Attaf avertit : Le Sahel nouvel épicentre du terrorisme mondial !
Dans une intervention marquante devant le Conseil de sécurité de l’ONU à New York, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a dressé un tableau alarmant de la situation sécuritaire en Afrique, particulièrement dans la région du Sahel. Présidant la réunion ministérielle consacrée à « la lutte contre le terrorisme en Afrique » sur mandat du président de la République Abdelmadjid Tebboune, dans le cadre de la présidence algérienne du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, le chef de la diplomatie algérienne a étayé hier son propos par des statistiques édifiantes. « Les dernières statistiques démontrent que l’épicentre mondial du terrorisme s’est déplacé vers la région du Sahel, une région qui représente actuellement, à elle seule, 48% des décès liés au terrorisme dans le monde, contre 1% en 2007 », a-t-il affirmé, soulignant l’ampleur de cette évolution dramatique. Le ministre a poursuivi son analyse en révélant que « les chiffres indiquent qu’au cours de la dernière décennie, l’Afrique a été témoin d’une augmentation profondément choquante de 400% des attaques terroristes avec une augmentation de 237% des décès dus au terrorisme ». Plus préoccupant encore, il a précisé que « au cours des neuf premiers mois de l’année 2024, l’Afrique a été frappée par plus de 3.200 attaques terroristes faisant plus de 13.000 morts ». Cette situation paradoxale où la menace terroriste diminue dans d’autres régions du monde mais augmente de façon exponentielle sur le continent africain constitue un signal d’alarme pour la communauté internationale. Dans un entretien accordé dimanche à la chaîne Al24 News, Ahmed Attaf a développé son analyse en identifiant quatre tendances majeures qui caractérisent l’évolution de la menace terroriste en Afrique. Il a notamment mis en lumière le renforcement des capacités opérationnelles des groupes terroristes, au point qu’il devient plus approprié de parler « d’armées terroristes » que de simples groupes, compte tenu de leurs effectifs croissants. Le ministre a également souligné la sophistication croissante de leur armement, avec l’acquisition d’équipements militaires avancés, ainsi que leur maîtrise accrue des tactiques et stratégies militaires. Cette évolution inquiétante est d’autant plus préoccupante qu’elle s’accompagne de liens croissants entre les groupes terroristes et les réseaux du crime organisé, notamment dans le trafic de migrants. Le ministre a particulièrement insisté sur la problématique du paiement des rançons pour la libération d’otages, qui contribue à alimenter les ressources de ces groupes. Dans ce contexte, l’Algérie occupe une position particulière, forte de sa propre expérience dans la lutte antiterroriste. Comme l’a rappelé le ministre Attaf dans son intervention au Conseil de sécurité, l’Algérie a dû faire face seule au terrorisme à une époque où le monde avait choisi de détourner le regard. Cette expérience confère aujourd’hui au pays une légitimité particulière dans la lutte contre ce fléau au niveau continental. Cette légitimité est renforcée par le mandat spécial confié au président Tebboune par ses homologues africains, faisant de lui le porte-parole du continent en matière de lutte contre le terrorisme. Cette responsabilité prend une dimension particulière alors que l’Algérie préside le Conseil de sécurité et organise cette session ministérielle spécifiquement consacrée au terrorisme en Afrique. La gravité de la situation est corroborée par les observations d’autres instances internationales. En août dernier, Vladimir Voronkov, chef du Bureau des Nations Unies de la lutte contre le terrorisme, alertait déjà sur l’expansion continue des groupes terroristes affiliés à Daech en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Il soulignait notamment les progrès territoriaux de la province ouest-africaine de l’État islamique et de l’État islamique dans le Grand Sahel, mettant en garde contre le risque de voir « un vaste territoire s’étendant du Mali au nord du Nigéria » tomber sous leur contrôle effectif. L’initiative algérienne de « braquer les projecteurs à nouveau sur ce fléau en Afrique » apparaît donc particulièrement opportune. La « présence très encourageante des ministres des Affaires étrangères africains » à cette session témoigne de la prise de conscience collective de l’urgence de la situation. Face au désengagement relatif de la communauté internationale, l’Algérie assume ainsi un rôle de premier plan dans la mobilisation contre cette menace croissante. Cette mobilisation s’inscrit dans une approche globale qui prend en compte non seulement les aspects sécuritaires mais aussi les dimensions socio-économiques et politiques de la lutte contre le terrorisme. L’expérience algérienne démontre en effet l’importance d’une approche multidimensionnelle, combinant mesures sécuritaires, développement économique et réconciliation nationale. Dans le contexte actuel de multiplication des crises internationales, l’initiative algérienne vise à maintenir la lutte contre le terrorisme en Afrique parmi les priorités de l’agenda international, consciente que la stabilité du continent africain est intimement liée à la sécurité mondiale.
Hocine Fadheli