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7e sommet du GECF à Alger : Garantir la stabilité des marchés gaziers

Face à un bloc OCDE qui s’organise pour s’assurer de mettre les marchés gaziers et les prix sous pression et pousse vers une sortie accélérée des énergies fossiles, les producteurs ont tout intérêt à mettre en place de nouveaux dispositifs pour contrer ces manœuvres, garantir la stabilité des marchés gaziers et des prix justes susceptibles de garantir le financement des investissements dans ce secteur au cœur de sécurité énergétique future. 

Le 7e Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz s’ouvrira jeudi à Alger. Un sommet très attendu dans la mesure où Il devra déboucher sur d’importantes résolutions concernant notamment un renforcement de la coordination entre les membres du forum qui contrôle 40% des exportations de gaz et 70% des réserves mondiales, une consolidation du rôle de l’organisation sur les marchés gaziers, une refonte des mécanismes de dialogue entre producteurs et consommateurs ainsi que de vente et d’achat de gaz, en plus de souligner le rôle du gaz dans la transition énergétique. Bref, face à un bloc OCDE qui s’organise pour s’assurer de mettre les marchés gaziers et les prix sous pression et pousse vers une sortie accélérée des énergies fossiles au détriment de la sécurité énergétique, les producteurs ont tout intérêt à mettre en place de nouveaux dispositifs pour contrer ces manœuvres, garantir la stabilité des marchés gaziers et des prix justes susceptibles de garantir le financement des investissements dans ce secteur au cœur de sécurité énergétique future.  Une question sur laquelle s’accordent d’ailleurs acteurs et experts du secteur gazier. Dans ce sens, Mostefa Ouki, chercheur principal à l’Oxford Institute for Energy Studies (OIES), a souligné dans un entretien à l’APS que les pays exportateurs sont devant des « défis

complexes » pour que le rôle du gaz naturel « ne soit pas remis en cause ». Il considère que « les pays exportateurs de gaz doivent se préparer à relever des défis complexes pour que le rôle du gaz naturel ne soit pas remis en cause », même si « la déclaration finale de la COP28 reconnait indirectement le rôle du gaz naturel dans la transition énergétiqueIl souligne que le Sommet du GECF à Alger intervient dans un contexte particulier aussi bien sur les plans géopolitiques qu’énergétiques souligne M. Ouki, citant en ce sens la crise en Ukraine, la nouvelle politique européenne interventionniste dans la gestion des marchés du gaz, l’émergence des Etats-Unis comme le plus gros exportateur de GNL, ainsi que les mesures européennes de décarbonation. De son côté, Didier Holleaux, président d’Eurogas (association représentant le secteur de la vente et de la distribution de gaz en Europe), a mis en avant le rôle du GECF dans la stabilité du marché gazier et dans la restauration de la confiance avec les pays acheteurs, en insistant sur « l’importance du respect des contrats à long terme pour assurer la stabilité et la prévisibilité des approvisionnements ». « Il n’y a pas de développement possible des exportations de gaz sans sécurité d’approvisionnement garantie aux acheteurs », a-t-il ajouté en rappelant que des incidents, notamment géopolitiques, survenus ces dernières années ont provoqué des interruptions de livraisons. « Le GECF peut contribuer à résoudre le problème d’approvisionnement en appelant les pays membres au respect des contrats de long terme en vue de préserver la réputation des exportateurs et plus profondément celle du gaz naturel », a estimé M. Holleaux, auteur du livre « La vraie histoire du gaz », publié en 2024. En ce qui concerne les difficultés d’accès aux financements pour les projets gaziers, M. Holleaux a assuré que les contrats à long terme sont toujours indispensables pour assurer le financement de ces investissements, qu’il s’agisse de ceux du GNL ou d’exportation par gazoduc. Des projets qui dépendant, a-t-il poursuivi, du prix de marché du gaz naturel pour assurer leur amortissement et rentabilité.  S’agissant de l’avenir du gaz en tant qu’énergie du futur, il a rappelé qu’Eurogas a toujours considéré que cette énergie était indispensable à la transition, notamment pour éliminer le charbon et accompagner la transition vers les énergies vertes, en gérant par exemple l’intermittence des énergies éoliennes et solaires. « 

Enfin, Boudjemaâ Hammada, doyen de la Faculté des hydrocarbures et de chimie à l’Université de Boumerdès, a expliqué que ce sommet « se tiendra dans une conjoncture géopolitique mondiale principalement marquée par la crise en Ukraine et l’agression sioniste contre Ghaza (Palestine), qui ont négativement impacté la production, l’approvisionnement et les prix du gaz » dans le monde, prévoyant un maintien de ce statut quo « à court et moyen termes ». Le même expert s’attend à des résultats politiques et économiques « assurément positifs » à l’issue de ce Sommet, tant pour les pays producteurs que consommateurs de gaz, à l’échelle mondiale, devant se traduire, selon lui, par l’instauration d’un dialogue et de discussions pour parvenir au plus grand consensus possible entre pays exportateurs et consommateurs. »Le succès du sommet ne se limitera pas aux conséquences positives sur les prix et les approvisionnements », a-t-il ajouté. Hammada a cité parmi les autres aboutissements avantageux attendus du Sommet du GECF d’Alger, l’instauration de discussions entre les pays producteurs, exportateurs, importateurs et consommateurs, en vue de l’aplanissement des difficultés auxquelles ils sont confrontés, ainsi que l’examen des différentes positions concernant les recherches et investissements dans la production et le transport du gaz. Il a, à ce titre, qualifié cette rencontre internationale de « plate-forme consultative au plus haut niveau » pour expliciter et dissiper les craintes concernant l’impact de cette énergie sur le climat et l’environnement, tout en rapprochant les positions et conceptions de différents pays ou parties concernées.

Sabrina Aziouez

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