D’importantes saisies de cocaïne opérées ces derniers jours: Intensifier la lutte face à la menace
Deux importantes saisies opérées ces derniers jours à Tamanrasset et Laghouat mettent en lumière la menace que constitue ce phénomène qui prend de l’ampleur et qui prospère dans un environnement régional, marqué par une instabilité qui favorise la prolifération des réseaux criminels et des groupes terroristes.
Le trafic de drogue, de comprimés psychotropes et de cocaïne notamment, constitue une véritable menace qui s’ajoutent aux autres risques pour la sécurité nationale, favorisés par un environnement régional instable et dans lequel prolifèrent les réseaux criminels lesquels eux-mêmes alimentent les groupes terroristes. Un phénomène qui révèle également l’étendue d’une action qui cible l’Algérie, pour ses positions de principe sur le plan régional et international, laquelle est l’œuvre d’alliances qui recourent à tous les moyens dans l’objectif de déstabiliser la région. Cela a induit une véritable prise de conscience aussi bien de la part des plus hautes autorités de l’État que des services de sécurité, l’ANP en tête quant à la nécessité de renforcer les dispositifs de lutte contre le trafic de drogue, notamment au niveau des frontières. Dans ce contexte, les services de sécurité ont réussi deux coups de filet dans les milieux du trafic de cocaïne à Tamanrasset et à Laghouat. Ainsi, les éléments de la Gendarmerie nationale de Laghouat ont saisi plus de 44 kg de drogues dures et arrêté une bande criminelle composée de sept individus, dont un de nationalité étrangère. « Dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, sous toutes ses formes, à travers le territoire du groupement territorial de la Gendarmerie nationale de Laghouat, les éléments de la brigade de recherche ont mis fin à l’activité d’une bande criminelle transnationale spécialisée dans le transport, le stockage et le trafic illicite de drogues sur l’ensemble du territoire national », a indiqué un communiqué de la GN. La bande criminelle est composée de « 7 individus, dont un de nationalité étrangère, âgés entre 30 et 52 ans », selon le communiqué. Par ailleurs, et selon une source judiciaire, les investigations menées par les services de sécurité ont permis de démanteler un réseau à Tamanrasset et se sont soldées par l’identification de 17 suspects, dont au moins sept d’entre eux ont été arrêtés. L’enquête préliminaire a donné lieu à la saisie de près kg de cocaïne, a-t-on précisé. Déférés en fin de semaine, par devant le juge d’instruction relevant du pôle pénal spécialisé de Sidi M’Hamed (Alger), ces derniers ont été placés sous mandat de dépôt, « pour appartenance à un réseau criminel activant dans l’importation et le transport de drogue, dans le cadre d’une bande criminelle organisée et blanchiment d’argent ».
Ces saisies s’ajoutent à celles opérées chaque semaine par les détachements de l’Armée Nationale Populaire (ANP), et les différents services de sécurité nationale. Les chiffres officiels des services de sécurité montrent que les quantités de drogues saisies, qu’il s’agisse de cannabis, de psychotropes ou de cocaïne, se comptent en quintaux. Au dernier bilan de l’ANP pas moins de 1766 kg de kif traité, 45,5 kg de cocaïne et 941112 comprimés psychotropes ont été saisis en une semaine. Alors qu’en pareille période de juillet 2023, la cellule centrale de lutte contre le trafic illicite de drogue, près la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN), a déjoué une des plus grandes opérations de trafic de drogues dures de l’histoire de l’Algérie s’élevant à 79, 400 kg de cocaïne qui ont été saisis.
Le Maroc, plaque tournante du trafic de cocaïne
L’augmentation des saisies des substances narcotiques, la cocaïne en particulier, est attribuée à la saturation des marchés nord-américains, poussant les réseaux de trafic de drogues dures à chercher de nouveaux marchés en Europe, accessibles uniquement via l’Afrique de l’Ouest et les pays du Sahel, puis l’Afrique du Nord. Des réseaux qui s’appuient sur le Maroc qui au-delà d’être le plus gros producteur de cannabis au monde, est devenu la plaque tournante du trafic de cocaïne. En 2023, un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a mis en garde contre l’usage des réseaux de trafic de cannabis reconvertis pour le trafic de cocaïne. Plus récemment, l’agence de l’ONU a verti contre les liens entre le Maroc et les réseaux criminels agissant au Sahel.
Cela explique l’intensification du trafic de cocaïne notamment et avec elle la lutte des services de sécurité tous corps confondus. Conscients de la menace les pouvoirs publics
Conscients du défi que le phénomène présente, les pouvoirs publics œuvrent à renforcer le dispositif de lutte lequel a d’ailleurs obtenu des résultats encourageants. Lors de sa dernière réunion tenue jeudi, le gouvernement s’est penché sur les mesures prises par les pouvoirs publics dans le cadre de la lutte contre le trafic des stupéfiants et les substances psychotropes, et les résultats louables réalisés en la matière, ainsi que les moyens de poursuivre la mobilisation totale et permanente dans le cadre d’une stratégie intégrée et multidimensionnelle pour faire face à cette menace transfrontalière.
Dimension géopolitique
Cela dénote de l’importance qu’accorde l’Algérie à la lutte contre cette gangrène semée depuis les frontières Ouest, dont le seul but est de provoquer la dislocation de l’échelle des valeurs et déstabiliser cet état et sa nation. D’autant plus que la situation liée à l’évolution du trafic de drogue et de cocaïne dénote d’une dimension géopolitique, alors que l’Algérie est sciemment ciblée. Dans ce contexte, le Chef d’État-major de l’ANP, le Général d’armée Said Chanegriha a mis en garde, lors d’une visite, en juin dernier à la 5e Région Militaire à Constantine, a contre la tendance haussière du phénomène de trafic de stupéfiants de tout genre vers notre pays, en mettant en exergue les dangers auxquels sont confronté l’Algérie et sa jeune population. ‘’Parmi les menaces les plus sérieuses auxquelles notre pays se trouve confronté aujourd’hui figurent les tentatives sournoises de son inondation par les drogues et les stupéfiants de tout genre, et ce, dans l’objectif de porter atteinte à la santé physique et psychologique des forces vives de la nation, la jeunesse en l’occurrence, en la démoralisant et en la poussant à la toxicomanie et la criminalité…’’, a-t-il dit . Le Général d’Armée a souligné que l’ANP restera sur ses gardes, face à tous ceux qui soutiennent ce fléau pernicieux, en exhortant les personnels à redoubler d’efforts pour le combattre par tous les moyens possibles : « Au sein de l’Armée Nationale Populaire, nous accordons une importance particulière à la lutte contre ce phénomène pernicieux et nous n’aurons aucune tolérance envers ses barrons. Dans ce sens, nous continuerons à combattre vigoureusement tous ceux qui encouragent, soutiennent ou financent ce fléau néfaste, à travers le renforcement de nos dispositifs militaires et sécuritaires tout au long de nos frontières ‘’, appelant à ce titre à redoubler les efforts, pour combattre les réseaux de narcotrafic et éliminer ces criminels, traîtres à la nation. Il a appelé, à mettre en œuvre des procédés opératoires adaptés aux modes d’action de ces criminels, et en mobilisant tous les moyens possibles, afin de préserver le pays des méfaits de ce fléau, qui s’inscrit dans le cadre des vils desseins qui se trament contre l’Algérie. Une situation nécessitant voire exige la conjugaison des efforts à tous les niveaux.
Sofia Chahine