Culture

Industrie cinématographique : Une feuille de route en 20 points

Vingt mesures concrètes pour révolutionner le cinéma algérien. C’est le défi ambitieux que vient de relever une équipe d’experts internationaux dont les conclusions pourraient bien transformer radicalement le paysage audiovisuel national.

Le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, n’a pas caché son enthousiasme face aux résultats d’une étude menée d’avril à juin par quatre spécialistes de renom suivant les recommandations des assises nationales du cinéma. « Ces résultats constituent une véritable feuille de route qui sera adoptée prochainement, compte tenu de son réalisme et de sa méthodologie », a déclaré le ministre à l’occasion de la présentation, au Palais de la Culture « Moufdi Zakaria », des résultats de cette étude. L’ambition est claire : rattraper le retard accumulé et « fonder une industrie cinématographique qui soit bénéfique à l’Algérie sur tous les plans ». Cette étude collaborative réunissant Mohamed Tayeb Laggoune et Farid Merabet côté algérien, Olivier Zegna Rata pour la France et Giacomo Mazzone pour l’Italie, s’inscrit dans la continuité des Assises nationales du cinéma tenues en janvier sous le patronage du président de la République Abdelmadjid Tebboune. Son approche méthodologique tranche avec les rapports bureaucratiques habituels. Le ministre a souligné que cette étude « se distingue par un haut niveau d’efficacité, dans la mesure où elle analyse et décrypte avec clarté la situation globale du secteur cinématographique en Algérie, permettant ainsi de relever les défis et de jeter les bases concrètes d’une industrie cinématographique algérienne ». Plus qu’un simple diagnostic, l’étude propose un arsenal de mesures opérationnelles issues de « consultations larges et approfondies menées en collaboration avec des acteurs et cadres du secteur cinématographique ». Ces vingt procédures constituent selon Ballalou « une feuille de route, du fait qu’elles reposent sur des plans pratiques et réalistes », une approche pragmatique qui contraste avec les déclarations d’intention souvent restées lettre morte. L’urgence de la mise en œuvre transparaît dans les propos ministériels, qui insistent sur « l’impératif de fonder une industrie cinématographique qui soit bénéfique à l’Algérie sur tous les plans » et la nécessité d’appliquer ces propositions « dans les plus brefs délais ». Cette volonté politique affichée s’accompagne d’une vision globale du secteur, intégrant aussi bien les aspects créatifs que les dimensions économiques et technologiques. L’ouverture de complexes cinématographiques au sein des centres commerciaux répond à une demande pressante du public algérien, longtemps privé de salles modernes et accessibles. Cette mesure s’accompagne d’un volet formation pluridisciplinaire, reconnaissant que la qualité des productions dépend autant des compétences techniques que de la créativité artistique. La question du financement, talon d’Achille historique du cinéma algérien, fait l’objet d’une attention particulière avec l’activation et la répartition des fonds de soutien au niveau local, facilitant l’accès aux aides pour les porteurs de projets cinématographiques. Cette décentralisation financière s’accompagne d’une diversification des sources de financement et de l’instauration d’incitations fiscales au profit du secteur privé, une approche qui reconnaît l’importance de l’investissement privé dans le développement culturel. L’étude propose également la création de commissions spécialisées selon les genres cinématographiques pour accompagner les projets, une professionnalisation qui devrait permettre une meilleure adaptation aux spécificités de chaque type de production. L’implication des professionnels dans les plans liés au secteur garantit une approche bottom-up, rompant avec les décisions verticales souvent déconnectées des réalités de terrain. La dimension technologique n’est pas oubliée avec le soutien aux start-up développant des technologies dédiées au cinéma, une mesure qui inscrit l’industrie algérienne dans l’ère numérique. Cette modernisation s’accompagne d’une ouverture internationale avec la promotion de projets cinématographiques étrangers, favorisant les coproductions et les échanges créatifs. La dynamisation des relations entre télévision et cinéma répond à une logique de synergie médiatique, reconnaissant que ces deux secteurs peuvent s’enrichir mutuellement. Cette approche transversale se concrétise également par la mise en place de cellules d’appui au cinéma au sein du ministère du Tourisme, une initiative qui souligne le potentiel économique et touristique de l’industrie cinématographique. Cette feuille de route ambitieuse arrive à un moment charnière où l’Algérie cherche à diversifier son économie et à valoriser son patrimoine culturel. Le cinéma, longtemps considéré comme un secteur marginal, retrouve ainsi sa place légitime dans les priorités nationales, porté par une vision politique claire et des moyens concrets d’action.

Mohand Seghir

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