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Sahara occidental : La France au cœur d’une avalanche de critiques

La décision de la France de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental a déclenché une vague de protestations qui met en lumière les enjeux complexes de ce conflit de longue date. Elle soulève des questions importantes sur le respect du droit international, les politiques coloniales et l’influence néfaste des puissances occidentales dans les affaires africaines.

La récente décision de la France de soutenir le « plan d’autonomie » marocain pour le Sahara occidental déclenche une vague de protestations et de condamnations à l’échelle internationale. Cette prise de position, une violation flagrante du droit international, met en lumière la complicité de Paris avec la politique coloniale menée par Rabat dans ce territoire non autonome, suscitant l’indignation des défenseurs des droits de l’homme et des observateurs internationaux. Le Collectif pour la coordination des associations sahraouies en France a ainsi vivement réagi, qualifiant cette décision d' »erreur politique, économique et diplomatique » aux conséquences potentiellement désastreuses pour la région et l’Europe. Dans un communiqué, le collectif souligne que cette position bafoue le droit international et les résolutions de l’ONU que la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, est censée défendre. « Si cela devait se confirmer, ce serait une erreur politique, économique et diplomatique, dont les conséquences seraient nuisibles pour la région et, par conséquent, pour le plus proche voisin, l’Europe », avertit le collectif. En Espagne, Carmelo Ramirez, président du mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui, a dénoncé une « violation flagrante de la légalité internationale » et une « atteinte aux droits légitimes du peuple sahraoui à l’indépendance et à la liberté ». Il met en garde contre les conséquences sécuritaires de cette décision, qui risque d’alimenter les tensions et l’instabilité dans la région. M. Ramirez rappelle que « depuis les années 1970, la France n’a jamais cessé d’apporter un soutien politique et militaire au Maroc, l’aidant, ainsi, à renforcer son occupation du Sahara occidental ».

Au Royaume-Uni, Danielle Smith, présidente de l’association SandBlast, affirme que cette décision « sapera les efforts de l’ONU » visant à organiser un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Elle dénonce le « double standard hypocrite des grandes puissances occidentales » qui soutiennent les droits de certains peuples tout en les niant à d’autres. « Cette récente décision sapera les efforts de l’ONU en vue d’organiser un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental qui a déjà coûté plus d’un demi-milliard de dollars », a-t-elle déclaré.

Dérive hasardeuse

Le bureau du Conseil de la nation en Algérie a condamné avec force cette « dérive hasardeuse » de la France, la qualifiant de « honteuse » et de « symptomatique d’un troc des principes contre des intérêts ». Dans un communiqué cinglant, le Conseil souligne que cette décision révèle « des relents colonialistes dans les politiques du Gouvernement français, qui reste nostalgique d’un passé colonial honteux, dont les horreurs et les atrocités sont encore vivaces dans la mémoire nationale et mondiale ». Cette prise de position française est largement perçue comme une tentative de légitimer l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc, au mépris du droit international et des résolutions de l’ONU. Elle met en lumière une complicité active de Paris avec la politique expansionniste de Rabat, rappelant le soutien militaire et politique apporté par la France au Maroc depuis les années 1970. Le Conseil de la nation affirme que « cette décision à rebours des us diplomatiques à l’échelle mondiale est symptomatique d’un troc des principes contre des intérêts ». Il estime que, par cette décision, la France piétine les résolutions onusiennes et les avis consultatifs de ses organes, cautionnant ainsi l’occupation d’un État membre fondateur de l’Union africaine.

Face à cette situation, les défenseurs de la cause sahraouie tiennent à rappeler le statut juridique incontestable du Sahara occidental. Le Collectif pour la coordination des associations sahraouies en France souligne que « le statut juridique du Sahara Occidental ne souffre d’aucune contestation en tant que territoire non autonome en attente de décolonisation et par conséquent, seul le peuple Sahraoui peut décider de son avenir ».

Danielle Smith, de l’association SandBlast, renchérit en affirmant que la décision française « portera atteinte au processus de l’ONU visant à décoloniser le Sahara occidental et parvenir à une solution juste et mutuellement acceptable conformément aux principes de la charte des Nations unies ».

Ces rappels mettent en évidence le caractère illégal de l’occupation marocaine et soulignent l’importance du respect du droit international dans la résolution de ce conflit qui perdure depuis près de cinq décennies. Face à cette situation, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler la France à reconsidérer sa position. Le Conseil de la nation exhorte le Parlement français à « prendre position et amener son Gouvernement à revoir ses calculs et à corriger sa vision étriquée de la situation actuelle aux niveaux régional et international ».

Le Collectif pour la coordination des associations sahraouies en France s’interroge sur la légitimité d’une telle décision prise par un gouvernement « technique » : « Comment un gouvernement dit +technique+ peut envisager de prendre une telle décision politique et si lourde de conséquence pour le pays ? ». Il appelle à une « prise de conscience des conséquences néfastes, tant pour la région que pour la France, qu’engendrerait une telle décision contraire aux valeurs de la République et au droit international ».

Implications régionales et internationales

Carmelo Ramirez met en garde contre les conséquences de cette décision sur la situation sécuritaire dans la région, relevant que le soutien apporté au prétendu plan d’autonomie marocain compliquera davantage la situation, non seulement en Afrique du Nord, mais aussi au Sahel, et alimentera les tensions et l’instabilité dont les retombées nuiront aux pays et peuples de la région. Le Conseil de la nation quant à lui, réaffirme les positions constantes de l’Algérie nouvelle envers les causes justes, dont celle du Sahara occidental, soulignant son soutien inébranlable au droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.

Lyes Saïdi

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