Économie

Accord céréalier : L’aveu de l’ONU

L’accord céréalier qui a permis jusque-là le transit des céréales à travers la Mer Noire, expire aujourd’hui. Pourtant rien pour l’heure ne semble indiquer qu’il sera renouvelé comme il l’a été lors des deux précédentes fois. Moscou semble résolu à renoncer à l’accord, tandis que la Turquie maintient la médiation pour obtenir une reconduction de l’accord signé l’an dernier sous l’égide de l’ONU. En attendant, « le dernier navire », battant pavillon turc et transportant des céréales ukrainiennes dans le cadre de l’accord d’Istanbul a quitté le port d’Odessa hier comme le souligne l’agence de presse russe Sputnik.   

Les Russes estiment que l’objectif de l’accord n’a pas été atteint, car ne profitant pas aux pays les plus pauvres, en plus du fait qu’il ne prenne en compte les clauses relatives aux exportations russes d’engrais, estiment-ils. Le président russe Vladimir Poutine a également accusé les Ukrainiens d’utiliser les couloirs céréaliers ouverts pour des objectifs militaires, en sus de souligné à chaque fois que les céréales ukrainiennes exportées grâce à cet accord n’ont profité que très marginalement aux pays les plus vulnérables. Selon l’agence de presse russe Sputnik qui cite les données du Centre de coordination de l’Onu, seuls 10% du maïs et 40% du blé expédiés à travers cet accord ont atteint les pays pauvres ou à revenu intermédiaire inférieur. Les échanges avec les pays riches se sont au contraire accentués côté ukrainien, affirme l’organisme basé à Istanbul, censé veiller au respect des accords.

« 10% du maïs et 40% du blé sont allés aux pays les plus pauvres et aux pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Par rapport aux données de 2017-2021, l’accord a livré aux pays les plus pauvres les mêmes proportions qu’auparavant dans le commerce de l’Ukraine, mais les proportions des pays relativement riches se sont avérées plus élevées », a ainsi déclaré le Centre de coordination.

Le groupe des pays à faible revenu, dont font partie la Somalie, le Soudan ou l’Éthiopie, a reçu 2,5% des céréales expédiées. Les chiffres publiés soutiennent aussi que pas un seul navire russe transportant des fertilisants n’a pris la mer depuis que l’accord a été signé, il y a presque un an. « L’accord du 22 juillet 2022 permet également l’exportation d’engrais russe, y compris l’ammoniac, mais pas un seul navire avec des engrais n’a été envoyé dans le cadre de l’initiative » a ainsi précisé le Centre de coordination.

Ces dernières semaines, les envois autorisés par l’accord ont en outre connu de nets ralentissements. Depuis le 27 juin, pas un seul navire n’a reçu d’autorisation de partir naviguer dans les eaux territoriales turques, selon l’organisme de l’Onu. La durée des inspections à bord a aussi doublé, passant de 2 heures à 4 heures.

Samir Benisid

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