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Avis de tempête sur le commerce mondial

Les prix du fret s’envolent alors que les tensions en mer Rouge s’aggravent

18 compagnies de transport maritime ont décidé ces dernières semaines d’emprunter une de détourner leurs navires de la mer Rouge, la principale route commerciale entre l’Asie et la Méditerranée, alors que les tensions en mer Rouge montent, sur fonds d’escalade du conflit induit par l’agression israélienne contre Ghaza. Les prix du fret s’envolent, et avec eux les inquiétudes concernant les retombées du conflit non seulement sur la région du Moyen-Orient, mais aussi sur le commerce international et par ricochet l’économie mondiale.

La persistance de l’agression israélienne contre la Bande de Ghaza risque d’avoir des conséquences durables, sur la région dans la mesure où l’occupation sioniste cherche à entraîner plusieurs pays dans la région, mais aussi sur l’économie mondiale. Le fait est que l’une des conséquences du débordement du conflit en Palestine occupée est l’escalade des tensions en mer Rouge, laquelle escalade pousse les compagnies maritimes à se détourner de cette route commerciale par laquelle transite 12% du commerce mondiale, mais qui est aussi la principale route de commerce en l’Asie d’une part et la Méditerranée et l’Europe d’autre part. Pas moins de 18 compagnies maritimes, la dernière étant le Danois Maersk, ont décidé de détourner, vers la Cap de Bonne espérance, leurs navires devant passer par le détroit stratégique de Bab Al-Mandeb où les Houthis ont décidé de lancer des attaques contre les navires israéliens et ceux devant approvisionner l’entité sioniste, tant que la guerre contre Ghaza se poursuivra. Une situation qui n’est pas sans conséquence et qui risque de créer de nouveaux goulots d’étranglement de la chaine d’approvisionnement et d’affecter une nouvelle le commerce mondial, déjà minés par la pandémie de covid-19 en 2020, les conséquences du conflit en Ukraine en 2022 et le découplage des échanges dans le sillage de confrontation géostratégique en les USA et la Chine. Un avis de tempête sur le commerce mondial s’annonce qui risque d’avoir des conséquences sur l’économie mondiale et d’alimenter de nouvelles pressions inflationnistes dans un contexte de résurgence des incertitudes économiques pour 2024.

Les prix du fret ont doublé

L’effet immédiat de la situation est que celle-ci devrait engendrer des retards dans la livraison des marchandises en provenance d’Asie vers les marchés de Méditerranée et d’Europe. Un retard estimé entre 10 et 20 jours selon les acteurs du secteur. Un détour aussi qui affecte directement les prix du fret qui s’envolent. A titre d’exemple, CMA CGM, a doublé le prix d’un conteneur de 40 pieds entre l’Asie et la Méditerranée de 3000 à 6000 dollars.

En une semaine, les taux spot pour le fret sur le marché entre Asie et Méditerranée ont bondi de 70 % et de 80 % entre Asie et Europe et les niveaux ont plus que triplé depuis le début du mois.

Le SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), qui reflète les prix au comptant pour le fret conteneurisé de Shanghai vers une vingtaine de destinations dans le monde, s’est emballé dans la dernière semaine de décembre, s’élevant à 1759,57 points le 29 décembre, contre 1254,99 une semaine auparavant.

Il a ainsi augmenté de 58,9 % par rapport à la même semaine de l’année dernière et de 77 % au cours des cinq dernières semaines. Les marchés énergétiques ne sont pas en reste. Les cours du pétrole ont bondi vendredi dans le sillage des tensions. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a gagné 1,50%, pour clôturer à 78,76 dollars. Quant au West Texas Intermediate (WTI) américain, il a pris 2,24%, à 73,81 dollars. Les prix du gaz ne sont pas encore affectés par la situation, dans la mesure où le niveau de la demande en Europe minée par un hiver doux limite les inquiétudes concernant le rapport offre-demande sur les marché spot. Ils cependant de l’être si les tensions persistent. Et cela sera le cas tant que la guerre à Ghaza ne s’arrêtera pas. Il faut dire que pour répondre aux attaques des Houthis du Yémen soutenus par l’Iran, les Etats-Unis ont mis en place une coalition militaire. Ce qui n’a fait que faire de la mer Rouge un autre de terrain de confrontation entre Washington et son allié israélien d’un part, et Téhéran de l’autre. Une confrontation qui alimente des foyers de tension en Irak, en Syrie, et au Liban. Le retour au calme dans la région doit passer par un arrêt des hostilités contre Ghaza. L’ambassadeur chinois Geng Shuang a souligné mercredi lors de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la mer Rouge que celles-ci « sont l’une des manifestations des retombées du conflit à Gaza ». « Ce n’est qu’en parvenant rapidement à un cessez-le-feu à Gaza et en atténuant la crise humanitaire sur le terrain que nous pourrons éviter toute nouvelle escalade en mer Rouge et empêcher que d’autres régions du Moyen-Orient ne soient impliquées dans des conflits et des guerres », a déclaré le représentant permanent de la Chine auprès de l’ONU.

Lyes Saidi

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