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Une initiative en 6 axes pour mettre fin au conflit au Niger : L’Algérie présente un plan de sortie de crise

L’Algérie a présenté une initiative en six, misant notamment sur une période de transition d’une durée de six mois au maximum et dirigée par une personnalité civile consensuelle au Niger, pour mettre fin à la crise qui secoue ce pays voisin.

L’Algérie a entrepris une opération de médiation à grande échelle afin de garantir une résolution de la crise au Niger à travers des moyens pacifiques et diplomatiques. Les autorités algériennes, sous la conduite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ont mené des consultations dès les premières heures de la crise d’abord avec les autorités nigériennes, puis avec le Bénin, ainsi que les Etats-Unis, pour finir avec la récente mission de médiation dépêchée vers le Niger, et les membres de la Cédéao que sont le Nigéria, le Bénin et le Ghana. Des consultations qui ont permis de dégager un consensus sur la nécessité de recourir aux moyens pacifiques pour régler la crise au Niger induite par le coup d’État du 26 juillet et qui a renversé le président élu, Mohamed Bazoum, ainsi que sur la nécessité d’éviter le recours à la force au regard des conséquences désastreuses qu’une intervention militaire au Niger sur l’ensemble de la région. Des consultations qui ont permis à l’Algérie de mettre en place une première proposition concrète, un plan de sortie de crise en six axes. Un plan qui a d’ailleurs été dévoilé hier par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, lors d’une conférence de presse qu’il a animée au Centre international des conférences à Alger. Attaf a indiqué que l’initiative du président de la République pour le règlement politique de la crise au Niger, s’articulait autour de six axes et s’inscrivait dans le cadre d’une vision garantissant, d’une part le respect du principe de rejet des changements anticonstitutionnels, et d’autre part l’adhésion de toutes les parties autour de l’option pacifique, loin de toute intervention militaire. Ce plan s’articule ainsi sur le « renforcement du principe de rejet des changements anticonstitutionnels et la définition d’un délai de six mois pour la mise en œuvre d’une solution politique devant aboutir au rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique au Niger, à travers la reprise de l’action politique dans le cadre de l’Etat de droit ».

Concernant les arrangements politiques de sortie de crise, l’initiative « exige l’impérative association et aval de toutes les parties au Niger, sans exclusion aucune, ces arrangements devant être conduits dans un délai ne dépassant pas les six mois, sous le contrôle d’une autorité civile, conduite par une personnalité consensuelle, acceptée par toutes les factions de la classe politique au Niger afin d’aboutir au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans ce pays ». Le MAE a ajouté que l’approche politique préconisée par l’Algérie propose d’accorder les garanties adéquates à toutes les parties concernées dans la perspective d' »assurer la durabilité de la solution politique et son acceptation de tous ».

Pour la mise en œuvre de ces arrangements politiquesle ministre expliqué que  « l’Algérie entamera des contacts et des consultations approfondies avec toutes les parties concernées qui peuvent contribuer et aider au règlement politique de la crise ou soutenir les efforts fournis en ce sens ». Ces contacts seront ainsi engagés avec toutes les parties concernées au Niger, avec les pays voisins, ainsi qu’avec les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), particulièrement le Nigeria qui préside le groupe, en sus des pays qui souhaitent soutenir le processus politique de sortie de crise au Niger.

L’initiative du président de la République prévoit également l’organisation par l’Algérie d’une conférence internationale sur le développement au Sahel, dans le souci d’encourager l’approche de développement et de mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre des programmes de développement dans cette région qui a « cruellement besoin d’infrastructures sociales et économiques à même de garantir la durabilité de la stabilité et de la sécurité ».

« L’idée d’organiser cette conférence internationale n’est pas nouvelle, l’Algérie y songe depuis longtemps sans qu’elle ne puisse se concrétiser. Nous voulons la relancer car nous estimons que l’approche politique et l’approche économique doivent être complémentaires », a soutenu le ministre. L’approche politique pour le règlement des problèmes dans la région « ne suffit pas » et « une action complémentaire et intégrée sur le plan économique est nécessaire », a affirmé M. Attaf, qui a souligné que cette conférence internationale viendra « couronner le processus politique ». Dans sa déclaration liminaire, M. Attaf a indiqué qu’au titre du sixième axe de l’initiative du président de la République, l’Algérie œuvre pour l’organisation de cette conférence internationale dans le but de « promouvoir une approche basée sur le développement et mobiliser les financements nécessaires à la mise en œuvre de programmes de développement dans cette région, qui a cruellement besoin d’infrastructures sociales et économiques, à même de garantir une stabilité et une sécurité durables ».

