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Maroc : L’impasse sociale s’aggrave

Une crise sociale et politique sans précédent secoue le Maroc, touchant des secteurs vitaux comme la santé et l’enseignement, désormais au bord de l’effondrement.

Ce climat d’instabilité persistante, marqué par des vagues de protestations qui s’intensifient à travers le pays, met en lumière l’incapacité flagrante du régime du Makhzen à apporter des réponses concrètes à la crise. La situation, déjà préoccupante depuis plusieurs mois, semble aujourd’hui atteindre un point critique, alimentant une grogne sociale généralisée que le pouvoir marocain peinent à contenir si ce ni par la répression qui s’intensifie. Le secteur de la santé, pilier fondamental du bien-être social, se trouve aujourd’hui dans une situation catastrophique, révélatrice des dysfonctionnements profonds de la gouvernance actuelle. Selon les observations recueillies auprès des acteurs du terrain, ce secteur névralgique est « au bord de l’effondrement, miné par une gestion défaillante et l’absence d’une vision réformatrice claire ». Cette détérioration progressive n’est pas le fruit du hasard mais bien la conséquence directe d’années de négligence et d’un manque criant d’investissements publics, exacerbés par des politiques improvisées et déconnectées des réalités du terrain. Face à cette situation alarmante, la coordination syndicale nationale a récemment haussé le ton, mettant en garde contre « une paralysie totale » du système de santé si aucune mesure urgente n’est adoptée. Les professionnels du secteur, en première ligne de cette crise, dénoncent quotidiennement « une réalité chaotique, marquée par des décisions improvisées et un manque flagrant de moyens ». Au cœur de cette contestation se trouve notamment l’accord de juillet 2024, un ensemble d’engagements gouvernementaux qui devait apporter des solutions concrètes aux problèmes les plus urgents, mais qui reste à ce jour « lettre morte » selon les syndicats du secteur. Ce qui frappe particulièrement dans cette crise, c’est l’attitude du ministre de tutelle qui, loin de chercher l’apaisement, « persiste dans une gestion opaque et unilatérale, excluant les partenaires sociaux pourtant essentiels à toute réforme d’envergure ». Cette approche verticale du pouvoir, caractéristique de la gouvernance actuelle, ne fait qu’accentuer les tensions et nourrir un sentiment d’abandon parmi les professionnels de santé qui se sentent méprisés et ignorés malgré leur rôle crucial dans le système. La coordination syndicale pointe également du doigt « le retard chronique dans l’application des engagements pris et la généralisation du report des décisions », y voyant « un mépris sans précédent envers les ressources humaines du secteur, déjà éprouvées par des conditions de travail précaires et des infrastructures en déliquescence ». Cette situation intenable a poussé les syndicats à placer « l’entière responsabilité de cette impasse » sur les épaules du gouvernement, accusant particulièrement le chef de l’exécutif qui « excelle dans l’art du silence » et qui « n’a pris aucune mesure concrète pour contraindre le ministère de la Santé à respecter ses engagements ».

Vers un durcissement de la protesta

Devant cette inertie, les syndicats du secteur n’hésitent plus à brandir la menace d’une escalade significative de leur mouvement de protestation, annonçant « un programme de mobilisation intensifié, incluant des actions inédites si aucune réponse satisfaisante n’est apportée dans les plus brefs délais ». Cette montée en puissance de la contestation laisse présager un durcissement du conflit qui pourrait paralyser durablement un système de santé déjà fragilisé par des années de sous-investissement chronique.

Parallèlement à cette crise sanitaire, le secteur de l’enseignement supérieur médical traverse lui aussi une période de turbulence majeure. Les enseignants des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire tirent la sonnette d’alarme face à « une détérioration préoccupante de leurs conditions de travail et de formation ». La situation est particulièrement critique dans les établissements de formation médicale où convergent plusieurs problématiques : « surpopulation estudiantine, manque criant de ressources et affaiblissement progressif des CHU face à la montée du secteur privé ». Cette dégradation des conditions d’enseignement et de formation compromet gravement l’avenir du système de santé marocain dans son ensemble, créant un cercle vicieux où la qualité de la formation des futurs professionnels se trouve directement impactée par les défaillances structurelles actuelles. Le syndicat national de l’enseignement supérieur a multiplié les alertes et adressé de nombreux courriers aux ministères concernés, mais là encore, « le gouvernement, fidèle à sa ligne de conduite, a choisi d’ignorer la crise ». L’une des illustrations les plus frappantes de cette négligence concerne les centres hospitaliers universitaires qui « perdent progressivement leur rôle central, faute d’une réforme cohérente et de la mise en œuvre des textes législatifs adoptés il y a plus de six mois ». Cette situation paradoxale, où des réformes adoptées restent inappliquées pendant que la crise s’aggrave, témoigne d’un dysfonctionnement profond de l’appareil gouvernemental, incapable de traduire ses propres décisions en actions concrètes. Ce qui se joue actuellement dans les secteurs de la santé et de l’enseignement supérieur au Maroc n’est en réalité que la partie visible d’une crise systémique plus large, affectant l’ensemble des politiques publiques du royaume. L’incapacité du gouvernement à répondre aux attentes légitimes des citoyens, couplée à une approche autoritaire et déconnectée des réalités sociales, alimente un mécontentement populaire qui ne cesse de croître. Dans ce contexte explosif, l’attitude du chef du gouvernement, qui « se contente d’observer à distance, comme s’il n’était pas concerné par l’ampleur du mécontentement populaire », ne fait qu’alimenter la grogne. Cette crise multidimensionnelle révèle les limites d’un système politique où les responsabilités semblent diluées et où la reddition de comptes reste un concept théorique. Alors que les secteurs vitaux s’enfoncent dans la crise et que le front social bouillonne, l’absence de réponses gouvernementales crédibles laisse entrevoir un horizon incertain pour le royaume. Si les autorités persistent dans leur approche actuelle, caractérisée par le déni et l’inaction, le risque d’une explosion sociale généralisée ne peut être écarté, avec des conséquences potentiellement déstabilisatrices pour l’ensemble du pays.

Lyes Saïdi

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