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Coopération sécuritaire entre l’Algérie et la France : Tebboune et Macron font sauter tous les verrous

La visite de trois jours effectuée par le président français, Emmanuel Macron, en Algérie, a été sanctionnée par la mise en place d’un partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France. 

La déclaration commune signée samedi par les deux chefs d’Etat est destinée à baliser ce partenariat dans de nombreux domaines, y compris dans ceux de la défense et la sécurité. Concernant ce dernier volet, les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ne semblent pas avoir fixé de limites à la coopération. Ce qui est une première. Les deux présidents ont fait sauter pratiquement tous les verrous qui empêchaient jusque-là des échanges à un très haut niveau entre les deux pays. Et ces verrous s’expliquent à la fois par l’histoire particulière qui lie Paris et Alger (Une colonisation de 132 ans particulièrement atroce, Ndlr) et les objectifs géopolitiques et géostratégiques souvent divergents que visent les deux capitales. Cela a eu pour résultat d’instaurer une méfiance entre les armées et les services de renseignement des deux pays. Pour dissiper cette méfiance et les malentendus éventuels, les présidents algérien et français ont présidé jeudi à Alger une rencontre à laquelle ont participé leurs chefs d’état major et les patrons des leurs services de renseignements. Tous les observateurs l’ont relevé, il s’agissait là d’une première depuis l’indépendance. Ce type de rencontres est appelé à se renouveler puisque dans la « Déclaration d’Alger pour un Partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie », il est clairement dit que « pour les questions de défense et de sécurité, les chefs d’Etats réuniront les responsables des deux pays sur le modèle de la réunion de Zeralda du 26 août 2022, chaque fois que nécessaire ». Il n’y a donc pas de doute, il y aura non seulement une plus grande fluidité dans les échanges et une plus grande coopération sur le terrain dans les domaines sensibles de la défense et de la sécurité.

Très inattendu, ce rapprochement peut s’expliquer par plusieurs données. Bien que le poids de l’histoire continue de peser sur les relations algéro-françaises, Tebboune et Macron semblent s’être résolus à adopter une démarche très pragmatique dans ce domaine. Comme a eu à le rappeler le chef d’état major de l’ANP, Saïd Chanegriha, dans son allocution de bienvenue prononcée à l’occasion de sa rencontre avec le ministre français de la Défense, l’Algérie et la France affrontent non seulement les mêmes défis sécuritaires mais sont également liées par la géographie, la Méditerranée occidentale. A ce titre, il semble que tout le monde a compris qu’il était plus de leur intérêt de coopérer que de s’affronter.

Paris et Alger ont un autre point commun qui s’appelle le Maghreb et la région Sahélo-Saharienne, des espaces actuellement déstabilisés à la fois par le terrorisme, les conflits et les crises socio-économiques. Chacun des deux pays a intérêt également à multiplier les partenariats pour endiguer la menace et pour surtout éviter de se marcher sur les pieds.

Une coopération entre l’Algérie et la France dans les domaines militaire et sécuritaire ne peut avoir que des répercussions positives sur ces régions, à la condition bien sûr que tout le monde joue franc jeu. Autrement, cela restera un vœu pieux. Cela est surtout valable pour le Sahel qui est composé globalement d’Etats faillis et donc incapables d’assurer leur sécurité. Il serait effectivement dangereux autant pour Alger que pour Paris de se laisser distancer par des acteurs extra-régionaux ou non étatiques surtout lorsque l’on sait l’importance que la région représente pour les deux pays. Quoiqu’il en soit, ce rapprochement algéro-français correspond à un recentrage stratégique important. 

Khider Larbi 

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