Fonction publique : Le gel sur les promotions définitivement levé
Le Premier ministre a annoncé samedi soir une série de mesures destinées à améliorer le pouvoir d’achat des ménages qui seront introduites dans le cadre du projet de loi de Finances 2024, ainsi que la levée du gel sur les promotions dans la fonction publique, de même qu’il a assuré que des mesures ont été prises pour juguler l’inflation et mettre fin aux perturbations de l’approvisionnement du marché avant la fin de l’année.
Le Premier ministre, Aïmène Benabderrahmane a une nouvelle fois défendu, samedi soir, son bilan face à l’Assemblée populaire nationale. Lors de la séance dédiée aux réponses du chef de l’Exécutif aux préoccupations soulevées par les députés, Benabderrahmane a souligné, une fois encore, que des progrès significatifs ont été réalisés, malgré un contexte international difficile, tout en mettant en avant de nouveaux engagements pour répondre à certaines préoccupations, notamment en ce qui concerne le pouvoir d’achat des ménages, des conditions socio-économiques des citoyens, ainsi que l’approvisionnement du marché. Le Premier ministre a également annoncé le dégel définitif des promotions dans la fonction publique. Lors de ses réponses, Benabderrahmane a souligné que sur instruction du président de la République il a été décidé de lever, de manière définitive, le gel des promotions dans la Fonction publique, ce qui permettra à 280.000 fonctionnaires remplissant les conditions d’ancienneté, d’en bénéficier. Et de préciser que cette opération à laquelle un budget de 29,6 milliards de dinars a été alloué, se fera progressivement sur trois ans (2023, 2024, 2025), à raison de 100.000 promotions par an. Cette décision vise à rattraper le retard enregistré depuis 9 ans. Benabderrahmane a souligné que le retour au processus ordinaire des promotions dans la Fonction publique « se fera à l’horizon 2026, en fonction des plans des ressources humaines ».
Le Premier ministre qui a également mis en avant les mesures prévues dans le cadre de la loi de finances 2024 pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages à travers une augmentation substantielle des transferts sociaux directs et des salaires des fonctionnaires notamment, a également souligné que de plusieurs mesures ont été prises afin de juguler l’inflation et a assuré que les perturbations d’approvisionnement du marché en produits alimentaires de large consommation seront éliminées « avant la fin de l’année ». Il a ainsi souligné que que des mesures ont été prises sur le terrain dans le but de maitriser le réseau de distribution des produits de large consommation qui comprend douze produits alimentaires de base, affirmant que « les perturbations d’approvisionnement du marché seront éliminées avant le 31 décembre ».
Fin des pénuries d’ici à la fin de l’année
« L’élaboration du projet de décret exécutif définissant les marges bénéficiaires maximales des légumineuses, du riz et des autres produits alimentaires de large consommation a été parachevée, l’objectif de ce texte étant de mettre en place les mécanismes juridiques à mêmes de protéger le consommateur et de moraliser les pratiques commerciales en vue de maintenir l’approvisionnement régulier du marché », a poursuivi le Premier ministre. Concernant la régulation et l’encadrement du marché pour assurer la stabilité des prix, le Premier ministre a affirmé que la hausse des prix est « conjoncturelle », saluant les efforts de l’Etat dans ce sens visant à trouver des solutions pour intégrer les commerçants de l’informel dans les marchés non exploités au nombre de 622 sur un total de 1502 marchés de détail au niveau national. Par ailleurs, pour lutter contre l’inflation importée, l’une des principales raisons de l’inflation en Algérie, la Banque d’Algérie a pris une série de mesures dont le taux de change nominal, « en ce que le taux de change réel nominal augmenté de 8,1% sur une base annuel en juillet 2023, a contribué à la réduction de l’inflation importée », a relevé le Premier ministre qui a précisé que cette hausse de la valeur du dinar a été réalisée à la faveur de la bonne performance des principaux indicateurs économiques en Algérie notamment le solde positif continuel de la balance des paiements.
Concernant le secteur agricole, notamment la filière des viandes rouges, le Premier ministre a expliqué au sujet de l’élevage du bétail, que les résultats du recensement mené, pour la première fois en 2022-2023, par l’Etat, ont montré une diminution de ce cheptel à 21,7 millions de têtes, dont 17,3 millions de têtes ovines. Afin de garantir la stabilité et le développement du secteur des viandes rouges, il a rappelé les mesures prises, dont l’ouverture de l’importation de viande bovine et ovine avec une réduction des droits de douane de 30% à 5% afin d’assurer la disponibilité de ces viandes et d’en réguler le prix. Concernant la stabilité et le développement de la filière des viandes blanches, le Premier ministre a affirmé que l’Etat avait pris des mesures pour renforcer la disponibilité du produit en « lançant un appel d’offres pour importer une quantité limitée » de viandes blanches et d’œufs d’incubation, et « avoir, ainsi, un stock stratégique en prévision du prochain mois de Ramadan ». Par ailleurs, le Premier ministre a rappelé les mesures exceptionnelles prises par le Président de la République pour indemniser les agriculteurs touchés par les effets de la sécheresse et des changements climatiques enregistrés dans certaines wilayas en mai dernier « Par solidarité avec les agriculteurs afin de préserver leurs revenus et d’éviter une détérioration de leurs conditions sociales qui pourrait entraver le succès du lancement de la saison agricole 2023-2024, le Gouvernement a pris des mesures concrètes pour recenser les personnes touchées, et les résultats préliminaires ont permis de recenser 90.000 agriculteurs dans 34 wilayas, avec une superficie sinistrée estimée à 1,2 million d’hectares et un déficit hydrique de 90% dans la plupart des wilayas du nord du pays, a poursuivi le Premier ministre.
Concernant le secteur de l’Education nationale, Benabderrahmane a indiqué que les statuts des fonctionnaires relevant des corps du secteur seront rendus publics avant la fin de l’année, conformément à la directive du président de la République donnée lors de la réunion du Conseil des ministres du 12 septembre dernier. Pour ce qui est du secteur de la Santé, Benabderrahmane a entre autres évoqué les mesures adoptées dans le but de garantir la disponibilité des médicaments à l’échelle nationale à l’instar des anesthésiques et de certains médicaments destinés au traitement du cancer, affirmant que « de nombreuses procédures immédiates ont été mises en place afin d’en assurer leur disponibilité, pour ne citer que l’accélération des procédures douanières afin de permettre l’acquisition de grandes quantités de ces médicaments dont une partie a été réceptionnée fin septembre dernier tandis que les quantités restantes arriveront en octobre ». Evoquant la pénurie sévère de certains médicaments, le Premier ministre l’a imputée à « la réaction de certains laboratoires étrangers qui n’ont pas apprécié les mesures de régulation du marché prises par l’Etat favorisant le produit national », faisant savoir que des « instructions fermes ont été données, à cet effet, pour assurer un stock stratégique permanent de médicaments au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux et activer les mécanismes mis en place pour éviter les pénuries ».
Samir Benisid