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L’Algérie souligne que ce qui se passe à Ghaza est « une infamie » : « Personne ne doit rester silencieux ! »

L’Algérie a dénoncé vendredi au Conseil de sécurité le plan sioniste de déplacement forcé des populations palestiniennes. Des plans mis en œuvre à travers les bombardements, la colonisation et l’annexion des terres, souligne-t-elle.

L’agression israélienne menée contre la Bande de Ghaza a pour finalité une réoccupation de l’enclave palestinienne et qui implique une expulsion massive et forcée de la population palestinienne, en sus du génocide perpétré de manière délibérée par l’occupation sioniste. Des objectifs d’ailleurs pleinement assumés par les officiels et les ministres de l’entité sioniste qui appellent sans la moindre gêne à déplacer les Palestiniens vers d’autres pays. C’est dans ce contexte que le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion, vendredi à la demande de l’Algérie, sur ces risques réels de déportation des Palestiniens. L’Algérie, qui est entrée le 1er janvier au Conseil de sécurité en tant que membre non-permanent, a fait que la question palestinienne une priorité et a souligné lors de cette réunion la nécessité de rejeter le déplacement forcé des Palestiniens, de même qu’elle réitéré l’appel au cessez-le-feu à Ghaza.  Lors de la réunion, le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU, l’ambassadeur Amar Bendjama a souligné que « la situation à Ghaza nous interpelle car ce qui s’y passe dépasse l’entendement mais nous ne devons pas aussi oublier ce qui se passe en Cisjordanie et à Al-Qods ». Le représentant de l’Algérie s’est également interrogé : « n’est-il pas assez d’avoir tué plus de 23.000 personnes, dont plus de 10.000 enfants, et blessé plus de 60 000 autres? n’est-il pas assez d’avoir détruit plus de 60 % des constructions à Ghaza et que tous les habitants de Ghaza soient confrontés à la famine? la communauté internationale acceptera-t-elle que plus de 2 millions de personnes souffrent de faim et de maladie? ».

Il a dans ce sens, rappelé les déclarations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a souligné que « ce qui se passe à Ghaza restera une marque d’infamie dans la conscience de l’humanité », soulignant que « personne dans cette salle ne doit rester silencieux face à ces projets. Le silence est synonyme de complicité ». L’ambassadeur Bendjama a souligné que le plan de déplacement forcé est mis en œuvre sur l’ensemble des terres palestiniennes à travers les bombardements, la colonisation et l’annexion des terres, affirmant que ces plans sont voués à l’échec.  « Notre position doit être claire. Nous devons rejeter le déplacement forcé des Palestiniens. Tout le monde doit comprendre que les Palestiniens n’ont d’autre lieu que leur terre. Tout déplacement forcé est une violation  flagrante du droit international, en particulier de l’article 49 de la 4e Convention de Genève », a-t-il ajouté. Il a également attiré l’attention des membres du Conseil sur le bombardement sauvage de Ghaza, la destruction des infrastructures et le ciblage de tout ce qui symbolise la vie, dans le but de rendre la région inhabitable et de tuer tout espoir chez les Palestiniens de retourner dans leurs foyers, afin de faciliter leur déplacement hors de leurs terres et d’anéantir la cause palestinienne en vidant les terres occupées de leurs populations. Il a enfin réitéré la demande de l’Algérie pour un cessez-le-feu immédiat et permanent à Ghaza, tout en réaffirmant son soutien constant au peuple palestinien frère jusqu’à l’établissement de son Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale.

Le Conseil de sécurité a rejeté tout déplacement forcé des Palestiniens.  L’Equateur, la Sierra Leone comme la Slovénie ont rejeté clairement le transfert forcé de la population civile en violation du droit international humanitaire et des droits de l’Homme, rappelant que la bande de Ghaza fait partie intégrante du territoire palestinien occupé. Le Royaume-Uni aussi a rejeté dans les termes les plus fermes toute déclaration proposant que les Palestiniens soient réinstallés en dehors de  Ghaza. Le Guyana et le Mozambique ont emboîté le pas aux autres membres, jugeant « inacceptables » les transferts forcés et les restrictions imposées à l’aide humanitaire. La Suisse a également rejeté et condamné toutes les déclarations visant à expulser les civils hors du territoire palestinien occupé y compris de Ghaza, rappelant que les Conventions de Genève interdisent le transfert forcé de populations qui peut constituer un crime de guerre.

Lors de la réunion le chef de l’humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths a fait le constat du déplacement forcé de 1,9 million de civils, soit un chiffre stupéfiant de 85% de la population totale, « traumatisés et contraints de fuir encore et encore sous une pluie de bombes et de missiles, et nous pouvons le constater dans les conditions épouvantables qui règnent sur le terrain : les abris débordent, la nourriture et l’eau s’épuisent, avec un risque de famine qui s’accroît de jour en jour ». « Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza », a déclaré le chef de l’humanitaire de l’ONU. « Une vie humaine digne est quasiment impossible ». Dans ces circonstances, la propagation des hostilités plus au sud augmenterait considérablement la pression en faveur du déplacement massif de personnes vers les pays voisins, a-t-il déclaré. « Je tiens à souligner que toute personne déplacée de Gaza doit être autorisée à rentrer, comme l’exige le droit international », a-t-il dit, exprimant sa profonde inquiétude face aux récentes déclarations de ministres israéliens concernant les projets visant à encourager le transfert massif de civils de Gaza vers des pays tiers, actuellement appelé « délocalisation volontaire ». Toute tentative visant à modifier la composition démographique de Gaza doit être fermement rejetée, a déclaré Martin Griffiths. Pour sa part, Ilze Brands Kehris, sous-secrétaire générale des Nations  Unies aux droits de l’Homme, a mentionné le déplacement initié le 12 octobre lorsque les forces sionistes ont ordonné aux Palestiniens au nord de Wadi Ghaza de se déplacer vers le sud, faisant part de ses inquiétudes quant au respect du droit international et suggérant de potentiels crimes de guerre. « De telles évacuations forcées, qui ne remplissent pas les conditions nécessaires à la légalité, constituent donc potentiellement un transfert forcé, un crime de guerre », a-t-elle alerté.

Hocine Fadheli

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