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Compétitivité, industrie militaire, intégration industrielle et financements bancaires : 2022, année de la réforme

Les grandes entreprises économiques devront adopter une approche intégrée, à travers l’exploitation des opportunités.

Le Premier ministre et ministres des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a présidé hier l’ouverture de la Foire de la production algérienne qui se tient jusqu’au 25 décembre au Palais des expositions de la Safex à Alger. La FPA est d’ailleurs l’événement économique majeur de l’année, et le chef de l’Exécutif a tenu à faire de cette ouverture l’occasion pour dévoiler les grandes lignes du plan d’action du gouvernement pour booster la production nationale et l’orienter vers l’export. Modernisation du système bancaire et financier afin de mieux accompagner les opérateurs économiques, levée des contraintes, partenariat public-privé, intégration industriel et compétitivité des entreprises, le Premier ministre a mis en avant la nécessité d’opter pour une approche intégrée pour promouvoir le produit national et l’orienter à l’export. Car la vision est claire, la modernisation et la diversification de l’économie nationale passe par l’entreprise nationale. Une vision affichée par le président de la République, Abdelmadjid lors de sa dernière rencontre avec les médias et lors de la Conférence nationale sur la relance industrielle tenue au début du mois. Une approche qui devra présider aux réformes structurelles qui concerneront l’économie nationale et qui seront au cœur de l’action du Gouvernement en 2022 pour concrétiser les engagements du président de la République.

Un premier excédent commercial depuis 2015

D’ailleurs, les changements opérés au cours des derniers mois afin de limiter l’impact de la crise économique mondiale induite par la propagation du coronavirus et pour redresser la barre et absorber les effets de la gestion chaotique de l’économie nationale par le régime déchue, commence d’ores et déjà à donner ses fruits. Ainsi, le Premier ministre et ministre des Finances a fait savoir hier que « grâce à la maîtrise du marché national, nous avons pu réaliser, au 30 novembre dernier, des chiffres inimaginables par le passé » citant en exemple la balance commerciale qui a enregistré un excédent d’1,04 milliard USD. Une première depuis 2015. Aïmene Benabderrahmane explique d’ailleurs que ce chiffre met en évidence l’augmentation des exportations hors hydrocarbures à 4,5 milliards USD, parallèlement aux mesures de maîtrise et de rationalisation des importations. 

 Un bon début pour un processus de changement qui devra passer par des changements profonds dans les modes de gouvernance et de fonctionnement de l’économie. 

C’est ainsi que le Premier ministre a indiqué hier que les grandes entreprises économiques devront adopter une approche intégrée, à travers l’exploitation des opportunités offertes dans les différentes filières de la production nationale, y compris les industries militaires et les micro-entreprises. Les entreprises algériennes ont des potentialités importantes que les grandes entreprises économiques devraient exploiter, au titre d’une vision complémentaire intégrée » a-t-il expliqué lors d’une visite au niveau du stand de la Sonatrach où il a ajouté que ces derniers, à l’instar de Sonatrach, Sonelgaz et Air Algérie sont des entreprises citoyennes qui devraient inscrire au titre de leurs priorités, la création d’emploi, en investissant le marché national de la sous-traitance, la micro-entreprise et les différentes sociétés algériennes leaders dans le domaine des technologies. Mais, jusque-là, déplore-t-il,  « J’ai constaté que chaque entreprise travaillait à titre individuel, bien qu’il existe des entreprises locales sur lesquelles l’on peut compter, il suffit de visiter cette foire pour connaître leur potentiel important ».

