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Le Président Tebboune accorde une interview à l’Opinion:  » L’Algérie sera un pays émergent » en 2027

Le président de la République  Abdelmadjid Tebboune s’est longuement confié au quotidien français L’Opinion dans un entretien couvrant de nombreux sujets d’actualité, des relations franco-algériennes aux perspectives économiques du pays, en passant par les questions régionales et internationales. Dans cette interview publiée le 2 février 2025, le chef de l’État algérien livre sa vision des relations entre Alger et Paris, marquées par des tensions persistantes, tout en affichant son optimisme quant à l’avenir économique de son pays.

Le président Tebboune affiche une grande confiance dans le développement économique de son pays. « Si Dieu le permet, peut-être dans deux ans maximum, l’Algérie sera un pays émergent du niveau des pays du Sud de l’Europe avec un PIB de plus de 400 milliards de dollars », prédit-il. Pour étayer cette projection, il détaille les grands chantiers en cours : « Début 2027, tout au plus, nous aurons achevé la construction de notre programme de 3,5 millions de logements -deux millions sont déjà livrés-, nous en aurons aussi terminé avec le problème de l’eau et nous aurons réduit l’importation de matières premières pour nos usines. » Le président algérien insiste sur la diversification économique en cours : « Notre objectif est de fabriquer le maximum de produits sur place. Nous allons être parmi les plus grands pays exportateurs de phosphates et dérivés. Nous allons aussi développer l’énergie solaire et la production d’hydrogène vert, une nouvelle ressource qui renforcera l’attractivité industrielle de l’Algérie. »

Nous perdons du temps avec Macron

Les relations franco-algériennes occupent une place importante dans l’entretien. Le président Tebboune déplore un « climat délétère » avec Paris : « Nous perdons du temps avec le président Macron. Nous avions beaucoup d’espoirs de dépasser le contentieux mémoriel. » Il pointe du doigt les « déclarations hostiles tous les jours de politiques français » qui contribuent à la détérioration des relations bilatérales. Le chef de l’État algérien balaie également la question des aides françaises au développement : « C’est de l’ordre de 20 à 30 millions par an. Le budget de l’État algérien est de 130 milliards de dollars et nous n’avons pas de dette extérieure. » Il ajoute sans ambages : « Nous n’avons pas besoin de cet argent qui sert avant tout les intérêts d’influence extérieure de la France. »

Une grave erreur sur le Sahara occidental

Sur le dossier sahraoui, le président algérien critique fermement la position française. Il rapporte avoir mis en garde Emmanuel Macron lors d’une rencontre en marge du G7 à Bari : « Je l’ai alors prévenu : ‘Vous faites une grave erreur ! Vous n’allez rien gagner et vous allez nous perdre’. » Il rappelle que pour l’ONU, il s’agit d’une « question de décolonisation qui n’a toujours pas été réglée. »

Le contentieux nucléaire

Un point important de l’entretien concerne les essais nucléaires français en Algérie. Pour le président Tebboune, « le dossier de la décontamination des sites d’essais nucléaires est obligatoire sur les plans humain, moral, politique et militaire. » Il insiste : « Il ne faut pas mettre la poussière sous le tapis et régler définitivement ces contentieux. » Le chef de l’État rappelle également la question des « armes chimiques utilisées à Oued Namous », évoquant son expérience personnelle : « Au tout début des années 1970, pratiquement toutes les semaines, nous avions des plaintes d’éleveurs relatives à la mort de leurs bêtes. »

