Investissements étrangers : La relance
Le nouveau cadre relatif à l’investissement donne un nouveau souffle à l’investissement direct étranger et améliore déjà l’attractivité du marché algérien. Ainsi, une centaine d’entreprises étrangères ont affiché de l’intérêt pour l’investissement en Algérie et attendent la promulgation des nouveaux textes relatifs à la gestion du foncier économique pour concrétiser leurs projets.
C’est ce qu’a annoncé hier le Directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, Omar Rekkache. Dans un entretien avec l’APS, le même responsable a souligné que « plusieurs grandes compagnies ont manifesté leur intérêt pour l’investissement en Algérie et attendent l’entrée en vigueur de la loi relative au foncier économique ». Et d’ajouter que près de 100 sociétés étrangères ont également manifesté à l’Agence leur volonté d’investir en Algérie, dont de grandes sociétés internationales. Il est vrai que l’AAPI a reçu, ces derniers jours, des délégations de nombreuses compagnies en mission d’exploration et qui ont affiché de l’intérêt pour le marché algérien. Certaines ont même annoncé de gros projets industriels, à l’image du groupe malaisien « Lion » qui a annoncé, il y a quelques son intention d’investir 6 milliards de dollars dans la sidérurgie mais aussi dans le secteur stratégique de l’aluminium et de ses alliages.
Il est vrai que la refonte du cadre réglementaire régissant l’investissement grâce à la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement l’été dernier et de ses textes d’application dans les semaines qui suivirent a permis d’impulser une nouvelle dynamique à l’investissement. La promulgation prochaine de la loi sur le foncier économique doit d’ailleurs compléter ce cadre et mettre en place un dispositif simplifié pour l’accès au foncier économique relevant du domaine privé de l’État et instaurer de nouveaux avantages et facilités en complémentarité avec la loi sur l’investissement. C’est d’ailleurs ce qui motive l’optimisme du premier responsable de l’AAPI qui prévoit une augmentation substantielle des investissements portés aussi bien des opérateurs nationaux qu’étrangers au cours des prochains mois. Il assure ainsi que la moyenne des projets d’investissement enregistrés auprès de l’Agence devrait atteindre 1000 projets/mois après la promulgation de la loi relative au foncier économique, contre 350 projets actuellement.
Les Turcs et les Chinois en tête
Celui-ci d’ailleurs souligné que le nombre de projet enregistrés auprès de l’AAPI depuis sa création devrait dépasser les 10.000 d’ici à 2024. Omar Rekkache explique ainsi qu’entre novembre 2022, date de lancement de l’activité de l’AAP, et le 31 juillet 2023, le nombre de projets enregistrés au niveau des guichets uniques décentralisés et du guichet unique des grands projets et des investissements étrangers a atteint un total de 3.120 projets, d’une valeur dépassant les 1.731 milliards de dinars , alors que quelque 10.000 projets devraient être enregistrés d’ici début 2024 à la faveur de la loi relative au foncier économique. il précise dans ce sens que sur ce nombre, 3.054 projets (97,8%) sont portés par des investisseurs locaux, pour une valeur de 896 milliards de dinars, qui devraient créer plus de 70.000 emplois. Parmi ces projets locaux, il y a 17 investissements dans des « mégaprojets », assure-t-il L’Agence a enregistré 66 autres projets, dont 41 projets au titre du partenariat local-étranger et 25 projets étrangers directs, pour une valeur globale de plus de 834 milliards de dinars, devant générer près de 9.000 emplois. Pour ce qui est des secteurs les plus attractifs, le secteur de l’Industrie vient en tête avec 1.595 projets, soit 51% du volume global des projets enregistrés auprès de l’Agence, pour une valeur de plus de 1.330 milliards de dinars, devant générer près de 50.000 emplois.
Les investisseurs turcs et chinois ont les plus présents dans ce bilan. Avec respectivement 25 et 11 projets, la Turquie et la Chine (11 projets) arrivent en tête en termes d’investissements étrangers enregistrés issus des cinq continents. Dans ce contexte, le Directeur général de l’AAPI a mis en avant le rôle de la diplomatie économique, qui a drainé beaucoup d’investissements étrangers en Algérie. « Les ambassades algériennes ont multiplié les démarches en vue de faire connaître les opportunités d’investissement en Algérie ainsi que les avantages offerts par le nouveau Code de l’investissement », a-t-il soutenu, avant de saluer le rôle des Algériens de la diaspora en faveur de l’investissement en Algérie, notamment en établissant des projets de partenariat avec des étrangers ou en proposant des investisseurs étrangers à l’Agence.
Une bourse du partenariat
Aussi et afin de soutenir cette dynamique et attirer plus d’investisseurs étrangers, notamment dans le cadre du partenariat, le même responsable a annoncé le lancement prochain d’une « Bourse de partenariat » via la plateforme numérique de l’AAPI pour faciliter les contacts entre les investisseurs algériens et étrangers et leur permettre de réaliser des projets conjoints. Ce projet « ambitieux » se veut un mécanisme permettant aux investisseurs locaux et étrangers de manifester leur intérêt pour des projets de partenariat, a déclaré Rekkache. Cette Bourse aura pour effet de « créer une dynamique » dans le domaine de l’investissement, car elle facilitera les contacts entre les investisseurs, selon le même responsable, qui a affirmé que l’Agence fera la promotion des expériences d’investissement concluantes dans le cadre de la « Bourse de partenariat ». Concernant la date du lancement de ce service, le DG de l’AAPI a fait savoir que ça interviendra après la promulgation de la loi fixant les conditions et modalités d’octroi du foncier économique relevant du domaine privé de l’Etat et destiné à la réalisation de projets d’investissement. Et d’ajouter que les efforts de développement de la plateforme numérique se poursuivaient pour inclure tous les services liés à l’investissement. Outre le lancement de la « Bourse de partenariat », un service permettant de consulter les offres de foncier économique et de soumettre des demandes via la plateforme de l’Agence sera également ouvert, après la promulgation de la loi sur le foncier économique. Grâce aux améliorations qui seront apportées à la plateforme numérique et à l’échange d’informations avec les services des Douanes et de la Direction générale des impôts (DGI), « l’AAPI pourra à l’avenir identifier, en temps réel, les projets qui commencent à bénéficier des avantages, ainsi que leur taux d’avancement et le nombre réel d’emplois créés », selon le responsable. Pa ailleurs, M. Rekkache a rappelé que le protocole signé entre l’AAPI et la DGI, juin dernier, avait facilité l’échange d’informations entre les deux parties au titre du contrôle des avantages fiscaux, ajoutant que « les contacts sont en cours avec les services douaniers en vue d’activer l’interopérabilité des systèmes d’information, de même pour le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale ». Le même responsable a enfin indiqué que 600 projets d’investissement ont bénéficié d’une prolongation exceptionnelle des délais de bénéfice des avantages au titre de la phase de réalisation, dans le cadre d’une approche exigeant de l’investisseur de justifier le retard accusé dans la concrétisation du projet, avant une visite sur le terrain de la commission spécialisée pour constater l’état d’avancement du projet. Cette approche, où l’investisseur s’engage à achever son projet dans la limite de la période de prolongation accordée, a permis de concrétiser plusieurs projets, a dit le DG de l’AAPI.
Sabrina Aziouez