L’occupation sioniste multiplie les massacres à Ghaza : L’ONU face à ses responsabilités
Le massacre mardi de centaines de civils palestiniens dans le camp de Jabaliya par l’occupation sioniste constitue un nouveau tournant dans le conflit en Palestine occupée. La multiplication des massacres de civils, le ciblage systématique des journalistes et personnels de santé, le recours aux armes prohibées font réagir gouvernements, citoyens ONG et fonctionnaires onusiens. Ils exhortent tous l’ONU à intervenir pour faire cessez les atrocités. Un consensus émerge d’ailleurs sur la vérité de ce qui se passe à Ghaza et que le monde entier reconnaît comme génocide des Palestiniens.
Le monde se révolte contre la barbarie sioniste en Palestine occupée. Même si le bloc occidental continue, et à sa tête Washington, continue de soutenir et de financer l’occupation en Palestine pour des motifs clairement impérialistes, les massacres commis à Ghaza sont dénoncés avec force, partout dans le monde, dans la rue, par les ONG et au sein même des structures de l’ONU appelée à intervenir en urgence et vivement critiquée pour son incapacité à mettre un terme aux souffrances des civils palestiniens.
Reporters sans frontières a décidé de saisir la Cour pénal international à propos des meurtres prémédités des journalistes en Palestine. Le Liban a décidé de porter plainte au Conseil de sécurité pour l’usage de phosphore blanc, interdit par toutes les conventions internationales, au cours des attaques israéliennes au Sud du Liban, tandis qu’un haut fonctionnaire onusien a décidé de démissionner pour dénoncer l’inaction de l’organisation multilatérale.
En effet, le Liban a chargé mardi sa mission auprès de l’ONU de porter plainte contre l’occupant sioniste, qu’il accuse d’avoir utilisé du phosphore blanc dans ses agressions répétées contre le Liban et l’incendie délibéré des forêts dans le Sud du pays, selon la diplomatie libanaise. Depuis le début des agressions sionistes, responsables libanais et ONG, dont Amnesty International mardi, accusent l’entité sioniste d’utiliser du phosphore blanc. Le ministre libanais de l’Agriculture, Abbas Haj Hassan, cité par des médias a affirmé que « grâce à une enquête préliminaire menée par le ministère » (…), ils ont détecté 128 incendies résultant des bombardements de l’armée d’occupation sioniste au phosphore blanc. Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l’usage est interdit contre des civils, selon une Convention signée en 1980 à Genève. Plus tôt mardi, Amnesty International a affirmé qu’elle disposait de preuves de l’utilisation par l’occupant sioniste du phosphore blanc entre le 10 et le 16 octobre, dans le Sud du Liban. Mi-octobre, Human Rights Watch (HRW) avait également accusé l’occupant sioniste d’utiliser du phosphore blanc à Ghaza et au Liban, les 11 et 12 octobre. De son côté l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a annoncé avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour « des crimes de guerre commis contre les journalistes », en Palestine occupée. Cette plainte concerne entre autres, « huit journalistes palestiniens, tués dans des bombardements de zones civiles à Ghaza par Israël, « . Elle mentionne également « la destruction intentionnelle, totale ou partielle, des locaux de plus de 50 médias à Ghaza ». Depuis le 7 octobre dernier, l’occupation sioniste cible délibérément les journalistes palestiniens dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie par le bombardement de leurs sièges et de leurs maisons avec leurs familles, pour occulter les crimes de génocide en cours, a dénoncé Omar Nazzal, membre du secrétariat général du Syndicat des journalistes palestiniens. « Les fortes pressions et les grandes restrictions imposées aux journalistes ont amené le Syndicat des journalistes palestiniens à envoyer une correspondance au Parlement européen, l’exhortant à intervenir en urgence pour sauver les journalistes et permettre au monde entier de connaître la réalité de ce qui se passe en Palestine », a-t-il fait savoir.