Partenariats internationaux diversifiés

Le président Tebboune met en avant la diversification des partenariats de l’Algérie, notamment avec la Chine et l’Italie. Concernant la coopération sino-algérienne, il indique que « les Chinois s’intéressent à de nombreux secteurs d’activité : des technologies de pointe à l’électronique en passant par le numérique, les batteries au lithium puisqu’on dispose de cette matière première. » Quant à l’Italie, il la qualifie de « partenaire très fiable », soulignant que « nos amis italiens sont de bonne foi. On s’aide réciproquement et l’Italie renforce ses positions économiques chaque année. » Pour ce qui est des relations avec les Etats-Unis, le président de la République a estimé qu’elles étaient « restées bonnes avec tous les différents présidents américains, qu’ils soient démocrates ou républicains ». « Lorsque j’ai été élu en 2019, (Donald Trump) m’a envoyé une lettre pour me féliciter quelques heures après les résultats, quand le président (français) Macron a mis quatre jours pour +prendre acte+ de mon élection. Nous n’oublierons jamais, non plus, que les Etats-Unis ont introduit la cause algérienne à l’ONU », a-t-il conclu.

Position sur les questions internationales

Sur la scène internationale, le président algérien aborde la question palestinienne avec fermeté : « Notre seule préoccupation, c’est l’instauration de l’État palestinien. » Il affirme que l’Algérie normalisera ses relations avec l’entité sioniste « le jour même où il y aura un État palestinien. » Concernant le conflit en Ukraine, il révèle avoir tenté une médiation : « Quand je suis allé voir Vladimir Poutine en Russie en juin 2023, Emmanuel Macron m’a dit de voir si je pouvais tenter quelque chose pour la paix. Le président russe m’a aussi donné son feu vert. Il était prêt à dialoguer, mais Volodymyr Zelensky n’a pas répondu. »

S’agissant de la situation au Sahel, le président de la République a déploré le fait que « les Etats du Sahel, comme beaucoup d’autres pays africains, (n’aient) pas réussi à construire des institutions solides et plus résilientes ». Concernant le Mali, il a indiqué que l’Algérie avait un plan de développement pour le nord du pays qu’elle était prête à financer « à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars ». De même qu’elle était disponible à rassembler les signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, dénoncé l’année dernière par Bamako, selon lui, assurant que « l’Algérie ne cherche pas à administrer le Mali que nous considérons comme un pays frère pour lequel notre main sera toujours tendue ». Le président de la République a exprimé, par ailleurs, son soutien à son homologue tunisien Kaïs Saïed « qui a remis les pendules à l’heure en restaurant le régime présidentiel qu’a connu la Tunisie depuis son indépendance ». « La Tunisie n’a pas de sérieux problèmes en dehors d’un endettement et d’une croissance faible. Nous l’aidons autant que l’on peut parce que c’est un excellent voisin qui a subi les bombardements de l’aviation coloniale à cause de son soutien à la Guerre d’indépendance algérienne », a-t-il dit. C’est un pays qui « mérite d’être soutenu, le temps de passer cette conjoncture difficile », a-t-il ajouté. Concernant la Syrie, le président de la République a rappelé avoir voulu, au sommet de la Ligue arabe à Alger en 2022, réintroduire la Syrie au sein de l’instance. « Deux pays s’y sont opposés alors qu’ils ont invité le président Bachar el Assad au sommet suivant à Riyad. Il n’y a pas toujours de solidarité dans le monde oriental. Pour le reste, nous avons toujours parlé à l’ex-président syrien tout en étant ferme avec lui. Nous n’avons jamais accepté les massacres contre son peuple », a-t-il poursuivi.

« Je respecte la Constitution »

Sur le plan de la politique interne, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a affirmé ne pas avoir l’intention de s’éterniser au pouvoir au terme de son second mandat et qu’il respectera la Constitution. A mon arrivée, il a fallu reconstruire les institutions dans un laps de temps très court. La crise sanitaire a ajouté son lot de difficultés (et) malgré cela, nous avons tenu nos engagements et avons révisé la Constitution », a indiqué le président de la République. Il a précisé que « ce second mandat est celui du parachèvement des grands chantiers lancés depuis 2020 », relevant que: « nous sommes passés par des phases difficiles -la décennie noire, la fin du mandat du président Bouteflika suivie du hirak-, qui auraient pu détruire le pays ».

Hocine Fadheli

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