Le projet de Loi de finances 2025 voté aujourd’hui à l’APN: Ce qui risque de changer
L’Assemblée populaire nationale (APN) procédera aujourd’hui au vote du projet de loi de finances (PLF) 2025, présenté la semaine dernière par le ministre des Finances, Laaziz Faïd. Le projet de budget – être adopté mercredi en séance plénière, après l’examen et le vote des différents amendements proposés par les parlementaires.
A l’issue des débats tenus la semaine dernière, les députés ont formulé une centaine d’amendements sur ce texte budgétaire, dont les plus importants concernent les conditions d’importation et de cession des véhicules. Ainsi, certains parlementaires ont proposé d’autoriser l’importation des véhicules d’occasion de moins de 5 ans au lieu de fixer la limite d’âge des véhicules à 3 ans. Ils justifient cette demande par le fait que les voitures de moins de 3 ans restent très onéreuses pour les citoyens, en particulier les classes moyennes. Les députés ont également demandé la suppression de la disposition interdisant la revente de ces véhicules pendant 3 ans après leur acquisition, estimant qu’elle va à l’encontre de l’article 60 de la Constitution garantissant la propriété privée. Selon eux, cette mesure restreint la liberté de commerce du citoyen. D’autres amendements majeurs ont été proposés, notamment concernant la hausse substantielle du tarif de la vignette automobile prévue par l’article 55 du PLF 2025. Les parlementaires ont demandé la suppression pure et simple de cet article, qui prévoit par exemple une augmentation pouvant atteindre 275% pour certains véhicules de tourisme et utilitaires d’une puissance de 10 CV et plus. Les députés considèrent que cette hausse n’est pas justifiée, d’autant que le fonds spécial dédié à l’entretien des routes a été supprimé.
De son côté, la commission des finances et du budget de l’APN a formulé plusieurs propositions d’amendement, notamment pour modifier l’article 55 afin de n’appliquer la hausse de la vignette qu’aux véhicules de 15 CV et plus, « pour éviter d’imposer de nouvelles charges aux citoyens, dont un grand nombre utilise des véhicules à quatre roues motrices, notamment au Sud du pays ». La commission a également proposé d’abroger l’article 137 qui prévoit une nouvelle augmentation de 30% de la taxe sur les produits du tabac, estimant que « les prix de ces produits sont déjà suffisamment élevés ».
Cependant, le Bureau de l’APN a rejeté plusieurs autres propositions d’amendement, ce qui a suscité le mécontentement de certains députés. Parmi celles-ci, on peut citer l’augmentation du plafond de salaire pour l’accès au logement social public locatif, l’interdiction de la récolte et de l’exportation de la truffe, ou encore la généralisation de l’exemption des frais d’enregistrement pour les donations immobilières entre frères et sœurs. Rappelons que ce projet de budget prévoit des perspectives économiques encourageantes pour le pays, avec une croissance attendue de 4,5% en 2025, dont 5% hors secteur des hydrocarbures.
Selon les prévisions, le produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie devrait atteindre 37 863 milliards de dinars (278,71 milliards de dollars) en 2025, pour ensuite grimper à 40 850,54 milliards de dinars (300,71 milliards de dollars) en 2026 et 41 859,30 milliards de dinars (308,13 milliards de dollars) en 2027. Du côté des finances publiques, les dépenses budgétaires devraient s’établir à 16 794,61 milliards de dinars en 2025, soit une hausse de 9,9% par rapport à l’année précédente. Les recettes budgétaires, quant à elles, devraient s’améliorer de 3,5% en 2025 par rapport aux prévisions de 2024, pour atteindre 8 523,06 milliards de dinars, grâce notamment à une progression de 9% des recettes fiscales. Le PLF 2025 comprend aussi de nouvelles mesures visant à soutenir le pouvoir d’achat du citoyen et l’amélioration de son cadre de vie d’une part, et la promotion de l’investissement et l’appui à l’économie nationale d’autre part, et dont la proposition d’autoriser le Trésor public à émettre des titres « Sukuk souverains », permettant aux personnes physiques et morales de participer au financement des infrastructures et/ou des équipements publics marchand de l’Etat. Il est aussi question d’autoriser les banques d’accorder, en sus des crédits immobiliers, des crédits à la consommation aux ménages pour l’achat de biens et des services, notamment dans le domaine de la santé et les voyages.
Samir Benisid