Un plan Marshall pour l’agriculture saharienne
Les pouvoirs publics misent sur le développement intensif de l’agriculture saharienne pour augmenter les volumes de production agricole, assurer la mise en œuvre du programme de lancement et d’extension des cultures stratégiques et consolider ainsi la sécurité alimentaire. Un véritable plan Marshall a été mis en pour garantir l’aboutissement de ce plan avec la contribution de plusieurs département ministériels. Agriculture, hydraulique, transports et énergies, tous ces départements ont mis en place des mesures pour répondre aux besoins des agriculteurs et des investisseurs.
Les images de convois de moissonneuses batteuses mobilisées par l’Office algérien interprofessionnel des céréales pour la campagne de moisson-battage qui a commencé dans le Sud et des convois de camions en direction des dunes de céréales récoltées jusque-là dans certaines wilayas impressionnent. Elles reflètent surtout les premiers résultats d’une politique assise sur le développement de la céréaliculture en milieu saharien grâce à une batterie de mesures destinées à doter les exploitations d’eau, d’énergie, d’engrais, de semis et de moyens de mécanisation, de transport et de stockage. Un résultat qui ne représente qu’une infime portion de l’incroyable potentiel de développement de l’agriculture saharienne et sur lequel les pouvoirs publics comptent capitaliser pour développer une véritable industrie agricole, notamment à travers la mise en place d’une cartographie des potentialités agricole du Sud. La question a d’ailleurs été au cœur d’une Journée d’étude organisée jeudi au ministère de l’Énergie et des Mines. A l’ouverture de l’événement, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Youcef Cherfa, a affirmé, jeudi à Alger, que la mise en place d’une carte minutieuse des potentialités nationales, en vue de la réalisation de projets d’investissement dans le domaine agricole dans les wilayas du Sud, permettra d’activer le plan national de développement des cultures stratégiques. Et d’ajouter que cette carte « permettra de déterminer les besoins spécifiques en termes de sol, des eaux, de l’énergie, des infrastructures et des communications », à savoir des facteurs principaux, à même d’activer le plan national de développement des cultures stratégiques. Pour ce faire, ajoute le ministre, la question requiert la conjugaison des efforts de tout un chacun, au double plan central et local, en vue de contribuer à l’accélération de la cadence de la réalisation de plusieurs programmes, à l’instar du raccordement des exploitations agricoles à l’électricité, la facilitation des procédures de forage des puits et de mise en valeur des eaux non-conventionnelles. Afin d’identifier les grands périmètres pour accueillir les projets d’investissement intégrés nécessitant un accompagnement de tous les secteurs concernés pour les concrétiser sur le terrain dans les meilleurs délais, il a été procédé lors d’une séance de travail à huis clos, à la présentation et à l’examen des études techniques et cartographiques réalisées par les différents services compétents sur les capacités réelles en termes d’eau et de sol disponibles dans les wilayas du sud.
Un couloir vert pour 10.000 hectares de cultures
A cette occasion, M. Cherfa a évoqué les objectifs les plus importants liés au renforcement de la sécurité alimentaire et à la production des besoins alimentaires de large consommation, tels que les céréales, les légumes secs, les oléagineux, le lait et le sucre, en concrétisation des engagements du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a insisté sur la nécessité d’aller vers une mise en valeur durable des terres dans le Sud pour développer les cultures industrielles. Dans le même contexte, le ministre a rappelé que le secteur agricole connaît un intérêt de la part des opérateurs économiques algériens et étrangers pour investir dans le Sud, notamment après l’entrée en vigueur de mesures incitatives pour les investisseurs, à l’instar du couloir vert pour les projets dépassant 10.000 hectares. Intervenant lui aussi à cette occasion, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal a mis en exergue le rôle de ses services en matière d’accompagnement du secteur agricole dans la mise en œuvre du programme stratégique, et ce à travers la mobilisation des ressources hydriques sous toutes leurs formes. L’eau c’est l’essence du développement agricole notamment dans les wilayas du Sud qui consomment des quantités considérables, compte tenu de leurs spécificités géographiques et climatiques, a-t-il mis en avant. L’élargissement et le développement des surfaces agricoles dépendra de la disponibilité des ressources en eau, a ajouté M. Derbal. Pour la valorisation et l’élargissement de cet acquis, le ministre a affirmé que son secteur s’attelait à l’accompagnement des investisseurs en agriculture dans le Sud, leur accordant toutes les facilitations relatives à l’obtention des autorisations de forages de puits dans la région qui regorge d’un stock stratégique d’eaux souterraines. Et d’ajouter que ses services œuvraient à la mise au point d’une cartographie des ressources du pays en eaux souterraines, en vue d’une meilleure exploitation permettant ainsi la réalisation de la sécurité alimentaire et la relance de l’économie nationale.
Agriculture et hydrocabures
Pour sa part, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab a indiqué qu’un cadre de travail avait été défini pour faciliter la coopération entre les secteurs de l’Energie et de l’Agriculture, permettant l’exploitation des hydrocarbures et des terres agricoles sur les mêmes superficies, après la mise en place d’une Commission technique conjointe pour faciliter « la cohabitation » entre les projets agricoles stratégiques et les activités liées aux hydrocarbures. Cette Commission comprend des représentants du ministère de l’Agriculture et le Développement rural, de l’Industrie et des mines, de Sonatrach et l’Agence Nationale pour la Valorisation des Ressources en Hydrocarbures (ALNAFT), ajoute le ministre. M. Arkab a expliqué que la mission de cette commission consistait en « l’identification et la mise en œuvre de solutions de coopération pour assurer l’opération d’une façon harmonieuse », faisant référence, dans ce contexte au projet de pole agricole spécialisé dans la culture de la betterave sucrière dans la wilaya d’El Menia. Arkab a affirmé que les ressources nécessaires ont été procurées par le Groupe Sonelgaz pour garantir le raccordement des exploitations agricoles à l’électricité dans le but de connecter 100.000 exploitations, où 57.000 exploitations ont été raccordées jusqu’à présent. Un autre programme a été tracé pour raccorder 10.466 autres fermes avant la fin de 2024, selon le ministre, pour atteindre ainsi un taux de raccordement de 70% du nombre total des fermes concernées dans trois wilayas du sud du pays, avec 3.300 raccordement dans chaque wilaya, à savoir Adrar, El Oued et Timimoune. Sonatrach s’est également lancée dans la production d’engrais, seule ou en partenariat, avec une capacité de production atteignant actuellement 3,76 millions de tonnes/an d’ammoniac, et 3,45 millions de tonnes/an d’urée, auxquels s’ajoute une capacité totale de production atteignant 980.000 tonnes de différents types d’engrais, selon le ministre.
Sabrina Aziouz