Économie

Pétrole : L’Opep avertit contre le risque de désinvestissement

Le Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole Haïtham Al-Ghaïs a une nouvelle fois averti lundi quant aux conséquences du sous-investissements dans l’industrie pétrolière et gazière à long terme, tout en démontant les arguments de l’Agence internationale de l’énergie qui pousse vers le désinvestissement dans les énergies fossiles. Dans des entretiens qu’il a accordés aux chaines américaine et britannique CNN et BBC en marge du Salon International petroleum exhibition & conférence  »ADIPEC », qui se tient à Abou Dhabi, le SG de l’Opep a souligné que la demande d’énergie devrait augmenter de 25% d’ici 2045. Il a ainsi mis en avant le fait que couvrir la demande d’énergie par les seules énergies renouvelables et l’hydrogène vert serait un défi impossible à relever.

Al Ghais a déclaré que la croissance de la population et de l’économie signifiait qu’il n’y avait « aucun moyen sur terre » que les besoins énergétiques futurs du monde puissent être satisfaits uniquement par les énergies renouvelables ou en comptant sur l’hydrogène comme source d’énergie. « Nous devons nous assurer que le monde dispose d’assez d’énergie – stable, abordable, fiable, non intermittente », a-t-il ajouté.

Pour rappel, Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, a déclaré la semaine dernière que, malgré une énorme expansion des énergies renouvelables dans le monde entier, limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels – seuil au-delà duquel les conditions météorologiques extrêmes auront un impact catastrophique – restait une « tâche herculéenne ». Pour atteindre cet objectif, les projections de l’AIE indiquent que la demande mondiale de combustibles fossiles devrait chuter de 25 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux actuels. En réponse à cette affirmation, le SG de l’Opep a déclaré que l’atteinte de cet objectif de réduction serait un « défi monumental », étant donné que la consommation de combustibles fossiles en proportion de la demande mondiale d’énergie n’avait guère bougé en 30 ans.

Le DG de l’Opep estime donc que d’importants investissements sont nécessaires dans l’industrie pétrolière afin de garantir la couverture de la demande. Il a ainsi indiqué que dans le monde entier, un investissement total d’au moins 12 billions de dollars est nécessaire dans l’industrie pétrolière à l’horizon 2045 pour éviter une hausse des prix de l’énergie. Le sous-investissement dans le secteur pétrolier est « dangereux », a-t-il averti. « En sous-investissant, nous mettons en danger la sécurité énergétique… Sans cet investissement, je pense qu’il y a de sérieuses possibilités que les prix, la volatilité, augmentent à mesure que la demande augmente », a-t-il déclaré.

Interrogé sur le fait de savoir si le pétrole atteindra les 100 dollars le baril, comme certains analystes l’ont suggéré, Al Ghais a déclaré que l’OPEP ne prévoyait pas les prix, mais « les facteurs qui peuvent conduire à ce chiffre… sont là depuis un certain temps et continuent d’exister – en particulier, les sous-investissements que nous avons constatés dans le pétrole ».

Samira Ghib

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