Arts plastiques : Des créateurs à besoins spécifiques exposent leurs œuvres à Alger
Une exposition collective mettant en avant les œuvres d’arts plastiques de créateurs à besoins spécifiques, a été inaugurée mardi à Alger par le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou. Accueillie au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, cette exposition réunit une vingtaine d’artistes autodidactes, en situation de handicap physique, mental ou cognitif, qui participent avec des œuvres émouvantes qui montrent leur « génie créatif » et remettent en question certaines « idées reçues » sur leur handicap. Saisissantes, délicates, émouvantes ou encore provocatrices, les œuvres présentées explorent des univers différents et des thèmes inspirés du vécu quotidien de ces jeunes créateurs, résolument déterminés à surmonter leurs infirmités physique, mentale ou cognitive. Quand l’art transcende les limites : des créateurs singuliers à Alger Chaque tableau, chaque sculpture dialogue avec nos représentations, défiant les stéréotypes sur le handicap. Hassina Zahaf, touchée par une infirmité cérébrale motrice, propose des portraits de femmes aux contours déformés qui interrogent notre perception de la beauté. Ses toiles dévoilent des êtres anonymes – une musicienne au violon, un couple enlacé – dont les silhouettes bouleversent nos certitudes esthétiques. Nourredine Charabi, artiste peignant exclusivement avec ses pieds, sublime les paysages algériens et les monuments historiques avec une précision et une sensibilité déconcertantes. « Cette exposition permet aux personnes à besoins spécifiques d’accéder au monde de l’art », souligne le ministre, confirmant que la culture transcende les frontières physiques et mentales. Chaque œuvre devient ainsi un manifeste, un récit personnel qui bouscule nos schémas préétablis. Imane Haddad explore la féminité à travers des roses et des portraits, tandis que Ratiba Ait Chafaa, Dokman, Kenza Bourenane et Ghedjati Mustapha enrichissent ce dialogue artistique de leurs univers singuliers. La présence du calligraphe Mohamed Cherifi, célèbre pour avoir écrit le Saint Coran et conçu des billets de banque, ajoute une dimension patrimoniale et symbolique à l’événement. Son atelier de calligraphie arabe prolonge cette célébration de la diversité créative, rappelant que l’art est un langage universel qui transcende les différences. Pour Zouhir Ballalou, cette exposition incarne plus qu’un simple événement culturel : elle représente un « rôle important » dans le renforcement de la diplomatie culturelle. Les œuvres exposées deviennent des ambassadrices silencieuses, racontant des histoires de génie créatif, de détermination et d’humanité. Des ateliers parallèles – calligraphie, sculpture sur bois, utilisation de matériaux recyclés – prolongent cette dynamique, offrant des espaces d’échange et de transmission. Jusqu’au 20 février, la galerie Baya devient ainsi un territoire de dialogue, où chaque création repousse les frontières de notre perception. Cette exposition n’est pas une vitrine du handicap, mais une célébration de la créativité humaine dans toute sa diversité. Elle nous invite à regarder différemment, à écouter ces voix artistiques qui nous parlent de résilience, de beauté et de dépassement de soi. Un manifeste visuel qui rappelle que l’art, par essence, ne connaît pas de limites.
M.S.