Un monde réticent à agir
Cependant, c’est le massacre du camp de réfugiés de Jabaliya qui suscite les réactions les plus épidermiques, notamment au sein de l’ONU. Le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, a dénoncé hier le bombardement du camp de réfugiés décrivant «la dernière atrocité en date frappant les habitants de Ghaza». «C’est simplement la dernière atrocité en date frappant les habitants de Ghaza», où les agressions sont entrées dans une phase «encore plus terrifiante, avec des conséquences humanitaires de plus en plus épouvantables», a-t-il déclaré dans un communiqué. «A Ghaza, des femmes, des enfants et des hommes meurent de faim, sont traumatisés et tués dans des bombardements. Ils ont perdu toute foi en l’humanité et tout espoir dans l’avenir», a insisté Martin Griffiths, de retour d’un déplacement en Cisjordanie occupée. «Pendant ce temps, le monde semble incapable, voire réticent à agir. Cela ne peut pas continuer», a-t-il ajouté, appelant à permettre l’entrée de plus d’aide humanitaire à Ghaza. «Un échec à agir maintenant aura des conséquences bien au-delà de la région, parce que c’est une crise mondiale», a-t-il mis en garde. Un autre responsable est allé plus loin pour dénoncer cette incapacité à agir. En effet, le directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme, Craig Mokhiber, a annoncé, mardi soir, sa démission de son poste, en signe de protestation contre «l’impuissance de l’ONU à arrêter le génocide» que commet l’entité sioniste contre les Palestiniens dans la bande de Ghaza et la Cisjordanie occupée et la «complicité» de plusieurs Etats avec l’occupant
«Ce sera ma dernière communication officielle avec vous en tant que directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme. J’écris à un moment de grande angoisse pour le monde, y compris pour nombre de nos collègues. Une fois de plus, nous voyons un génocide se dérouler sous nos yeux, et l’Organisation que nous servons semble impuissante à l’arrêter», a écrit M. Mokhiber dans une lettre adressée au Haut-Commissaire, Volker Turk. «Ayant enquêté sur les droits de l’Homme en Palestine depuis les années 1980, vécu à Ghaza en tant que conseiller des droits de l’Homme de l’ONU dans les années 1990 et mené plusieurs missions de défense des droits de l’Homme dans le pays avant et depuis, cela me touche profondément», a, en outre, écrit le désormais ex-responsable onusien des droits de l’Homme. Précisant qu’il est avocat spécialisé dans les droits de l’Homme avec plus de trois décennies d’expérience dans le domaine, M. Mokhiber a noté que bien que le concept de génocide fait souvent l’objet d’« abus politiques», le gouvernement et l’armée sionistes «ne laissent aucune place au doute ou au débat». «A Ghaza, des habitations civiles, des écoles, des églises, des mosquées et des établissements médicaux sont attaqués sans motif tandis que des milliers de civils sont massacrés. En Cisjordanie, y compris à El-Qods occupée, les maisons sont saisies et réaffectées uniquement sur la base de la race, et de violents pogroms de colons sont accompagnés par des unités de l’armée (sioniste). Partout dans le pays, l’apartheid règne», a-t-il dénoncé. Pour le défenseur des droits de l’Homme, ce qui se passe dans les territoires palestiniens «est un cas d’école de génocide», affirmant que «le projet colonial européen, ethno-nationaliste, en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine». Selon lui, «les gouvernements des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d’une grande partie de l’Europe sont entièrement complices de cet horrible assaut». Il note, à ce sujet, que «non seulement ces gouvernements refusent de respecter leurs obligations conventionnelles d’assurer le respect des Conventions de Genève, mais ils arment en fait activement les assauts, en fournissant un soutien économique et en matière de renseignement, et en fournissant une couverture politique et diplomatique aux atrocités» sionistes.
La complicité de Washington dénoncée
Une complicité d’ailleurs dénoncée par les citoyens de ces mêmes pays. Ainsi, des manifestants ont interrompu, ce mardi, une audition devant le Congrès américain des ministres de la Défense et des Affaires étrangères, exigeant de « sauver les enfants de Ghaza », en proie à une agression sioniste sanglante. Plusieurs personnes ont d’abord silencieusement levé leurs mains couvertes de peinture rouge pour symboliser le sang versé dans la bande de Ghaza, derrière Lloyd Austin et Antony Blinken, assis devant une commission sénatoriale. Puis toutes les quelques minutes, l’un se levait pour crier « Cessez-le-feu maintenant ». « Les Palestiniens ne sont pas des animaux », a crié une manifestante. « Sauvez les enfants de Ghaza », « honte à vous tous », a crié une autre. Une personne portait une veste sur laquelle était écrit: « Cessez de financer le génocide ». M. Blinken a plusieurs fois dû s’interrompre le temps que des manifestants soient escortés hors de la salle par la police.
Sur le terrain, l’occupation multiplie les raids sanglants. Elle a ainsi continué hier à bombarder le camp de Jabaliya, dans le nord de la bande de Ghaza, où plusieurs dizaines de Palestiniens étaient déjà tombés en martyrs la veille. La Défense civile du territoire palestinien a affirmé que ce nouveau bombardement avait «tué des familles entières».
Les combats entre la résistance palestinienne et l’occupation qui échoue jusqu’à présent à mener une incursion terrestre dans l’enclave palestinienne se poursuivent. Les Brigades al-Qassam ont ainsi annoncé hier la destruction de deux chars israéliens à Beit Hanoun, dans le nord-est de la bande de Gaza. Plus tôt dans la journée du mercredi, al-Qassam a annoncé la destruction de 4 engins israéliens avec des roquettes Yassin 105, dans la ville de Beit Hanoun, alors que la chaîne privée israélienne 13 a rapporté que « le nombre de soldats israéliens tués dans les combats à Gaza s’est élevé à 15 depuis mardi ».
Depuis l’aube du mardi, les affrontements et les confrontations directs se sont intensifiés entre l’armée israélienne et les combattants des Brigades al-Qassam, dans plusieurs zones du nord de Gaza, et dans le point de passage d’Erez.
Lyes Saidi