Dans le même cadre, M. Attaf a fait savoir que l’Algérie présentera lors du prochain sommet de l’Union africaine (UA) des propositions pour renforcer le principe du rejet des changements anticonstitutionnels ainsi que les mécanismes de sa concrétisation, d’autant qu’elle se considère « la dépositaire politique et moral du principe du rejet des changements anticonstitutionnels de pouvoir en Afrique, lequel a été consacré sur sa terre lors du sommet africain de 1999 ».

BRICS : L’Algérie est toujours orientée vers l’Asie

La sortie du chef de la diplomatie algérienne a également été l’occasion de revenir sur plusieurs questions internationales et régionales. Et la question de la non-adhésion de l’Algérie au BRICS a d’ailleurs été soulevée lors de la session des questions réponses avec la presse. Ce fut l’occasion pour Attaf d’afficher une réaction officielle du département des Affaires étrangères à cet événement près d’une semaine après les faits.  Attaf a ainsi indiqué que la non-adhésion de l’Algérie au BRICS ne changeait rien aux rapports que notre pays entretient avec les pays membres du groupe qui sont d’ailleurs « des alliés » et avec laquelle l’Algérie partage des principes fondamentaux. Il a ainsi expliqué que le Président Abdelmadjid Tebboune, avait consacré l’orientation vers l’Asie centrale et l’Asie comme l’un des axes de la politique étrangère du pays, arguant que la non-adhésion de l’Algérie au groupe des « BRICS » n’altère en rien cette « nouvelle orientation ». M. Attaf a affirmé, en outre, que l’Algérie aspirait à adhérer aux BRICS pour renforcer les cadres de déploiement de sa politique étrangère, assurant qu’en dépit de sa non-adhésion au groupe, l’Algérie « poursuivra résolument ses choix »., L’Algérie, qui a de tout temps plaidé en faveur de la multipolarité dans les relations internationales et le rétablissement de la coopération multilatérale, continuera à défendre ses choix avec ses alliés des BRICS dans d’autres cadres comme le Conseil de sécurité de l’ONU, le groupe des 77 et le Mouvement des non-alignés, a soutenu M. Attaf. Il ne faut pas considérer la non-adhésion comme une défaite, car « l’Algérie dispose toujours de cadres suffisants pour défendre ses intérêts diplomatiques, politiques, stratégiques et économiques, notamment vers la nouvelle orientation vers l’Asie centrale et l’Asie », a estimé M. Attaf. Parmi ces cadres et choix, M. Attaf a évoqué les efforts de l’Algérie pour rejoindre la Nouvelle banque de développement (NBD) des BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai, rappelant sa contribution au capital de la Banque de Shanghai pour l’investissement dans les infrastructures.

La Tunisie entend criminaliser la normalisation

Le MAE a également évoqué des questions régionales notamment celles relatives aux pressions exercées sur certains pays du Maghreb pour aller dans le sens de la normalisation avec l’entité sioniste. S’il a refusé de commenter les récents évènements en Libye, il a indiqué en ce qui concerne la Tunisie que l’Algérie a reçu des assurances de la part de ce pays voisin concernant le rejet de toute normalisation, révélant un projet de criminalisation de la normalisation dans ce pays. Enfin et interpellé à propos de l’UMA, le ministre a affirmé que l’Algérie n’avait aucune responsabilité dans le gel de l’action maghrébine. «Le gel de l’action maghrébine est intervenu durant mon premier mandat de ministre des Affaires étrangères, en 1995, suite à une demande écrite du Premier ministre, ministre des Affaires étrangères marocain, M. Filali», a rappelé. «L’Algérie n’a aucune responsabilité dans le gel de l’action maghrébine», a-t-il insisté. «Les conditions n’ont pas changé. Elles se sont même détériorées. Aussi, il est difficile aujourd’hui de parler de la relance de l’Union du Maghreb arabe», a soutenu le ministre.

Lyes Saidi

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