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La Sonatrach à plein gaz

La compagnie réalise un chiffre d’affaires à l’export de 21 milliards USD entre janvier et mai 2023

La Sonatrach qui célèbre à la fin de cette année le 60e anniversaire de sa création, des résultats solides, malgré les soubresauts des marchés pétroliers et gaziers, grâce à son redéploiement sur le marché gazier et le développement de la production et de l’exportation de produits raffinés. La Compagnie nationale des hydrocarbures entend s’imposer comme un fournisseur mondial majeur d’énergie, non seulement en hydrocarbures, mais aussi, dans un contexte de transition, d’énergies vertes.

Le Groupe Sonatrach a annoncé hier ses résultats annuels consolidés pour l’exercice 2022. Une présentation qui a également permis de donner un bref aperçu des principales réalisations des cinq premiers mois de l’année en cours. Et le tableau dressé permet l’optimisme pour les perspectives de clôture pour l’exercice 2023. Ainsi et malgré le recul des prix du pétrole et du gaz, cette année, malgré les sommets atteints en 2022, dans le sillage de la guerre en Ukraine, la Sonatrach affiche des résultats solides. Le bilan présenté hier par le Directeur Gestion de la performance/SPE à Sonatrach, Boutaleb Mohamed Rochdi, en présence du PDG du groupe, Toufik Hakkar, fait ressortir que le chiffre d’affaires à l’export de la Sonatrach a atteint 60 milliards de dollars à la clôture de l’exercice 2022, alors que les exportations ont atteint une valeur de 21 milliards de dollars lors des 5 premiers mois de l’année en cours.  Des résultats portés par la hausse de la production d’hydrocarbures et des exportations en volume.

Ainsi, la production commercialisée à fin mai 2023 a atteint 68 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) (+2%), dont 38 millions de tonnes ont été exportées, (contre 67 millions de TEP de ventes dont 37 millions de TEP exportées durant la même période 2022). Quant à la production primaire d’hydrocarbures, elle a atteint 80 millions de TEP à fin mai 2023, en hausse également de 2% par rapport aux réalisations à fin mai 2022 (79 millions), selon le même bilan. La production primaire s’est quant à elle élevée à 189,6 millions de TEP en 2022.

Des résultats portés donc par le redéploiement de la Sonatrach, notamment sur le marché gazier mais aussi par l’orientation de la Sonatrach vers de nouveaux segments à l’export. Ainsi, les programmes engagés pour la consolidation des capacités de raffinage de la Sonatrach lui ont ainsi permis de réduire les importations de carburants à néant, mais aussi de dégager des excédents à l’export. Ainsi, le bilan de la Sonatrach fait ressortir une exportation de 170.000 tonnes d’essence avec « la satisfaction de la totalité de la demande du marché national en matière de carburants sans recours aux importations pour la troisième année consécutive ». Selon Sonatrach, seuls le MTBE et l’Ethylène ont été importés en 2023.

30 milliards de dollars d’investissements dans l’amont

Des résultats qui permettent à la Sonatrach de mieux se projeter aussi sur ses perspectives de développement à moyen terme, notamment dans l’amont hydrocarbures.  Dans ce contexte, le P-DG de la Sonatrach qui a souligné que le maintien des prix des hydrocarbures à un niveau appréciable permet de se projeter sur les prochains investissements, a annoncé un programme d’investissement de 30 milliards de dollars dans les activités d’exploration et de production des hydrocarbures.  Un programme qui commence déjà à donner des résultats probants. Ainsi, le bilan présenté hier indique que durant les 5 premiers mois 2023, Sonatrach a réalisé 8 nouvelles découvertes d’hydrocarbures, dont 7 en effort propre. En outre, la compagnie a signé durant la même période des contrats d’exploration et de production, notamment le 4ème contrat sous l’égide de la nouvelle loi relative aux hydrocarbures (19-13), avec PERTAMINA et REPSOL sur le périmètre contractuel de Menzel Ledjmat Nord.

Nouveaux complexes pétrochimiques

Le groupe Sonatrach a procédé également à la signature de deux accords stratégiques avec le groupe italien ENI portant sur l’augmentation des approvisionnements en gaz et la réduction des émissions. La compagnie nationale des hydrocarbures a signé en outre un protocole d’accord avec la société nationale ougandaise du pétrole pour renforcer la coopération dans le domaine des hydrocarbures et un contrat avec le groupe Wanhua Chemical pour l’approvisionnement en GPL. En matière de réception et de mise en service des projets durant la même période, le bilan présenté a cité le gisement gazier du Sud Ouest de Hassi Tidjerane, Tinerkouk et Hassi Ba Hamou. Durant la période 2020-2022, pas moins de 35 nouvelles découvertes d’hydrocarbures avaient été enregistrées, dont 34 découvertes en effort propre de Sonatrach.

