par des sécheresses plus fréquentes il devient clair que les objectifs de développement de la production agricole, et particulièrement en matière de céréaliculture nécessité le recours à de nouveaux outils et à l’innovation. C’est dans ce sens qu’un groupe interdisciplinaire de travail et de réflexion a été chargé de mettre en place une stratégie de développement de la filière céréalière et lequel associe les départements de l’agriculture, de l’énergie, des transports, ainsi que des experts agronomes sans oublier le ministère de de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ainsi et au-lendemain de la réunion de ce groupe avec le premier responsable du MESRS, le Directeur de l’Ecole nationale supérieure d’agronomie a souligné tout l’intérêt de disposer de données précises et fiables pour développer les filières stratégiques et assurer la sécurité alimentaire du pays. Invité à intervenir sur les ondes de la Radio algérienne, Tarek Hartani a indiqué que le groupe multidisciplinaire mis en place s’est penché dernièrement sur l’élaboration d’une vision stratégique en la matière et une feuille de route a été dégagée après un diagnostic qui a mis en avant l’importante de marge de manœuvre dont dispose l’Algérie en matière de développement de céréaliculture, mais aussi les défis auxquelles elle doit faire face. « Il en est sorti une marge d’une possible progression à court terme. Cette dernière est constatée au Nord, notamment, et permet selon ce diagnostic de passer d’une 3 /3,5 millions de tonnes/an de blé à 5-6 millions de tonnes l’an », explique l’intervenant avant de rappeler que l’Algérie importe jusqu’à 7.5 millions de tonnes de blé/an. Pour tirer profit de cette marge de progression le Pr. Hartani recommande de recourir à de nouveaux outils. « La technologie est un ensemble d’outils assortis de statistiques numérisées afin de comparer les chiffres dont nous disposons », a-t-il indiqué, soulignant que « c’est grâce à la science que nous pouvons gagner en productivité. » Cette démarche multiple, basée essentiellement sur un diagnostic initial, à l’instar d’autres pays aux conditions similaires, aide à améliorer, selon M. Hartani, notre production de blé, voire des blés, et soustraire à l’importation « ce que nous pouvons produire nous-mêmes ». Il faudrait faire un effort, conseille-t-il, « pour développer davantage certains créneaux pour améliorer la productivité à l’hectare dans le nord du pays et également dans le Sud ». « Pour le développement de la culture saharienne, nous avons proposé des modèles de 500 hectares à double culture en faisant soit du blé avec des légumineuses, du blé avec des cultures industrielles ou du blé avec de la culture fourragère », explique-t-il.
Cependant, les objectifs de développement de la production agricole, notamment céréalière fait face aux risques liés au stress hydrique. Le faible niveau de pluviométrie et la sécheresse qui persiste depuis plusieurs mois affecte les rendements agricoles, notamment en ce qui concerne la céréaliculture pluviale. C’est le cas à l’ouest du pays où, selon les comptes des médias, on atteste déjà que la saison céréalière est compromise. En ce qui concerne cette question l’expert estime qu’ « il faut entrevoir cette question sur le moyen et le long terme, car l’existence de l’eau est un facteur déterminant, mais la science permet en fait de prévoir des dispositifs adaptés à la lumière des prévisions pour les prochaines années et agir en conséquence ». « Si à l’Ouest le manque d’eau fait dire, une bonne année travaille pour les trois années d’après, la science propose des stratégies d’adaptation et de résilience », indique le Pr. Hartani, signalant que dans les régions où le stress hydrique est moins sévère, il y a des gains de productivité à obtenir. « Nous envisageons donc d’augmenter la prise en charge des parcelles grâce à des associations d’agriculteurs, ainsi qu’un certain nombre de mesures telles que des centres techniques pour la certification des semences, l’approvisionnement en engrais, au moment voulu, et l’usage de l’eau recyclée des stations d’épuration », indique-t-il.
Hocine Fadheli