Économie

La place de l’Algérie dans le nouveau contexte mondial en débats

L’amélioration du climat des affaires à la faveur de la promulgation de la nouvelle Loi sur les investissements et des textes sur l’octroi du foncier économique font de l’Algérie une destination convoitée par les investisseurs.

C’est dans ce contexte que la Délégation de l’Union européenne en Algérie s’est penchée jeudi lors d’une journée d’étude organisée jeudi en collaboration avec l’Agence algérienne de Promotion de l’investissement, sur les opportunités d’investissement et de Nearshoring en Algérie. Il faut dire que la pandémie de Covid 19 avec les tensions sur les réseaux logistiques mondiaux d’approvisionnements et le début du découplage du commerce mondial en raison des changements géopolitiques qui s’en suivirent ont imposé de nouveaux modèles d’approvisionnement et de délocalisation pour les opérateurs économiques. Une situation qui induit un inversement des flux de capitaux, mais aussi un changement d’approche en ce qui concerne les investissements et les chaines de valeurs mondiales. Les délocalisations opérées par les multinationales notamment européennes vers les marchés asiatiques lointains en vogue lors de l’ère de l’hyper-mondialisation laisse place à d’autres concepts tels que le « freindshoring » et le « nearshoring », ce dernier favorisant des délocalisations des investissements et une orientation des réseaux d’approvisionnement vers les marchés géographiquement plus proches. C’est dans ce contexte que l’Union européenne s’oriente tout naturellement vers la recherche d’opportunités sur le marché algérien proche. Pour la délégation de l’UE à Alger, la conférence qui s’est tenue jeudi à Alger a permis de débattre du positionnement de l’Algérie dans le nouveau contexte international en matière d’IDE, des opportunités de raccourcissement des chaines de valeurs européennes (le « nearshoring ») dont pourrait bénéficier l’économie algérienne, ainsi que des perspectives d’intégration économique algéro-européenne et d’expansion vers le continent africain.

Dans ce contexte, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a souligné dans son intervention à cette conférence que l’Algérie, « qui a toujours été un partenaire fiable et sûr pour les pays européens, notamment dans le domaine de l’approvisionnement en gaz naturel, aspire à « établir des relations de coopération et de partenariat qui répondent à nos aspirations mutuelles en matière de développement économique ». Pour M. Aoun, le thème de cette rencontre « s’inscrit dans la nouvelle vision économique de l’Algérie et constitue une opportunité pour formuler une approche commune en vue de renforcer la coopération entre l’Algérie et l’UE ». Ainsi, le ministre s’est dit convaincu que « le nouveau départ ne peut se réaliser qu’avec la participation de tous les acteurs, notamment les investisseurs et les hommes d’affaires des deux côtés », appelant à « intensifier les contacts et les rencontres pour établir des relations basées sur le principe gagnant-gagnant ». M. Aoun a, en outre, souligné que « la coopération ne saurait être fructueuse, que dans le contexte d’un environnement sûr et stable qui renforce la confiance des acteurs économiques et leur octroie les garanties et les mesures incitatives », rappelant dans ce contexte que « l’Algérie, sous la conduite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a initié la concrétisation d’un saut qualitatif en matière de réformes économiques, notamment le cadre juridique relatif aux hydrocarbures, aux finances et à l’investissement ».

De grandes entreprises s’intéressent à l’Algérie

Au plan régional, le ministre a rappelé que l’Algérie a adhéré à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), soulignant son ambition de devenir « une passerelle entre les deux continents africain et européen », notamment de par son positionnement géographique, ainsi que ses investissements dans les infrastructures (routes, zones industrielles, ports), en vue de faciliter les échanges commerciaux et l’accès des investisseurs aux marchés africains, ce qui est « un catalyseur supplémentaire, à même de lancer des investissements communs dans les domaines de l’industrie, de l’agriculture, du commerce et des services ». Partant, le ministre a souligné que « l’Algérie vit une nouvelle ère et est engagée à jeter des passerelles de coopération avec l’Union européenne (UE), en tant que partenaire historique », rappelant que l’accord de partenariat de part et d’autre a érigé l’UE en 1er partenaire de l’Algérie, durant plusieurs année, et que le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’UE, s’est élevé à 46,5 Mds USD, durant les 11 premiers mois de l’année 2023.

