Sécurité des aliments : Une question de santé publique
L’obésité, le diabète l’hypertension artérielle sont devenus de véritables problèmes de santé publique. Plus d’un quart des Algériens adultes souffre d’hypertension artérielle et le taux de prévalence du diabète est supérieur à 14% dans notre pays. Une situation qui impose l’ouverture d’un véritable débat sur évolution de ces maladies liées à un mode de consommation qui change et qui devient de plus en plus malsain. Une question qui a d’ailleurs été au cœur d’une journée scientifique sur le modèle d’alimentation saine, organisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) au Centre international de conférences (CIC) « Abdelatif-Rahal », à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation. À l’occasion de cette journée, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni a affirmé, lundi à Alger, que l’Algérie avait adopté les mesures nécessaires en vue d’assurer des aliments sains au profit des consommateurs. Il a dans ce sens précisé qu’en vue de promouvoir une alimentation saine et prévenir les maladies non transmissibles comme l’obésité, l’hypertension artérielle et le diabète, des mesures ont été prises en vue de réduire la consommation excessive ainsi que le sucre, le sel et les matières grasses dans certains aliments les plus consommés, d’autant plus que ces efforts ont été couronnés par la promulgation de 9 textes réglementaires dans le journal officiel (JO) et encadrant plusieurs aliments. Zitouni a affirmé que son département ministériel « a fixé parmi ses priorités stratégiques la protection renforcée de la santé et de la sécurité du consommateur, outre la garantie d’aliments sains ».
Cette démarche s’aligne, poursuit-il, avec les besoins alimentaires des consommateurs eu égard aux changements enregistrés dans les schémas de consommation de la société algérienne, ayant touché toutes les tranches d’âge, à l’instar de l’avancée technologique que connait le domaine de l’industrie agroalimentaire. « De nombreuses mesures s’alignant avec ces changements ont été adoptées par les secteurs ministériels concernés », a-t-il souligné, se félicitant des efforts inlassables consentis par l’Etat en vue de la prévention des intoxications alimentaires. Il a rappelé, dans ce contexte, l’élaboration par son département ministériel, en coordination avec les services extérieurs, de rapports analytiques et évaluatifs sur les cas d’intoxication enregistrés annuellement, affirmant que ces rapports étaient érigés en référentiels utiles aussi bien pour les secteurs concernés que pour les associations de protection du consommateur. Il a également évoqué le projet de protocole d’intervention rapide en cas d’apparition de toute éventuelle intoxication collective, élaboré en 2017 puis actualisé et enrichi en 2020, lequel est considéré comme un mécanisme efficace garantissant la coordination entre les services concernés.
En vue de maitriser ce phénomène, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a partagé sa base de données relative aux intoxications durant la période 2007-2022 avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), en vue de l’exploiter dans l’analyse de ce phénomène et son suivi instantané, affirme M. Zitouni. Au volet légal et réglementaire lié à la salubrité des produits alimentaires, le ministre a rappelé l’entrée en vigueur, depuis février dernier, de l’arrêté interministériel du 1 décembre 2020, définissant les conditions et modalités d’application du système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques (HACCP), lequel contraint les opérateurs économiques à appliquer ce système afin d’évaluer les risques et maitriser davantage la salubrité de leurs produits alimentaires. De plus, les laboratoires de répression de fraude ont été renforcés en ressource humaine et en équipements scientifiques selon M. Zitouni qui a fait état du recensement de 35 laboratoires actifs, précisant que » le but escompté est de réaliser un laboratoire de répression de fraude au niveau de chaque wilaya ». Dans l’aspect de sensibilisation et en vue d’assoir une culture de consommation saine et rationnelle, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations mène à travers 58 wilayas, de manière périodique, des campagnes de sensibilisation en associant les médias et les associations de protection du consommateur et les secteurs ministériels concernés, sur des thèmes relatifs à la prévention des intoxications alimentaires, la sécurité des aliments, la réduction progressive de la consommation de sel, de sucre et des matières grasses, ainsi que sur tous les textes réglementaires y afférents et promulgués dans le journal officiel (JO), ajoute M. Zitouni. Plusieurs experts ayant pris part à la rencontre ont plaidé, lundi à Alger, en faveur d’un retour à un mode d’alimentation traditionnel jugé plus sain pour le consommateur. Experts et scientifiques ont recommandé ainsi de revenir à un mode d’alimentation traditionnel algérien, basé sur la consommation de céréales et de légumes secs notamment. Pour le président de l’ANSS, Pr. Kamel Sanhadji, l’alimentation néfaste, avec le changement climatique et le danger pandémique, constitue un facteur de risque de maladies. Pour y remédier, M. Sanhadji a estimé nécessaire d’anticiper l’émergence de maladies non transmissibles liées à la mauvaise alimentation telles que le diabète, l’obésité, la tension et certains cancers. C’est d’ailleurs la mission de l’agence, a-t-il dit, à travers le rassemblement de diverses données multisectorielles afin de faire émerger de nouvelles informations et de signaux visant à générer un message pédagogique pour la population pour le bien de la santé publique. Il s’agit aussi selon le président de l’ANSS de dégager des données pouvant servir à des décisions politiques idoines en faveur de la sécurité sanitaire des citoyens.
Sabrina Aziouez