Opep+ : Statu quo maintenu, Ryad et Moscou prolongent leurs coupes
Comme attendu, le Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l’accord Opep+ a opté pour le statu quo et le maintien des quotas actuels de production de pétrone. A l’issue de la réunion tenue hier par visioconférence, le JMMC a recommandé de maintenir la stratégie actuelle de baisse de production, tandis que l’Arabie saoudite et la Russie ont décidé de prolonger leur réduction de l’offre jusqu’à la fin de l’année. Le Comité a souligné dans un communiqué que l’Opep + « a réaffirmé ses engagements », se disant « prête à prendre des mesures supplémentaires » en fonction des conditions de marché. Le JMMC a également salué « les efforts de l’Arabie saoudite », cheffe de file du groupe, qui réduit volontairement sa production d’un million de barils par jour depuis juillet.
En effet, le ministère saoudien de l’Energie a confirmé, dans un communiqué, la poursuite de cette mesure jusqu’à fin 2023. La production du royaume devrait donc s’élever à environ 9 millions de barils par jour pour les mois de novembre et décembre, est-il précisé.
De son côté, la Russie a elle aussi maintenue la diminution de ses exportations de l’ordre de 300’000 barils par jour jusqu’à décembre, a indiqué le vice-Premier ministre Alexandre Novak, selon des propos cités par la chaîne Telegram du gouvernement. « Une analyse du marché sera menée le mois prochain afin de décider s’il convient d’accroître la coupe ou d’augmenter la production de pétrole », a ajouté M. Novak, en écho au communiqué saoudien. Il est utile de rappeler dans ce contexte que l’Opep+ a décidé en octobre de 2022 d’une baisse de la production de pétrole de 2 millions de barils/ jours. Une décision qui a été suivie au mois d’avril par des réductions volontaires de la production de pétrole de plusieurs pays membres de l’Opep+ de 1,16 million de barils quotidiens jusqu’à la fin 2024, don 500.000 barils/jours pour l’Arabie saoudite. Celle a par la suite annoncé un élargissement de cette coupe à 1 million de barils/ jour. Des mesures prises pour soutenir les cours du baril de brut, dans un contexte d’incertitude et volatilité du marché pétrolier. Des mesures qui ont permis au cours de retrouver les niveaux des prix de novembre et juillet 2022 au cours des derniers jours et de dépasser le cap des 90 dollars/
Depuis, le Brent de la Mer du Nord a progressé d’environ 5% et le WTI son équivalent américain, de plus de 7%. Le Brent a frôlé fin septembre le seuil symbolique de 100 dollars le baril, avant de connaître avec le WTI un repli ces derniers jours. Hier après-midi, les cours ont dévissé pour redescendre en dessous des 90 dollars. Vers 15H40 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, baissait de 3,93% à 87,35 dollars. Le WTI pour livraison en novembre, chutait de 4,08% à 85,59 dollars. Les deux références mondiales ont dévissé d’environ 10% depuis une semaine. Les cours ont accéléré leurs pertes après la publication de l’état des stocks hebdomadaires commerciaux américains par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) pour la semaine achevée le 29 septembre. Si les réserves commerciales de brut ont diminué de 2,22 millions de barils par jour (contre la petite hausse de 50.000 barils anticipée par les analystes, selon la médiane d’un consensus compilé par Bloomberg), le marché semble se concentrer sur l’envolée de 6,48 millions de barils d’essence. Le billet vert pesait aussi sur le brut, « les matières premières souffrant d’un dollar plus fort », expliquent les analystes de DNB. Et « le dollar américain a gagné beaucoup de terrain au cours des trois derniers mois, soutenu par la bonne performance de l’économie américaine par rapport aux zones commerciales concurrentes telles que l’Europe et la Chine », rappelle John Evans, analyste chez PVM Energy. « Les inquiétudes concernant l’impact que des taux plus élevés pourraient avoir sur l’activité économique mondiale » lestent également le brut, ajoute Michael Hewson de CMC Markets, la croissance économique étant liée au niveau de la demande de brut. Les membres du JMMC se retrouveront de nouveau le 26 novembre pour faire un point avant la réunion ministérielle des treize pays exportateurs de pétrole (OPEP) et leurs dix partenaires non-Opep, à Vienne.
Samira Ghrib