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Une feuille de route pour une Algérie émergente

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a dévoilé sa vision et sa feuille de route pour faire de l’Algérie un pays émergent, alliant progrès économique et préservation du modèle social, lors d’une entrevue télévisée avec des représentants des médias. La première de son second mandat. Le chef Président Tebboune a abordé de nombreux sujets, de la politique intérieure aux relations internationales, en passant par les défis économiques et sociaux.

Le président de la République a ainsi réaffirmé l’engagement de l’Algérie sur la voie du « changement positif », avec pour objectif de réaliser « le rêve des Chouhada » d’un État algérien démocratique, capable de défendre sa souveraineté et de protéger ses citoyens. Il a souligné la détermination du pays à poursuivre sa marche vers des perspectives prometteuses, malgré les défis. Le Président a mis en garde contre les « lobbies qui tentent de déstabiliser le pays et de semer le chaos », affirmant que l’époque de la « Issaba » (bande) était révolue, bien que des résidus subsistent. Il a assuré que l’État combattrait ces lobbies sans relâche, s’appuyant sur la force de l’Armée nationale populaire (ANP), les mécanismes de contrôle et la numérisation.

Un axe majeur de la stratégie de Tebboune est la modernisation de l’appareil étatique. Il a annoncé que le processus de numérisation définitive de tous les secteurs devrait être achevé avant fin 2024, dans le cadre des « efforts d’édification de l’Etat algérien moderne ». Cette initiative vise à lutter contre la bureaucratie « phénomène de sous-développement » à éradiquer. Pour renforcer la cohésion nationale et prévenir les ingérences étrangères, le président de la République a promis l’instauration d’un dialogue national sérieux « fin 2025 début 2026 », après la révision des lois relatives aux organes de l’État moderne, notamment les codes communal et de wilaya, ainsi que la loi sur les partis politiques.

Développement économique et autosuffisance

Tebboune a réaffirmé avec force l’attachement de l’Algérie à son modèle social, déclarant : « L’Algérie est un État social et le restera ». Il a souligné que la politique sociale de l’État constituait une priorité, visant à ne pas abandonner les citoyens et à prendre en charge leurs besoins essentiels. Pour améliorer le pouvoir d’achat, le président a exposé une stratégie reposant sur trois piliers, à savoir le renforcement de la production nationale, la lutte contre l’inflation et la revalorisation des salaires et des allocations Il s’est engagé à poursuivre l’augmentation des salaires et des allocations, avec pour objectif une hausse de 100% d’ici 2027 au plus tard. Cette mesure s’inscrit dans une politique globale visant à « préserver la dignité des citoyens », souligne-t-il.

Le Président Abdelmadjid Tebboune a également mis en avant des objectifs ambitieux en matière de politique économique tout en restant constant dans sa ligne de conduite assise sur la construction d’une économie nationale diversifiée et solide assise sur les ressources et les compétences locales. Il a ainsi mis en avant les progrès réalisés dans la production de biens de consommation essentiels. Il a cité l’exemple du sucre, dont la production représente 150% des besoins du pays, et de l’huile, dépassant 200% de la demande intérieure. Dans le domaine agricole, Tebboune a souligné que l’Algérie a atteint 80% d’autosuffisance dans la production de blé dur, exprimant sa confiance dans la capacité du pays à atteindre 100%. Pour stimuler davantage l’économie, le président a évoqué le lancement de projets dans divers secteurs, notamment les produits chimiques et la métallurgie. L’objectif est d’atteindre 20 000 projets, dont 9 000 ont déjà été concrétisés. Ces initiatives visent à augmenter les capacités financières du pays et à équilibrer le marché.

Guerre aux « lobbies compradores »

Au-delà de ces objectif ambitieux, le président de la République a souligné les menaces qui guettent l’économie nationale. Abdelmadjid Tebboune a ainsi réaffirmé la détermination de l’État à lutter contre la contrebande et la spéculation. Outre les mesures légales coercitives, il a annoncé une série d’initiatives, dont le développement des zones franches avec les pays voisins comme la Mauritanie et, plus tard, le Niger. Un projet de zone de libre-échange avec la Tunisie et la Libye est également envisagé. Ces mesures visent à combattre « les lobbies de l’argent facile et les lobbies compradores » qui provoquent la pénurie de certains produits « à l’instigation d’individus cherchant à déstabiliser le pays ».

Sur le plan énergétique, Tebboune a fait le point sur l’avancement du projet de gazoduc transsaharien reliant le Nigeria à l’Algérie. Il a affirmé que le travail se poursuit, avec seulement 700 à 800 km restant à réaliser sur les 4 000 km du projet. Le président a souligné l’accord établi entre l’Algérie, le Niger et le Nigeria. Face à ce « projet économique », il y a « un projet politique fictif devant traverser 14 pays, dont les territoires sahraouis occupés, et nécessitant des dizaines de milliards », a-t-il dit, précisant que les analystes intègres dans le domaine de l’énergie « savent séparer le bon grain de l’ivraie ».

Concernant les relations internationales, Tebboune a annoncé que l’Algérie ne cherchait pas à rejoindre les BRICS+, mais concentrait son attention sur l’adhésion à la Banque des BRICS. Il a révélé l’approbation par cette institution financière de l’adhésion de l’Algérie en tant qu’actionnaire, avec un investissement de 1,5 milliard de dollars par étapes. Cette adhésion est présentée comme un renforcement du « rôle de l’Algérie en tant que pays émergent ».

La feuille de route présentée par le président Tebboune dessine les contours d’une Algérie ambitieuse, cherchant à concilier développement économique, préservation du modèle social et affirmation sur la scène internationale. Les défis restent nombreux, mais le chef de l’État semble déterminé à poursuivre les réformes et à maintenir le cap vers l’émergence du pays. L’équilibre entre modernisation, justice sociale et souveraineté nationale est le fil conducteur de cette stratégie à long terme pour l’Algérie.

Samir Benisid

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