Irrigation agricole : 12 périmètres seront raccordés STEP en 2024
Face au stress hydrique qui fait peser une réelle menace sur la sécurité alimentaire, le recours à l’épuration des eaux usées pour l’irrigation agricole est un choix stratégique. L’objectif à terme est de porter le taux d’épuration des eaux usées à plus de 40%. Des eaux qui seront orientées vers l’industrie et l’irrigation agricole. Dans ce contexte, un programme l’extension du parc des stations d’épuration existants, pour atteindre plus de 200 infrastructures en exploitation, traitant un volume de 1,16 milliard de m3 d’eaux usées. Des stations qui seront raccordées aux périmètres agricoles. Ainsi, le directeur général de l’Office national d’irrigation et de drainage (ONID), Nacerddine Rakrouki a indiqué hier dans un entretien avec l’APS que douze périmètres agricoles seront raccordés dans une première étape aux stations de traitement et d’épuration des eaux usées en 2024. Il a préciséque dans le cadre du programme spécial arrêté par les pouvoirs publics pour la réutilisation des eaux épurées, 59 stations d’épuration seront reliées aux périmètres d’irrigation. L’opération est déjà lancée pour 12 périmètres comme première étape. Les périmètres classés dans la première phase de ce programme, sont le périmètre d’El Hamiz à Alger, Mitidja Centre (Blida), le plateau sétifien, le moyen chélif, Bounamoussa (Annaba), El Tarf, Maghnia (Tlemcen), Mina (Relizane), le plateau d’El Asnam et de Ghrib (Bouira), Bouchegouf (Guelma) et Sig (Mascara). La superficie globale de ces périmètres est de 94.617 hectares, avec une quantité d’eau théorique destinée à leur irrigation estimée à 453.604 m3/jour. L’ONID supervise actuellement le raccordement de 3 périmètres agricoles d’un montant global dépassant un milliard DA, à savoir le périmètre d’El Hamiz à Alger, celui de Mina à Relizane et le périmètre de Maghnia à Tlemcen, où les procédures administratives ont été parachevées et les cahiers des charges établis. Le même responsable a affirmé que la généralisation de l’utilisation des eaux épurées, à l’agriculture « est inévitable compte tenu des conditions climatiques notamment dans les grands périmètres relevant de l’Office, avec possibilité de couvrir 40% des besoins à court terme, mais à moyen et long termes, a-t-il dit, la couverture sera totale ». Suite aux essais concluants menés par l’ONID dans les périmètres agricoles de l’ouest algérien, notamment en ce qui concerne les céréales et les légumes, le secteur de l’hydraulique a tracé ce programme pour raccorder toutes les stations d’épuration relevant de l’Office national de l’assainissement (ONA) aux périmètres agricoles. M. Rakrouki a assuré que les essais étaient concluants dans le périmètre de Melita à Oran d’une superficie de 6286 hectares, avec des besoins en eau épurée estimés à 31 millions de mètres cubes (M3) par an, sachant que le périmètre dépend de l’eau de la station d’El Kerma, ainsi que dans le périmètre de Hennaya dans la wilaya de Tlemcen d’une superficie de 800 hectares, avec des besoins en eau épurée estimés à 5 millions de M3 par an. Vu les changements climatiques que connaît le monde, notamment la région de la Méditerranée, et face à la nécessité impérieuse d’exploiter les terres fertiles aménagées par l’Etat, M. Rakrouki a révélé le lancement de l’exploitation des eaux usées qui seront traitées dans le cadre du programme spécial tracé par l’Etat pour couvrir le déficit. S’agissant des critères sur la base desquels ces périmètres ont été classés comme prioritaires, le responsable a expliqué qu’ils sont liés à la quantité d’eau à traiter dans ces périmètres, la distance et la spécialité agricole, relevant que ce programme a été inscrit au niveau de l’ONID et de l’ONA ainsi qu’au niveau des directions et structures du secteur de l’hydraulique. Ce programme a été divisé selon les spécialités, soulignant que l’objectif de l’Office est de raccorder ces périmètres aux stations d’épuration ». L’ONID a organisé, par ailleurs, deux campagnes en vue d’assurer un approvisionnement continu des surfaces agricoles en eau. La première, lancée en novembre 2023, concerne le traitement des fuites constatées au niveau des surfaces gérées et irriguées par l’Office. 664 fuites ont été recensées dont 605 ont été réparées ce qui a permis de récupérer 17 millions m3 avec des quantités pour irriguer de nouvelles terres de l’équivalent de 4000 hectares. La deuxième campagne porte sur des sorties sur le terrain à travers les périmètres gérés par l’Office, en vue d’écouter les représentants des agriculteurs. A ce jour 39 rencontres ont été tenues ayant regroupé 265 représentants d’agriculteurs dont 82 coopératives agricoles, a-t-il expliqué, rappelant la prise en charge de leurs préoccupations par le biais de l’ONID ou le ministère de tutelle à travers l »élaboration des fiches techniques pour le réaménagement de certains périmètres. L’ONID, placé sous la tutelle du ministère, poursuit la coordination avec l’ONA et les autres directions relevant du secteur, pour la mise en œuvre des décisions du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune prises lors de la réunion du Conseil des ministres tenu en novembre 2023 portant exploitation, à hauteur de 60%, des eaux épurées et augmentation du taux d’épuration des eaux usées et leur récupération, a fait savoir le responsable. Depuis sa création en 2005, l’ONID gère les grandes surfaces agricoles réparties sur 33 wilayas d’une superficie aménagée estimée à 282.705 hectares dont 234.539 hectares irrigués. L’irrigation de ces périmètres repose principalement sur les eaux de surface stockées dans les barrages et les eaux souterraines à travers les forages outre les eaux usées épurées.
R.E.