De son côté, le Directeur général de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache a mis en avant tout l’attrait que présente le marché algérien pour les investisseurs. Rekkache s’est félicité des capacités dont dispose l’Algérie, lui permettant d’être « la destination préférée et une porte d’entrée pour des investissements réussis et rentables pour toutes les parties », appelant les entreprises européennes à exploiter ces conditions en vue de la domiciliation de leurs investissements en Algérie. Le DG de l’AAPI a précisé que  »plusieurs méga-entreprises, discutent de l’implantation de leurs investissements en Algérie, notamment dans le domaine de l’industrie sidérurgique, du métal et de l’aluminium, avec un montant potentiel d’investissement s’élevant à 6 milliards de dollars pour chaque projet ». Ces entreprises font partie de plus de 100 firmes étrangères ayant exprimé leur volonté d’investir en Algérie, dont 45 relevant des pays de l’Union européenne, et ce dans diverses activités, telle que l’industrie manufacturière, l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, et l’économie circulaire, d’autant qu’un travail est en cours avec les porteurs des projets proposés, portant examen des mécanismes assurant leur mise en œuvre effective. Evoquant les investissements enregistrés par les guichets de l’Agence depuis sa création en 2022 à ce jour, le Directeur général de l’AAPI a révélé l’inscription de 7.000 projets d’investissements déclarés, mettant en avant « le suivi et l’accompagnement de la mise en œuvre de ces projets, outre la réunion des conditions de leur concrétisation sur le terrain ». En ce qui concerne les projets liés aux étrangers enregistrés par l’Agence pendant la période sus-mentionnée, leur nombre s’élève à 123 projets, dont 44 investissements directs étrangers (IDE) et 79 projets en partenariat avec des acteurs locaux.

Un programme en 5 axes

Pour rappel, cette conférence s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de coopération entre le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et l’UE à travers le projet « Partenariat Algéro-Européen pour un Investissement durable », lancé en 2023 pour renforcer le partenariat économique entre les deux parties à travers la promotion des IDE et les projets de raccourcissement des chaînes d’approvisionnement européennes. Dans le cadre de ce projet, plusieurs missions ont été effectuées en Belgique et au Portugal, en attendant l’Italie, la Suède et d’autres pays à partir de la semaine prochaine. La mission algérienne œuvre « selon une approche proactive, ciblant les entreprises européennes activant dans des secteurs prioritaires pour l’économie nationale, afin de présenter les opportunités d’investissement en Algérie, ainsi que les avantages, les facilitations offertes et les garanties accordées », selon le même responsable. De son côté, la Délégation de l’UE a indiqué dans un communiqué que  le projet « Partenariat euro-algérien pour l’investissement durable » constitue une opportunité pour le renforcement de la coopération économique bilatérale entre l’UE et l’Algérie à travers la promotion d’IDE et de projets de nearshoring européens, en mettant l’accent sur la promotion de la transition verte, de la sécurité énergétique et de la création d’emplois.  Les objectifs du projet visent notamment à renforcer le dialogue bilatéral sur la coopération économique et énergétique, à contribuer à faciliter les IDE et échanges commerciaux et aider l’Algérie à développer ses capacités d’exportation en vue de sa diversification économique.  Pour ce faire, les actions du projet s’articulent autour de cinq axes principaux. Il s’agit en premier lieu de la mise en place un « groupe d’experts économiques algéro-européens » et organisation d’une série de réunions techniques autour de la promotion des Investissements Directs Étrangers (IDE) en Algérie. Ce projet prévoit aussi l’organisation d’événements sur les relations économiques entre les pays européens et l’Algérie ; l’identification de secteurs/chaînes de valeur en Algérie présentant un fort potentiel pour les IDE européens et/ou le nearshoring ; la promotion de projets concrets d’IDE ou de nearshoring en Algérie ; et le développement d’outils d’information sur comment investir et créer des affaires en Algérie.

Samir Benisid

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