Maroc, plaque tournante mondiale du trafic de stupéfiants
Le trafic de cannabis marocain constitue aujourd’hui une menace sanitaire et sécuritaire majeure pour l’ensemble de l’Europe et de l’Afrique du Nord, révélant un système criminel à dimension internationale dont les ramifications s’étendent bien au-delà des frontières du royaume chérifien. La récente saisie de 500 kg de résine de cannabis à Lyon par l’Office anti-stupéfiants français illustre parfaitement l’ampleur préoccupante de ce phénomène criminel qui transforme progressivement le Maroc en véritable plaque tournante mondiale du trafic de stupéfiants.
Les données officielles de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) sont sans appel : le Maroc produit désormais 40% du haschich mondial et près de 80% du haschich européen, avec une production estimée à 901 tonnes en 2022, plaçant le royaume au sommet du trafic international. Cette situation résulte d’une stratégie de tolérance tacite où les autorités marocaines, qui ont historiquement laissé se développer une économie souterraine de trafic de cannabis notamment dans le Rif maintenu dans la précarité économique et sociale. Un trafic dont les revenus servent aussi à financer un système de corruption généralisé et une multitude d’activités illégales qui sous-tendent les pressions et chantage exercés par le régime du Makhzen afin de servir ses ambitions expansionnistes et colonialistes Les conséquences de ce trafic dépassent largement les aspects économiques locaux pour devenir un enjeu géopolitique majeur. Les réseaux criminels marocains ont développé des connexions transnationales sophistiquées, utilisant des moyens de transport variés – camions, bateaux, et même récemment des aéronefs sans pilote comme l’a révélé le démantèlement d’un réseau par la police espagnole. Ces filières criminelles ne se limitent pas au cannabis mais s’étendent aux drogues dures, créant un écosystème criminel particulièrement dangereux.
L’ONUDC alerte spécifiquement sur la progression inquiétante de ces réseaux dans l’espace sahélien, où la résine marocaine devient un vecteur majeur de déstabilisation. Les pays du Sahel sont désormais des zones de transit et de distribution stratégiques, amplifiant les risques sécuritaires régionaux. Ce trafic finance potentiellement des groupes armés, contribue à la déstructuration sociale et économique de territoires déjà fragilisés et représente une menace directe pour la stabilité de toute la région. Des données des pays du Sahel montrent que « la résine de cannabis trafiquée dans la région provient généralement du Maroc où une augmentation de la production a été signalée, atteignant environ 901 tonnes en 2022 », a précisé le rapport, relevant que cette drogue est « généralement destinée aux pays d’Europe occidentale et du Nord ». La demande mondiale explosant, les zones de culture du cannabis au Maroc se sont en effet étendues, ces dernières années, notamment au rif où la survie de milliers de personnes dépend de cette activité. En 20 ans, la région avantageusement située aux portes de l’Europe, est devenue son « grenier à kif ».
Les profits générés sont colossaux, estimés à plusieurs milliards d’euros annuellement, alimentant des réseaux de corruption complexes. Des chercheurs européens ont démontré comment ces revenus illicites infiltrent progressivement les structures économiques et administratives, créant un système où le trafic devient quasiment une économie parallèle structurée. La saisie de Lyon, évaluée à plus de 4 millions d’euros, ne représente qu’une infime partie d’un trafic beaucoup plus massif.
Salim Amokrane