Scandale Pegasus : L’enquête relancée en Espagne
Le juge espagnol en charge du dossier a décidé de relancer ses investigations concernant l’espionnage de membres du gouvernement espagnol par le Maroc et ce, après avoir reçu des documents des autorités judiciaires françaises.
L’enquête dans le scandale Pegasus, dans lequel est impliqué le Maroc, vient d’être relancée en Espagne. L’enquête avait été ouverte, rappelons-le, en 2022 après lorsqu’on avait découvert que les téléphones du Premier ministre Pedro Sánchez, mais aussi de certains ministres avaient été espionnés. Le Maroc est d’ailleurs au cœur de ce scandale, alors qu’une ancienne ministre espagnole avait affirmé que ce sont les services de renseignement du Makhzen avaient utilisé le logiciel fabriqué par l’Israélien NSO pour espionner les membres du gouvernement espagnol. L’enquête avait cependant été suspendue, en raison du refus de l’entité sioniste de coopérer et de répondre aux commissions rogatoires émises par la justice espagnole afin de confirmer l’origine de ces actes d’espionnage. Or, l’affaire connaît un nouveau rebondissement. Selon l’Agence France presse, le juge espagnol en charge du dossier a décidé de relancer ses investigations, après avoir reçu des documents des autorités judiciaires françaises. Le juge en a ainsi décidé après « avoir reçu une décision d’enquête européenne », mécanisme de coopération entre Etats membres de l’UE dans les enquêtes pénales, « émise par les autorités judiciaires françaises », indique l’AFP qui cite un communiqué tribunal de l’Audience nationale. Selon le communiqué, le juge espagnol a reçu dans ce cadre des documents issus de l’instruction ouverte en France en 2021 sur le piratage de téléphones de journalistes, d’avocats, de personnalités publiques, de ministres et de députés français avec Pegasus. Il considère donc « que la comparaison des éléments techniques recueillis dans l’enquête française avec ceux obtenus » en Espagne « peut permettre de faire avancer l’enquête (…) afin de remonter jusqu’à l’origine du piratage », explique l’Audience nationale.
Le scandale a éclaté en 2022 lorsqu’il a été révélé que le téléphone du premier ministre espagnol Pedro Sanchez ainsi que ceux de ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères avaient été espionnés grâce au logiciel Pegasus, au moment où l’Espagne et le Maroc traversaient une crise diplomatique lorsque l’Espagne a reçu le président de la RASD, Brahim Ghali pour des soins en 2021. L’ex-ministre espagnole des affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya a d’ailleurs accusé le Maroc d’avoir procédé à des « écoutes » en 2021 durant la brouille diplomatique. Selon des médias espagnols, le portable de Mme Gonzalez Laya, qui a quitté le gouvernement lors d’un remaniement en juillet 2021, avait également subi une tentative de piratage au moyen de Pegasus.
Quelques semaines avant que le scandale n’éclate en 2022, Sanchez avait décidé de rompre avec la position historique de neutralité de l’Espagne du Sahara occidental en s’alignant sur les thèses marocaines. Pour rappel, le Parlement européen (PE) a récemment réitéré sa demande à l’Espagne de mener une enquête « complète et efficace » sur l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus contre des membres du gouvernement, dont le Premier ministre Pedro Sanchez. Notons que le scandale Pegasus a été révélé à l’été 2021 après une enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux avec le concours de Citizen Lab. Le Maroc a été au cœur de ce scandale qui révélé que le régime du Makhzen a utilisé le logiciel de NSO pour espionner des journalistes et des militants des droits de l’homme, mais aussi des responsables politiques et des chefs d’États, dans plusieurs pays y compris en Espagne et en France.
Hocine Fadheli