Le Président Tebboune dès aujourd’hui en Chine : L’axe Alger-Pékin
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, entame aujourd’hui une visite d’État en Chine, après avoir effectué une courte visite de travail au Qatar. Un périple qui reflète l’activisme de la diplomatie algérienne sous la conduite du président de la République. Un activisme qui a pour objectif de consolider la coopération économique avec les grands partenaires de l’Algérie, mais aussi renforcer la coordination sur les questions politiques internationales et régionales, dans un contexte géopolitique marqué par de profonds changements.
La visite du président de la République en Chine a, dans ce sens, d’importants enjeux, d’autant plus qu’elle intervient après la visite effectuée par le Chef de l’État en Russie. Des visites qui reflètent la volonté de l’Algérie de consolider de coopération avec ses grands partenaires, au moment où l’Algérie s’apprête à intégrer le Conseil de sécurité de l’ONU pour un mandat de deux années en tant que membre non-permanent dès janvier 2024. Un organe dans lequel la Chine aussi bien que la Russie siègent en tant que membres permanent. La coordination politique revêt donc une importance particulière, d’autant plus que les partenaires affichent une convergence de vue plusieurs questions régionales et internationales. C’est le cas dans les rapports qu’entretiennent l’Algérie et la Chine. Les deux pays entretiennent des relations historiques profondes et qui ont pris une dimension stratégique, notamment après l’adhésion en 2018 de l’Algérie à l’initiative de la Ceinture et de la route, ou Nouvelles routes de la soie lancée en 2013 par la Chine.
Ces relations historiques avec la Chine remontent à la date de création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) que la Chine, premier pays non-arabe, a immédiatement reconnu en 1958, avant que ces relations ne se développent davantage au lendemain de l’indépendance de l’Algérie. Des relations qui ont été toujours été solides et qui ont été reflétées aussi par le rôle joué par l’Algérie et le soutien apporté à la Chine pour qu’elle retrouve sa place au sein de l’ONU et du Conseil de sécurité. Une solidité qui s’illustre aussi par la convergence de vues autour de plusieurs questions, car les deux pays prônent la communication et la collaboration étroite autour des questions régionales et internationales, tout en soutenant les causes justes et les intérêts légitimes des pays en développement. Six décennies durant, l’Algérie et la Chine affichent une parfaite convergence de vues autour de plusieurs questions notamment les questions palestinienne et sahraouie qui doivent trouver une solution dans le cadre de la légalité internationale notamment les résolutions onusiennes pertinentes. Au niveau des fora internationaux, Alger et Pékin sont soucieux de l’intensification de la coopération et de la coordination autour des questions internationales et multilatérales, de l’attachement au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, et du renforcement continu de la démocratie dans les relations internationales, outre la résolution des conflits à travers le dialogue et les voies pacifiques, soulignant la nécessité de préserver le système des Nations unies et les règles fondamentales régissant les relations internationales fondées sur les principes et les objectifs de la Charte de l’ONU.
Une coopération qui est appelée à se raffermir notamment au regard de la signature par les deux pays en novembre dernier, le deuxième Plan quinquennal de coopération stratégique globale 2022-2026, qui tend à poursuivre l’intensification des contacts et de la coopération entre l’Algérie et la Chine dans tous les domaines, dont l’économie, le commerce, l’énergie, l’agriculture, les sciences et technologies, l’espace, la santé et la culture, outre le renforcement de l’harmonisation des stratégies de développement entre les deux pays, mais aussi dans le cadre de l’ambition de l’Algérie de rejoindre les grands groupements qui émergent à l’image du groupe BRICS et de leur banque de développement ou encore l’organisation de coopération de Shanghai.
Les deux pays recèlent de grandes potentialités à même de promouvoir la coopération bilatérale à des niveaux supérieurs, d’autant plus que l’Algérie tend à adhérer au groupe BRICS qui compte, outre la Chine, le Brésil, la Russie, l’Inde et l’Afrique du Sud, comme souligné cette année par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune à plusieurs occasions, rappelant que la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud accueillent favorablement l’adhésion de l’Algérie.
