Des contrats de performance pour booster les exportations
Le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, a présidé hier une réunion du Conseil national consultatif pour la promotion des exportations, au cours de laquelle ont été présentés plusieurs exposés sectoriels concernant les exportations hors hydrocarbures durant la période écoulée, ainsi que les prévisions pour l’année 2025 ventilées par secteur.
Le Conseil a examiné une série de propositions et de mesures visant à multiplier les exportations hors hydrocarbures, notamment dans les filières essentielles telles que les produits pétrochimiques et miniers, les produits agricoles et alimentaires, les produits pharmaceutiques, ainsi que les produits industriels, sans oublier la promotion de l’exportation des services. Cette réunion s’inscrit dans la continuité des directives du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a fixé un objectif ambitieux de 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures à l’horizon 2030. Un défi de taille quand on sait que ces exportations ont atteint 5,6 milliards de dollars en 2023, partant d’un peu plus de 1,5 milliard de dollars en 2019. Lors de cette réunion, il a été demandé d’élaborer des plans sectoriels et des programmes précis, en plus de conclure des contrats de performance avec les opérateurs économiques pour atteindre les objectifs fixés.
Il faut dire que des plans d’action ont d’ores et déjà été engagés au niveau de certains départements afin d’accompagner les exportateurs et leur ouvrir de nouvelles opportunités notamment sur le marché africain. C’est dans ce contexte que le ministre de l’Industrie pharmaceutique, M. Ouacim Kouidri, a mis en exergue samedi les efforts de son secteur pour contribuer à l’augmentation de la valeur des exportations algériennes hors hydrocarbures. Lors d’une rencontre tenue avec la secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Affaires africaines, Mme Bakhta Selma Mansouri, il a souligné « la qualité et la demande croissante des produits pharmaceutiques algériens », précisant que « plusieurs opérateurs, publics et privés, exportent leurs produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux vers plusieurs pays africains ».
2000 exportateurs recensés
Cette dynamique d’exportation se reflète également dans l’augmentation substantielle du nombre d’exportateurs. El Houari Abdelatif, sous-directeur chargé du suivi et de l’appui des exportations au ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, a souligné il y a quelques jours lors d’une intervention sur les ondes de la Radio algérienne que le dernier recensement fait état de près de 2000 exportateurs contre seulement 200 il y a quelques années. Ces exportateurs algériens commercialisent des produits nationaux dans plus de 120 pays à travers le monde, ce qui témoigne de l’orientation actuelle vers la diversification des exportations nationales à travers une série de mesures incitatives. L’Algérie mise sur « la qualité du produit national » pour s’accaparer des parts essentiellement sur les marchés africains et arabes, en plus des marchés européens, américains et asiatiques. La diversité des produits demandés à l’étranger englobe les produits alimentaires et agricoles, notamment les olives et les dattes, les produits de l’industrie pharmaceutique et parapharmaceutique, ainsi que les électroménagers. Dans ce contexte, plusieurs opérations d’exportation vers le Royaume-Uni sont programmées, avec l’organisation prochaine d’une foire des produits algériens. Alors que les produits algériens s’orientent vers les marchés du Moyen-Orient avec la signature récente d’accords pour l’exportations de produits Made In Algeria vers l’Arabie saoudite.
Concernant le marché africain, qui représente actuellement 10% du volume global des exportations algériennes hors hydrocarbures, les autorités publiques aspirent à augmenter ce taux qui ne reflète pas encore les capacités d’exportation nationales. Cette ambition sera soutenue par les avantages et les facilités accordées aux exportateurs dans le cadre de la Zone africaine de libre-échange (Zlecaf).
Pour atteindre l’objectif des 29 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2030, le président Tebboune a préconisé « la redéfinition de la carte du commerce extérieur du pays, en tenant compte de l’intérêt national et des défis géopolitiques mondiaux, la libéralisation des exportations de certains secteurs de production, dont les capacités ont dépassé les besoins nationaux, à l’instar de l’huile, du sucre et des pâtes, et la création de bases logistiques destinées à l’exportation au niveau de tous les pôles économiques ». Il a également appelé à « l’extension du réseau bancaire algérien à l’étranger, notamment en Afrique, l’ouverture de lignes commerciales aériennes et maritimes pour renforcer le rôle pivot de l’Algérie dans la région, l’ouverture de l’investissement aux opérateurs privés et étrangers dans le domaine des réseaux de grande distribution, en plus du fait de permettre aux exportateurs d’utiliser le système d’admission temporaire pour augmenter le taux de leurs exportations de produits à haute valeur ajoutée ». La réalisation de cet objectif ambitieux passera nécessairement par l’investissement dans les secteurs économiques prometteurs, notamment l’agriculture, les industries lourdes, les industries manufacturières, l’industrie pharmaceutique, les mines, le tourisme et les services, comme l’a affirmé le président de la République. Le chemin est encore long, mais les bases d’une économie diversifiée et tournée vers l’exportation sont en train d’être solidement posées.
Samira Ghrib