Opéra d’Alger: « Tahaggart… l’Epopée des sables » fait revivre l’Histoire
Un événement artistique exceptionnel se prépare à l’Opéra d’Alger. La création « Tahaggart… l’Epopée des sables » va transporter dès demain soir le public au cœur des moments les plus intenses de la résistance algérienne contre la colonisation française.
Cette production ambitieuse, portée par l’Office Riadh El Feth (OREF), s’inscrit dans le cadre des commémorations du 70e anniversaire du déclenchement de la glorieuse Guerre de libération. Plus qu’un simple spectacle, c’est un véritable voyage historique qui s’apprête à être dévoilé. Sous la direction artistique de Faouzi Benbrahim, l’œuvre est le fruit d’un travail de titan. Depuis le mois d’août dernier, une campagne de casting sans précédent a sillonné les 58 wilayas du pays, à la recherche des talents capables de donner vie à cette fresque historique unique. Les répétitions, entamées en octobre, ont permis de ciseler chaque détail de cette création. Le titre « Tahaggart », choisi avec soin, est emprunté au dialecte targui et signifie « libre ». Un mot-symbole qui résonne comme un manifeste de liberté, rappelant la lutte incessante des Algériens contre la domination coloniale. Écrit par Ali Abdoun, le spectacle est une ode aux résistances populaires du grand Sud, ces moments où le peuple s’est dressé avec courage contre l’occupation française.
Pendant 65 minutes intenses, les spectateurs seront transportés dans un voyage à travers le temps et l’espace. Un conteur, figure traditionnelle porteuse de mémoire, apportera la touche patrimoniale indispensable. Des techniques scéniques modernes – jeux de lumière sophistiqués, chorégraphies élaborées et costumes aux connotations symboliques – donneront à l’œuvre une dimension esthétique saisissante.
La langue elle-même devient un acte de résistance. Mélange subtil et audacieux d’arabe classique et de dialecte, le texte est profondément imprégné du patrimoine algérien séculaire. Chaque mot, chaque intonation raconte une histoire de courage, de dignité et de résilience. Le spectacle dévoile les multiples tentatives d’incursion française dans le désert algérien, mettant en lumière les symboles et les figures héroïques qui ont défié l’occupant. Ce n’est pas une simple narration historique, mais un poème visuel et sonore qui fait vibrer l’âme de la résistance. Mourad Chouihi, responsable de l’OREF, souligne l’importance de cette première production épique. Un travail exceptionnel qui vise à transmettre aux nouvelles générations la mémoire vivante de la résistance, ces moments où l’histoire se construit dans la douleur et l’espoir. Le metteur en scène Faouzi Benbrahim explique l’ambition du projet : donner une âme esthétique et créative à des faits historiques, en alliant la rigueur documentaire à la puissance symbolique de la légende. L’objectif est de créer un récit qui dépasse la simple commémoration pour devenir une expérience artistique totale. « Tahaggart » n’est pas qu’un spectacle, c’est un acte de mémoire. Une invitation à se souvenir, à comprendre et à honorer ceux qui ont combattu pour la liberté. Un récit qui rappelle que l’histoire ne s’écrit pas seulement dans les livres, mais aussi sur les scènes qui la font vivre et résonner. Le rendez-vous est pris. Demain soir, à l’Opéra d’Alger, le sable du désert racontera ses légendes de résistance. Un moment unique où l’art devient le gardien d’une mémoire indomptable, où chaque mouvement, chaque son, chaque lumière rendra hommage aux héros méconnus du grand Sud. Un spectacle qui promet d’être bien plus qu’une simple représentation : une véritable expérience émotionnelle et historique.
Mohand Seghir