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi avait indiqué que la Chine accueillait favorablement l’adhésion de l’Algérie au Groupe BRICS, soulignant que l’Algérie est un « grand pays en développement » et un « représentant des économies émergentes ». Le chef de la diplomatie chinoise avait déclaré, par ailleurs, que son pays était « disposé à œuvrer avec l’Algérie pour jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix et du développement dans le monde ». Ainsi, les relations de coopération entre l’Algérie et la Chine se sont développées davantage dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route », lancée par la Chine en 2013 et à laquelle l’Algérie a adhéré en 2018. Cette initiative repose sur la préservation de l’intérêt mutuel et le développement de la coopération constructive entre les Nations et les peuples dans le cadre d’un système mondial utile et équitable et en faveur de la paix et la sécurité mondiales, loin de l’hégémonie d’un système mondial à l’essence et aux dimensions étranges. Dans ce cadre, les deux pays avaient signé, décembre dernier, le plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’initiative « la Ceinture et la Route » pour approfondir et renforcer davantage la coopération, outre le Plan triennal 2022-2024 de coopération dans des domaines stratégiques qui constitue un autre mécanisme bilatéral devant booster la coopération dans les principaux domaines économiques d’importance stratégique dans les politiques de développement des deux pays.
Terres rares et énergie
Dans le domaine économique, la cadence du partenariat stratégique continue à s’accélérer. La Chine est devenue ces dernières années le plus important partenaire commercial de l’Algérie, occupant la 1e place en termes d’approvisionnement du marché algérien, avec une valeur de plus de 9 Mds USD, soit un taux de plus de 16,5%, selon les données des douanes algériennes. Le potentiel de l’Algérie en terres rares et minéraux critiques en fait un partenaire incontournable et de choix pour une puissance économique comme la Chine. Celle-ci dispose d’ailleurs de l’expertise nécessaire pour le développement de son potentiel, d’autant plus qu’elle contrôle au moins trois quarts des réserves mondiales de terres rares. C’est ainsi que la consolidation de cette coopération s’illustre à travers les accords signés dans le cadre du programme de développement minier, notamment en ce qui concerne les grands projets comme celui relatif à l’exploitation du phosphate et du fer et du développement du réseau ferroviaire, ce qui est à même d’augmenter le niveau des investissements chinois en Algérie. Sur le plan énergétique, la consolidation de la coopération se reflète notamment par une plus grande présence chinoise dans l’aval hydrocarbures en Algérie, mais aussi l’ambition de la Sonatrach de s’ouvrir de nouvelles perspectives sur le marché chinois et au-delà asiatique, comme le dénote le récent contrat signé par la Sonatrach pour l’approvisionnement du marché chinois en GPL et la création d’une référence asiatique du prix du GPL algérien. Aussi, et au cours de sa visite en Chine au mois de mai dernier, le P-DG de la Sonatrach a évoqué de nombreux domaines de coopération, notamment dans les engrais, mais aussi l’ammoniac vert. Les deux parties œuvrent actuellement au renforcement du partenariat algéro-chinois dans les domaines des énergies nouvelles et renouvelables, particulièrement l’énergie solaire photovoltaïque, l’hydrogène, l’énergie éolienne et la géothermie, ainsi que le domaine de la fabrication des équipements et de l’exploitation des ressources minérales utilisées dans l’industrie des énergies renouvelables. Le partenariat algéro-chinois s’appuie aussi sur la réalisation de grands projets d’importance stratégique pour l’économie algérienne, à l’instar du Port Centre de Cherchell. Un projet qui peut permettre à l’Algérie tout comme à la Chine de bénéficier des opportunités économiques et commerciales aussi bien en Méditerranée que celle offertes par l’intégration économique africaine.
Lyes Saidi