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Du rôle de la communication et du renseignement durant la Révolution

Le moudjahid Daho Ould Kablia, président de l’Association des anciens du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG) et membre du Conseil de la Nation, a livré hier à Alger un témoignage précieux sur la stratégie de communication déployée pendant la Guerre de libération nationale. Intervenant dans le cadre du Forum de la Mémoire de l’APS lors d’une conférence intitulée « Stratégie de communication de la glorieuse Révolution de libération », il a détaillé les mécanismes mis en place pour contrer la propagande coloniale française. Au cœur de son intervention, la figure du colonel Abdelhafid Boussouf s’est imposée comme l’architecte principal de cette stratégie informationnelle. Nommé à la tête du ministère de l’Armement et des Liaisons générales au sein du gouvernement provisoire de la République algérienne en 1958, Boussouf a développé une approche novatrice privilégiant l’efficacité et la positivité dans la diffusion des informations sur la lutte armée et la dénonciation des crimes coloniaux. Sa vision s’est notamment concrétisée par la création d’un réseau de communications secrètes et la mise en place d’un système rigoureux de formation des recrues, sélectionnées pour leur niveau d’éducation et leurs qualités personnelles. Ces efforts ont jeté les bases des premiers services de renseignement algériens au service de la Révolution. Le ministère de l’Armement s’est distingué par sa mission plurielle : assurer la transmission des informations, la reconnaissance, l’armement et la coordination entre les différentes wilayas historiques. Pour mener à bien cette mission, il s’est doté d’une palette diversifiée de moyens de communication : radio secrète, Agence de presse algérienne, journaux El-Moujahid et La Résistance Algérienne. Ces outils ont servi un double objectif : mobiliser le peuple et porter la cause nationale sur la scène internationale. Le système d’information reposait sur un vaste réseau de collecte : moudjahidine sur le terrain, femmes du MALG assurant le lien avec les familles algériennes, militants recueillant des renseignements militaires. Les sources d’information incluaient également les médias français, les cadres algériens infiltrés dans l’administration coloniale, les informateurs traversant les frontières, et l’interception des communications militaires françaises par des services spécialisés dans le décryptage. Après 1958, les pouvoirs élargis accordés à Boussouf ont permis de donner une nouvelle ampleur à la communication révolutionnaire. Des intellectuels ont été mobilisés au sein du FLN pour sensibiliser l’opinion internationale, avec des figures marquantes comme Mohamed Yazid, ancien ministre de l’Information du gouvernement provisoire. Comme l’a souligné le professeur Mohamed Taïb Ahmed de l’Université Alger 3 lors de la conférence, cette stratégie s’articulait autour de deux axes : un média interne visant la mobilisation populaire, et un média externe destiné à l’internationalisation de la cause algérienne. Face à ce dispositif, la France coloniale s’est révélée impuissante, échouant à entraver la diffusion de la radio secrète et à manipuler l’opinion algérienne malgré ses moyens de propagande considérables. Cette stratégie méthodique a ainsi contribué à révéler le véritable visage du colonialisme français tout en ralliant des soutiens internationaux à la cause algérienne.

Chokri Hafed

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