Malgré un contexte de marché incertain: L’Opep+ maintient le cap sur l’augmentation de sa production pétrolière
Dans un contexte économique mondial complexe, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés signataires de la Déclaration de coopération réaffirment la stratégie d’augmentation progressive de la production pétrolière à partir d’octobre 2024, conformément au plan annoncé en juin dernier. Cette décision intervient en dépit d’une baisse des prix sur les marchés mondiaux. L’accord prévoit une hausse de 180 000 barils par jour chaque mois, s’étalant sur une période d’un an jusqu’en septembre 2025. Cette augmentation sera réalisée par la levée des réductions volontaires de production adoptées précédemment par plusieurs membres du groupe pour stabiliser le marché. Cependant, cette orientation est perçue comme potentiellement défavorable par certains analystes, à l’instar d’Andy Lipow de Lipow Oil Associates, qui anticipe une possible pression continue à la baisse sur les prix. En réaction à cette situation, le secteur du raffinage connaît des ajustements significatifs Aux États-Unis comme en Europe, de nombreuses raffineries réduisent leur cadence de production face à une demande affaiblie et des marges sous pression. Le prix de l’essence aux États-Unis, inférieur de 12% par rapport à l’année précédente, témoigne de cette tendance baissière En Europe, le prix du gazole en gros a atteint son plus bas niveau en quatorze mois, incitant les raffineurs à limiter leur activité pour éviter une accumulation de stocks invendables. Ces ajustements sont également influencés par la fin de la saison estivale de conduite dans l’hémisphère Nord, traditionnellement marquée par une baisse de la consommation de carburant
Parallèlement, la production pétrolière libyenne continue d’être affectée par l’instabilité politique du pays. La National Oil Corporation (NOC) a annoncé une chute de la production à 63% des niveaux précédant le début de la crise politique, due à la fermeture d’installations contrôlées par le gouvernement parallèle de Benghazi. Néanmoins, ce conflit interne n’a pas suffisamment pesé sur les cours mondiaux, l’attention restant focalisée sur la politique de production de l’Opep+ et les incertitudes concernant la demande mondiale.
La persistance de l’OPEC+ dans sa politique d’augmentation de l’offre, malgré les pressions économiques, suggère une stratégie axée sur la préservation des parts de marché à long terme plutôt que sur une réaction aux fluctuations de court terme. Les acteurs du secteur demeurent vigilants quant aux prochains mouvements de l’organisation et aux ajustements potentiels des politiques de production en réponse à un marché volatil. Sur les marchés, les cours du pétrole oscillent entre gains et pertes, reflétant les incertitudes liées à l’économie chinoise. Les données économiques contradictoires en provenance de Chine, premier importateur mondial de brut, alimentent cette volatilité. L’indice PMI manufacturier indépendant montre une reprise en août, contrastant avec les chiffres officiels qui font état d’une contraction.Cette divergence souligne la complexité de l’évaluation de la santé économique chinoise, un facteur déterminant pour la demande mondiale de pétrole.
Dans ce contexte, le marché reste attentif aux signes indiquant que l’Opep+ augmentera effectivement sa production au quatrième trimestre 2024, comme annoncé en juin. L’alliance pourrait réintroduire progressivement environ 2,5 millions de barils par jour dès octobre, marquant la fin des réductions volontaires supplémentaires de certains membres et l’augmentation de l’objectif de production des Émirats arabes unis. Sur le marché, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, prenait hier matin 0,25% à 77,12 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en octobre, gagnait 0,29%, à 73,76 dollars.
Sabrina Aziouez