Industrie militaire comme locomotive

Le chef de l’Exécutif a également insisté sur l’apport de l’industrie militaire, susceptible d’être la locomotive du développement industriel national. Il a ainsi souligné l’importance de la complémentarité entre les industries militaire et civile. Cette complémentarité porterait les niveaux d’intégration nationale à des taux très élevés, dépassant les 65% pour certains produits, ce qui signifie la création de milliers d’emplois à travers le pays. Aïmene Benabderrahmane a dans ce contexte appelé les responsables des industries militaires à l’élaboration d’un guide exhaustif des produits de ce secteur.Il a estimé que l’élaboration d’un tel guide aiderait à faire connaitre les produits du secteur des industries militaires et permettrait au reste des opérateurs d’en bénéficier. Lors d’une rencontre avec des représentants des filières de la Direction des Industries Electroniques du ministère de la Défense Nationale, M. Benabderrahmane a appelé à relever le défi de la fabrication d’une puce électronique algérienne. A cet égard, il a estimé que tous les facteurs nécessaires sont disponibles compte tenu de la taille du marché, où le volume de la consommation dépasse trois fois le niveau des besoins réels, outre la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée et la maîtrise des technologies. « Nous devons placer la barre très haut et redoubler d’effort pour atteindre les objectifs dans des délais fixés », a-t-il déclaré. Il a également mis en avant la nécessité de tirer profit de la taille importante du marché local, ainsi que des accords et zones de libre-échange auxquelles fait part l’Algérie, en particulier la zone de libre échange africaine (ZLECAf).

Compétitivité Vs protectionnisme

Le Premier estime cependant que les entreprises algériennes devront être préparées à la compétition et arracher leur place sur les marchés. C’est ainsi qu’il a prôné le changement d’approche dans le volet de la protection du produit national et a précisé que les entreprises algériennes devront, à l’avenir, opter pour la fabrication de produit concurrentiels pouvant faire face à la rude concurrence au niveau national et international au lieu de continuer à compter sur les mesures protectionnistes. Toutes les entreprises devraient posséder, ajoute-t-il, en leur sein, des centres de recherches dont la mission est d’améliorer la qualité des produits fabriqués. La main-d’œuvre qualifiée dont dispose l’Algérie ainsi que l’abandon par des pays européens de certaines industries à cause de la hausse des prix de l’énergie sont, ajoute le premier ministre, des facteurs qui devraient constituer des opportunités pour les entreprises algériennes. D’un autre côté, les entreprises nationales devront bénéficier de l’accompagner adéquat, notamment en matière de financement bancaire. Dans ce sens, Aïmene Benabderrahmane a affirmé que les « banques doivent accompagner les projets productifs disposant d’une grande capacité de substituer les importations par des produits locaux et ceux destinés à la promotion de la capacité d’exportation ». « Nous avons constaté une évolution positive en termes de maitrise de l’étude des dossiers de prêts, reconnue par les opérateurs mêmes, et nous souhaitons davantage de rapidité dans le traitement des dossiers notamment pour les projets productifs », a-t-il déclaré. Le Premier ministre a tenu , dans ce sens, à féliciter certaines banques étudiant les dossiers de crédits dans un délai n’excédant pas un mois, exhortant les autres banques à respecter ce délai en vue de faciliter la concrétisation de projets devant booster l’économie nationale.

Agroalimentaire : Une marge de 20%

Au niveau des stands réservés à la production agroalimentaire, le premier ministre a estimé que les fruits et légumes devraient être accessibles à toutes les bourses des Algériens à des prix abordables, préconisant ainsi un effort supplémentaire pour la maîtrise de la chaîne de vente. Pour relever ce défi, il faut maitriser la chaîne de distribution allant du paysan jusqu’au consommateur final, en ce que la marge bénéficiaire ne doit pas excéder 20 % sur toute la chaîne, a fait savoir le Premier ministre.  Visitant le pavillon de la chambre nationale d’agriculture, M. Benabderrahmane a relevé la nécessité pour tous les acteurs de ce secteur de redoubler leurs efforts de façon à approvisionner les marchés en fruits et légumes et viandes rouges et blanches « à des prix raisonnables ». Au regard de la hausse sensible des matières premières importées due aux répercussions de la pandémie de la COVID-19 sur la chaîne logistique, les opérateurs locaux sont invités à augmenter leurs niveaux de production agricole à des prix raisonnables, d’autant que la sécurité alimentaire figure parmi « les priorités ». Ainsi, le Premier ministre a appelé particulièrement les distributeurs à « la rigueur » et à être « des éléments positifs » dans le marché.

Kamel Nait Ameur

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