L’Algérie plaide pour une interdiction totale des essais nucléaires : Un engagement fort
L’Algérie, forte d’une histoire marquée par les traumatismes nucléaires, se pose aujourd’hui comme un acteur diplomatique majeur dans la lutte contre les essais et la prolifération des armes atomiques. Cette position trouve récemment une illustration concrète lors de la visite de Robert Floyd, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), qui a été reçu hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Au cœur des échanges diplomatiques, l’engagement historique de l’Algérie contre les essais nucléaires transparaît clairement. Robert Floyd, à l’issue de son audience présidentielle, a souligné avec force la position algérienne. « J’ai eu l’immense honneur de rencontrer Monsieur le président de la République avec lequel j’ai évoqué le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le partenariat avec l’Algérie », a-t-il déclaré. Plus significativement, il a rapporté que le président Tebboune a « réaffirmé l’engagement fort de l’Algérie en faveur d’un monde sans essais nucléaires et exempt d’armes nucléaires ».
Floyd a particulièrement insisté sur la dimension historique de cet engagement. « Il est clair que l’engagement de Monsieur le président émane de ce que l’Algérie a subi dans son histoire, ses terres ayant fait l’objet de 17 essais nucléaires », a-t-il expliqué, établissant un parallèle personnel avec son propre pays, l’Australie, qui a également subi 12 essais nucléaires. Cette reconnaissance des souffrances historiques confère à l’engagement algérien une profondeur et une légitimité particulières, qui renforce l’engagement dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires, tout en aspirant au développement des applications pacifiques et civiles des technologies nucléaires. Une vision mise en avant d’ailleurs par le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab. À l’ouverture d’un atelier sur les technologies du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), qui coïncide avec la visite de M. Floyd, Arkab a clairement affirmé que « l’Algérie a toujours soutenu les efforts internationaux visant à limiter la prolifération des armes nucléaires, à renforcer le désarmement nucléaire et à promouvoir la compréhension internationale dans les domaines de la sécurité et de la paix ». Concrètement, l’Algérie a signé le traité du TICEN le 15 octobre 1996 et a déposé ses instruments de ratification le 11 juillet 2003. Cette démarche s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large de promotion de la paix nucléaire. Le pays a notamment été pionnier dans l’adoption du traité de Pelindaba, établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, et fut l’un des premiers pays africains à ratifier ce traité.
La dimension technique de cet engagement se manifeste également par la création d’un Centre national de données, dont le nouveau siège a été inauguré récemment. Ce centre, placé sous l’autorité du Commissariat à l’énergie atomique, constitue le point de contact principal avec l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Pour Arkab, « l’élimination totale des armes nucléaires constitue la seule garantie absolue contre leur utilisation ou la menace de leur utilisation ». Cette conviction se traduit par une participation active aux mécanismes internationaux de non-prolifération. Le système de surveillance international, composé de 321 stations de surveillance et 16 laboratoires nucléaires spécialisés, bénéficie du soutien constant de l’Algérie. La coopération technique avec l’OTICE représente un axe stratégique majeur. Les délégations algériennes participent régulièrement aux sessions de l’Organisation, réaffirmant leur attachement à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. L’atelier sur les technologies du TICEN pour les centres de données nationaux des pays arabophones illustre cette volonté de coopération régionale. Il vise à partager les connaissances et les expériences, renforçant ainsi les capacités techniques des pays participants.
L’Algérie se présente ainsi non seulement comme une victime historique des expérimentations nucléaires, mais surtout comme un acteur diplomatique majeur de la lutte contre la prolifération atomique, combinant engagement politique, expertise technique et vision humaniste pour un désarmement global.
Hocine Fadheli