La Sonatrach mise aussi sur le développement de l’activité aval que ce soit dans le raffinage ou la pétrochimie. Ainsi un protocole d’accord pour le renforcement de la coopération avec la société brésilienne (WEG S.A) ainsi qu’un mémorandum d’entente avec la société chinoise CC7 portant sur l’élaboration des études de faisabilité d’un complexe pétrochimique de vapocraquage de charge mixte ont été également signés cette année. Dans ce sens, Toufik Hakkar a indiqué Sonatrach travaille sur le lancement d’une série de projets pétrochimiques dans le cadre de la stratégie élaborée pour le développement des industries de transformation. Il a ainsi évoqué deux projets pétrochimiques « importants » en préparation, pour lesquels l’appel d’offres technique et financier sera lancé au cours de l’année 2023.

Il s’agit du projet de production de gazole (carburant diesel) au niveau de la raffinerie de Skikda, pour lequel une enveloppe financière conséquente a été allouée afin d’assurer « la couverture des besoins nationaux de ce produit jusqu’en 2035 ».

Le deuxième projet consiste en l’extension de la raffinerie d’Arzew pour la production d’essence, dans le but d’accroître sa capacité de production de 600 000 tonnes à 1,2 million de tonnes par an, ce qui contribuera à répondre aux besoins nationaux jusqu’en 2036.

En outre, M. Hakkar a mentionné un autre projet visant à créer une unité de production d’une matière première utilisée dans l’industrie des détergents, soulignant que le comité d’évaluation des offres techniques pour ce projet devrait achever ses travaux au cours de l’année en cours, avec la signature du contrat de réalisation prévue d’ici la fin du mois de décembre prochain.

Le PDG de la Sonatrach a également annoncé le lancement des travaux pour la réalisation d’un important projet dans le secteur pétrochimique à Arzew d’ici la fin de l’année 2022, pour la production de Methyl Tert-Butyl Ether (MTBE), un additif pour la fabrication de l’essence sans plomb au niveau des raffineries. Il évoque aussi le projet de réalisation d’un nouveau complexe pétrochimique pour la production de polypropylène à Arzew (wilaya d’Oran), récemment attribué au consortium Petrofac-Sinopec, considéré comme « le plus grand projet pétrochimique depuis les années 1970 ».

Pas de plafonnement du prix du gaz algérien

Concernant le gaz, le P-DG de la Sonatrach qui a été interpellé sur les approvisionnements de l’Espagne a rappelé que la compagnie nationale respecte tous ses engagements et ses contrats. Aussi et concernant la démarche européenne de plafonnement des prix du gaz, Hakkar a indiqué que la Sonatrach n’est pas concernée par cette mesure.  «Sonatrach n’est pas concernée par le plafonnement des prix du gaz, aucun pays ne nous l’a demandé», a indiqué le P-DG de la Sonatrach. Il évoquera aussi le processus de révision des prix du gaz de la Sonatrach à la faveur de la hausse des prix en 2022, indiquant que celui-ci touche à sa fin.

Sur 11 contrats, «9  ont été révisés et les deux restants sont en fin de négociation avec nos partenaires», précisera-t-il. Toutefois, M. Hakkar affirme que Sonatrach ne peut supporter à elle seule tous les coûts liés notamment à l’exploration et à la production, indiquant que «nos partenaires doivent partager les risques». A propos de la durée des contrats à long terme, le patron du groupe pétro-gazier précise que c’est, entre autres, «la nature du client qui la détermine».Et d’ajouter : «on essaie de s’adapter de la meilleure des manières au marché international tout en préservant nos intérêts». Aux yeux de M. Hakkar, le gaz naturel a «un avenir important». D’ailleurs, il soulignera que l’Algérie suscite un intérêt particulier pour les investisseurs confirmant au passage l’intérêt de deux majors US pour l’investissement en Algérie. Il a précisé que les deux compagnies en question ont exprimé un vif intérêt pour les bassins de Berkine et d’Illizi. Il est utile de rappeler dans ce contexte que la presse US a annoncé que Chevron et Exxon Mobil prévoyaient d’investir dans le gaz en Algérie d’ici la fin de l’année. En ce qui concerne la dernière transaction opérée par Eni pour reprendre l’ensemble des actifs de Neptune Energy, et notamment les actifs qu’il détient dans Touat gaz en Algérie, Hakkar a indiqué que les autorités algériennes n’ont pas en encore été saisies à ce propos, rappelant qu’une procédure en matière de transfert d’actif existe en Algérie et qu’il est nécessaire de respecter. Il a également rappeler qu’il est nécessaire de présenter un dossier aux autorités pour le soumettre à examen avant de décider s’il faut ou non exercer un droit de préemption. Enfin, et à propos des activités de la Sonatrach en Libye, Hakkar a fait part de contacts permanents avec les autorités libyennes dans la perspective d’un retour de la Sonatrach dans ce pays. Il a ainsi annoncé une prochaine visite à Tripoli dans cette perspective.

Samira Ghrib

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